Manifestation contre la réforme de la santé à Rivière-du-Loup
Rivière-du-Loup – « Nous ne laisserons pas ce gouvernement détruire en trois mois ce que nous avons pris 60 ans à bâtir ! » C’est en ce termes on ne peut plus clairs que la présidente du Conseil central de la CSN Bas-Saint-Laurent, Nancy Legendre, s’est adressée aux 650 délégués de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN0 massés au carrefour giratoire devant l’Hôtel Universel de Rivière-du-Loup.
Cette manifestation avait pour but d’informer la population de la région sur les impacts qu’entrainerait la réforme mise de l’avant par le ministre de la Santé, Gaétan Barrette dans le cadre du projet de loi 10.
Comme partout ailleurs au Québec, de ce projet de loi résulterait une fusion de tous les établissements de santé pour créer, ce que Mme Legendre appelle un mastodonte. « Le plan de base du ministre est de faire disparaitre les agences de santé régionales, autrefois connues sous le nom de régies régionales de la santé. « L’heure est grave. Nous sommes sous le choc. On en est rendu à l’individualisme collectif. Nous considérons que loin de simplifier les problèmes, ça va contribuer à les amplifier », dénonce Mme Legendre.
Au Bas-Saint-Laurent, on parle de fusionner dans une seule entité les 11 établissements de santé qu’on y retrouve, ce qui dépasse l’entendement, analyse-t-elle.
PAS D'AMÉLIORATIONS, SELON LE SYNDICAT
Les citoyens de la région doivent se mobiliser pour préserver leurs services publics, poursuit-elle. « Cette réforme est d’abord et avant tout une opération bureaucratique et comptable. Nous ne verrons pas d’amélioration concrète en découler. Au contraire, on peut se demander comment les centres jeunesse et les centres de réadaptation feront pour préserver leur mission dans cette superstructure qui gravitera autour des hôpitaux. »
Le regroupement des CLSC et des CHSLD avec les hôpitaux décrété en 2003 par le premier ministre actuel, Philippe Couillard, qui était alors ministre de la Santé, est riche d’enseignement, martèle Mme Legendre. « L’hébergement de longue durée, les soins à domicile et l’accès à un médecin de famille, notamment, ne sont certainement pas sortis gagnants de ces fusions. »
Elle rappelle que le nombre de cadres n’a cessé d’augmenter et les salariés doivent rendre encore plus de comptes à encore plus d’intervenants, en remplissant encore plus de paperasse pour justifier chacun de leurs gestes professionnels.
Pour ajouter au cynisme de la situation, dénonce encore Nancy Legendre, cette réforme est annoncée alors que des compressions budgétaires drastiques sont exigées dans tous les services publics. Au Bas-Saint-Laurent, on doit s’attendre à des coupes totalisant plus de 8 M$ dans la santé et les services sociaux et le gouvernement en annonce d’autres pour l’an prochain.
LUTTER
Pourfendant le gouvernement, elle le prévient que la FSSS-CSN et la CSN prendront part activement au mouvement populaire qui s’élève contre ces politiques d’austérité. « Nous ne pouvons pas rester les bras croisés face au grand bouleversement qu’on nous annonce. Notre priorité pour la prochaine année sera de lutter contre ces politiques aux côtés de la population qui tient à ses services publics de qualité. »
Pour elle, le PLQ ne peut ignorer les inquiétudes des gens concernés et balayer du revers de la main les solutions qui lui sont proposées. « Nous allons nous faire entendre. Si dans les couloirs feutrés de l’Assemblée nationale ils n’entendent que les voix des riches et des patrons, notre mobilisation se chargera de faire résonner un autre discours auprès de nos élus ! »
Le président de la FSSS-CSN, Jeff Begley, affiche de grandes craintes dans le cas de cette fusion. « Un seul centre de santé et de services sociaux pour tout le Bas-Saint-Laurent, sur papier, ça peut sembler séduisant mais c’est extrêmement préoccupant. Les citoyens n’auront plus un mot à dire sur l’organisation des services. Les économies qu’on nous promet ne seront pas réalisées. C’est de la poudre aux yeux ! »
8 commentaires
Au prix que nous coûte le système de santé, il doit sûrement y avoir des choses à faire.
Vous qui y travaillez, sauriez-vous nous dire quoi faire plutôt que de suggérer le statu quo, un moyen de tourner en rond comme sur un carrefour giratoire?
Il y'a. Plus d'administrateur que de soldats, et dans les soldats si on n'en donnait un peu plus.
Je ne parle pas nécessairement des infirmières (iers). Faisons un examen de conscience .
Dans le privé il y'a quelques coups de pied au cu qui se seraient donnés.
Avez-vous des exemples d'injustice dont vous parlez? Au Québec la carte d'assurance maladie donne le même accès aux soins médicaux, que l'on soit pauvre ou riche...
L'organisation structurelle de la santé au Québec est plus gros que celui de L'Australie.
Les somptueux bureaux de cadres aménagés à même les hôpitaux redeviendront des
cliniques et des chambres. Attention! je rêve la petite clique est déjà dans la rue.
Voilà une des problématiques vécue dans l'ensemble du réseau tout en n'empêchant pas le professionnel de la santé de faire aller la carte santé, à son profit évidemment.