À la découverte des bucherons d’autrefois
Le parc national du Lac-Témiscouata ne compte pas qu’une richesse naturelle et historique. Sous les pieds des visiteurs et des amateurs de plein air, la Terre-à-fer n’est rien de moins qu’une véritable mine d’or pour l’archéologue Laurence G. Bolduc, qui s’intéresse à l’histoire des bucherons du début du 20e siècle.
La compagnie forestière Fraser, implantée depuis 1899 à Cabano a installé un camp forestier près de la rivière Touladi. Les draveurs qui y demeuraient faisaient transiger les billots de bois sur la rivière, de Squatec à Cabano. Des centaines d’artéfacts témoignent de leur présence près des berges, à l’emplacement actuel du Jardin des Mémoires, de 1800 à 1950.
RICHESSE DU SITE
L’archéologue Laurence G. Bolduc y mène ses fouilles depuis plus d’un an. Dans le secteur où les bucherons et draveurs travaillaient, tout est resté en surface. «Un sondage l’été dernier m’a permis de découvrir 900 artéfacts. Je suis tombée sur une fosse à déchets, et ça c’est de l’or pour une archéologue. Trois mètres plus loin, j’ai trouvé un ancien foyer amérindien», raconte-t-elle.
Une ancienne bouteille de Cola, remplie par la suite d’alcool, un tuyau de pipe taillé à la main de même qu’un talon de botte de draveur comptent parmi la collection d’objets trouvés à la suite de ses fouilles, qui n’en sont qu’à leur début. Ces objets traduisent selon elle une occupation qui datait de la décennie entre 1930 et 1940. Les vestiges des estacades présentes dans la rivière et les écluses aménagées pour l’exploitation forestière témoignent de cette période d’occupation.
De 1500 à 1800, cet emplacement était occupé de manière sporadique par la communauté autochtone des Malécites, qui échangeait régulièrement avec les Européens lors de la période de contact. De 8000 avant J.-C. à 1500, des groupes nomades occupaient ce territoire riche en chert, une roche siliceuse dont ils se servaient pour fabriquer des armes.
Ils transigeaient la baie de Fundy aux rives du fleuve Saint-Laurent.
MÉMOIRE VIVANTE
Laurence Bolduc, candidate au doctorat en anthropologie de l’Université de Montréal, espère reconstituer le mode de vie des bucherons d’autrefois, qui se retrouvaient isolés pendant plusieurs mois en pleine nature en raison de la faiblesse des canaux de communication à cette époque.
«Je veux avant tout impliquer la communauté dans mes recherches. Avec le savoir et les histoires locales mêlés à l’archéologie et les photographies d’époque, on peut avoir un portrait assez juste de la réalité dans ces années et les documenter».
La difficulté de ses recherches repose sur le fait que cette activité était peu documentée par écrit, puisque certains des travailleurs étaient illettrés à l’époque. Elle a réussi à localiser les anciens bâtiments forestiers par la superposition de photographies des années 1960 à une image satellite fournie par Google Maps.
FOUILLES
D’autres recherches, financées par le Conseil de recherches en sciences humaines du gouvernement du Canada, et menées par Mme Bolduc, seront réalisées cet été dans le cadre du mois de l’archéologie, qui se déroule du 1er au 31 aout. Les personnes intéressées à participer à ces fouilles sont invitées à contacter Laurence G. Bolduc au 418 855-5508 ou à l’adresse [email protected]. L’activité est destinée aux personnes de 18 ans et plus et est d’une durée de 4 h. Les frais d’entrée du parc, fixés à 8,50$ sont à la charge des participants. L’été prochain, elle entend diffuser ses découvertes et créer des ateliers pour les visiteurs.
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