Les frayères de truites du lac Témiscouata sont-elles en danger?
Dégelis – Est-ce que les populations de truites grises du lac Témiscouata sont affectées par la fluctuation du niveau des eaux générée par le barrage d’Hydro-Québec situé à Dégelis?
C’est notamment pour répondre à cette question que le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP) et plusieurs partenaires, dont l’Association Chasse et Pêche du Témiscouata et l’Organisme de Bassin Versant (OBV) du fleuve St-Jean, vont effectuer cet été des travaux préliminaires d’identification de frayères des truites grises.
Ces frayères, lieu où les femelles déposent leurs oeufs afin qu’ils soient fécondés, se retrouvent parfois à l’air libre, en raison du marnage (fluctuation du niveau de l’eau) causé par un barrage. Souvent situés sur les berges du lac, les oeufs qui se retrouvent ainsi exposés meurent. Plusieurs observateurs ont noté une baisse du niveau de l’eau du lac Témiscouata cet hiver notamment, ce qui a pu avoir exposé de nombreuses frayères et compromis la reproduction de l’espèce.
PHÉNOMÈNE RÉPANDU
«Beaucoup d’associations de pêcheurs sont préoccupées par ce phénomène-là partout au Québec. Par contre ici au lac Témiscouata, ce n’est pas documenté. C’est pourquoi nous ferons ce travail de ‘’débroussaillage’’ cet été. Nous voulons identifier et cibler les zones de fraie, si ce sont vraiment des frayères, si des oeufs ont été pondus à l’automne», raconte Anne-Marie Pelletier, biologiste au MFFP.
AUCUN DOUTE
Pour René Gauvin, membre et secrétaire de l’Association Chasse et Pêche du Témiscouata, il ne fait pas de doute que le marnage causé par le barrage affecte les truites grises du lac Témiscouata.
«Ce n’est pas nouveau, depuis que le barrage existe dans les années 30 qu’on remarque ça. De vieux pêcheurs vous le diront, plusieurs observateurs aussi (…) Déjà en 1993, deux biologistes, Réjean Morneau et Jacques Deschênes, affirmaient que des problèmes surgiraient dans l’avenir à la suite d’une étude environnementale effectuée après que des réparations eurent été faites au barrage de Dégelis», confie-t-il. Ce dernier affirme également que ce printemps, le niveau d’eau du lac Témiscouata était plus bas que l’été dernier.
TRAVAUX PRÉLIMINAIRES
Anne-Marie Pelletier insiste sur l’importance de cette étape préliminaire d’identification des frayères. «Peut-être que le marnage a un effet imporant, peut-être pas. C’est pour cette raison qu’on veut documenter le tout. Après avoir documenté tout ça, si les preuves sont là, on pourra rencontrer Hydro-Québec et voir ce qui pourrait être fait pour limiter les conséquences du marnage», lance la biologiste.
La pêche représente en région une activité économique importante. Elle est soutenue par un ensemencement régulier de la part du ministère. D’où l’importance de bien connaitre la ressource et la documenter efficacement. «Tout ça aussi dans le but, éventuellement, de diminuer l’ensemencement. Afin que les cycles redeviennent naturels, qu’on diminue l’effet humain et qu’on préserve l’intégrité du lac Témiscouata», conclut Mme Pelletier.
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