La légalisation du cannabis dans le collimateur des psychiatres
Ils sont jeunes, ils sont curieux, ils n’ont pas froid aux yeux et, à leur majorité, ils pourront consommer du cannabis en toute légalité dès juillet 2018. La vie est belle, non ? Pas tout à fait, protestent les psychiatres du Québec. La légalisation du cannabis exposera les jeunes à des risques importants en matière de santé mentale. Fumer du pot ? Pas avant 21 ans, clament-ils.
Le psychiatre louperivois et chef du département de psychiatrie, Jean-François De la Sablonnière, est catégorique. Le cannabis est le principal vecteur de psychoses chez les adolescents. «Dans les salles d’urgence, le lien est évident. Il y a deux semaines, alors que j’étais de garde, sur cinq patients qui se sont présentés avec une perte de contact avec la réalité, trois d’entre eux étaient des consommateurs de cannabis ! Il y a une disproportion évidente.»
Selon le professionnel de la santé, les recherches scientifiques révèlent que le cerveau humain se développe jusqu’à l’âge de 25 ans. Pendant cette période cruciale de maturation, la consommation de cannabis augmente considérablement le risque de psychose. Fumer un joint alors que le cerveau est en pleine maturation décuple les chances de maladies mentales.
PSYCHOSES
Depuis 2004, les études démontrent hors de tout doute les liens entre le développement du cerveau, la consommation de cannabis et le développement d’une maladie chronique comme la schizophrénie. Un risque qui augmente de 400 à 700 % chez les jeunes consommateurs.
«Consommer du cannabis une seule fois avant l’âge de 18 ans double le risque de schizophrénie. En consommer une quarantaine de fois avant l’âge de 18 ans, ce qui est peu, l’augmente par sept», soutient le psychiatre. Fumer du cannabis durant cette période revient à jouer à la roulette russe.
«En même temps, il y a une partie de la loterie qui appartient à la vie, répond le Dr De la Sablonnière. Il y a des déclencheurs de ces maladies qu’on peut éviter et on doit réaliser que la drogue qui précipite le plus de psychoses, qui est la plus liée à l’augmentation de la schizophrénie, c’est le cannabis. C’est la drogue qui va perturber le plus les fonctions cérébrales.»
MYTHES
Le psychiatre reconnait que la criminalisation n’a pas fonctionné. Pour lui, la légalisation n’est donc pas un problème en soi, en autant que la consommation ne s’en trouve pas banalisée. Au-delà de l’image de légèreté associée à la marijuana, en partie incarnée par le premier ministre Justin Trudeau, le véritable portrait du cannabis est la psychose.
Jean-François De la Sablonnière s’en prend donc aux mythes qui entourent la consommation de marijuana.
«On entend que ce n’est pas grave puisque ça va être légal, que le cannabis sera de bonne qualité puisqu’il sera contrôlé et donc moins dangereux, qu’il s’agit d’un produit naturel et que ce n’est pas pire que l’alcool. Comprenez-moi bien, l’alcool ne crée pas de psychose, le pot oui ! L’alcool n’a pas le même impact sur le cerveau.»
Ce dernier rappelle que 50 % des psychoses induites se transforment en psychoses chroniques, ce qui aura un impact tant chez les jeunes que dans le système de santé. «On va augmenter le fardeau de la maladie mentale, on va «scrapper» des vies, on va augmenter le fardeau sur les soins médicaux, en urgence et en services psychiatriques.»
RECOMMANDATIONS
Dans un réseau déjà saturé, où les ressources ne suffisent plus à la tâche, l'Association des médecins psychiatres du Québec (AMPQ) s’attend à une hausse notable de consultations. L’AMPQ a donc déposé une série de recommandations, dix au total, dans le but de limiter les impacts chez les jeunes.
Limiter l’âge légal de consommation à 21 ans constitue un compromis admet Jean-François De la Sablonnière, permettant de réduire les impacts. L’AMPQ recommande aussi d’interdire la production de cannabis à des fins non médicales au domicile, de déterminer une concentration maximale de THC et d’en obliger l’indication lors de l’achat.
Les professionnels de la santé s’inspirent aussi de ce qui se fait actuellement avec l’industrie du tabac pour en contrôler la vente, c’est-à-dire interdire toute forme de publicité. «On doit exclure tout élément de marketing, on doit retirer la «coolitude» liée à la consommation de cannabis et qui fait des ravages chez les adolescents.
L’AMPQ propose aussi d’adopter un modèle de distribution qui n’est soumis à aucune logique de profit. Exit donc la SAQ. L’Association suggère également de développer un programme d’éducation dans le cursus des études, de développer des outils pour les parents, de déployer des campagnes de publicité visant à débanaliser l’utilisation du cannabis et d’assurer un financement adéquat aux provinces afin d’assurer des ressources additionnelles.
L’Association a présenté la semaine dernière son document lors des consultations publiques sur la légalisation du cannabis qui ont eu lieu à Rimouski. Actuellement, on ne connait pas encore le mode de distribution du cannabis «récréatif», mais il est déjà écarté que la SAQ, les pharmacies et les dépanneurs soient mis à contribution. C’est plutôt le «privé encadré» qui serait privilégié par le gouvernement du Québec.
PRÉCISION : Dans l'encadré ci-dessus, il est souligné que 3 millions de Québécois ne sont pas couverts par une clinique psychiatrique. En fait, des services externes psychiatriques sont disponibles sur tout le territoire, pour tous les Québécois. C'est plutôt l'accès à une clinique spécialisée en première psychose (telles les cliniques RAP et STEPP) dont l'accessibilité est limitée. Les cliniques psychiatriques usuelles (essentiellement médicale, avec peu de ressources professionnelles) n'ont pas les effectifs nécessaires pour rencontrer les intenses besoins d'intervention professionnelle interdisciplinaire requis par la psychose à ses débuts, intervention qui vient améliorer le pronostic symptomatique et les perspectives de rétablissement.
24 commentaires
Dr Jean-François De La Sablonnière, c'est qu'il a à cœur votre santé mentale et il souhaite que vous soyez épargné de cette drogue qui affectera votre cerveau pour le reste de vos jours et la vie, sera très, très longue lorsque le cannabis aura affecté votre cerveau dont vous êtes responsables, vous avez un bel avenir devant vous, prenez soin de votre santé, votre vie car la Santé, c'est la Vie. Bonne Route chers Jeunes, je vous souhaite la Santé, le Bonheur.
Monique Bellavance, Québec
Oui l'alcool cause des psychoses.
L'article est discrédité à l'instant.
légalisation, déjà que la loi sur la cigarette n'est pas respectée.
Les organisations criminelles se servent de prêtes noms pour opérer
en toute légalité sous le couvert nouvelle loi.
De nombreuses entreprises de cultures du pot sont aussi sous contrôle
de membres du PLC et de leur parenté...
NéPOTisme !
La vente du pot finance le commerce des drogues dures, le commerce des armes
l'exploitation sexuelle, etc.
Bref, les anges de la mort...
Décupler veut dire multiplier par 10, en passant. C'est vous qui êtes gelés pour inventer une donnée de la sorte.
Avez vous une seule source véridique? Pas un liens vers un site de métaphysique cosmique au naturel, je vous prie. Quel genre de journal et de journalisme sommes-nous en train de lire ici? Je suis perplexe.
C'est facile d'inventer des liens de cause à effet, surtout dans le domaine de la santé mentale. Un exemple? Les personnes souffrant d'un TDA consomment plus souvent des drogues stimulantes comme du speed. Pourquoi ne pas écrire un article choc? "La méthamphétamine cause le TDA".
L'expérience clinique de la semaine dernière (les 3 patients sur 5 du Dr De la Sablonnière) ne démontre pas que le cannabis a causé une détresse psychologique chez les patients. Elle démontre que plusieurs personnes en état de détresse psychologique consomment des stupéfiants. C'est moins choquant, mais plus honnête.
@ tous ceux qui défendent le cannabis: Je constate que vous êtes soit les instigateurs, soit les victimes de cette tendance que j'ai observé dans les dernières années qui cherche à faire adoucir la réputation qu'on a de cette drogue. Cet article choque car il vous dérange, il montre la face qu'on tente de cacher du cannabis.
Et pour remettre en place les «conspirationniste» anti-Big Phama comme Nal ci-bas, qui sait si ce n'est pas l'industrie émergente du pot qui soit derrière ce que je dis dans le paragraphe précédent... ???
Avec ses psychotropes qui n'ont jamais guéri une seule personne, qui en ont poussé des milliers au statut de légume, ses électrochocs tout juste bons à étourdir les cochons, la psychiatrie joue à l'innocente… Peur de la concurrence ?
Dans les sixties, le taux de THC avoisinait les 1 % mais le plus souvent 02, 03%.
Actuellement, on a couramment dans la rue des taux allant jusqu’à 20-25% voir 30-35 dans certaines villes.
La plus forte connue aujourd’hui est de 51,2% !
Bref cela représente près de 100 fois la concentration en THC des années 60 !
Mais on aujourd’hui des « extraits » comme l’huile (60% environ), le BHO 70 %, les Shatters (Wax) 80-90 %) et enfin récemment les « Dragon Balls » qui titrent 99% de THC !!!
Peu de chance de s’en sortir pour qui consomme trop de l’un des deux produits (psychotrope ou cannabis).
Je salut le courage de Jean-François De La Sablonnière et son équipe qui exposent de façon claire, sans équivoque, preuves à l'appuis les dommages immenses de la consommation et surtout déboulonnent bon nombre de mythes et de banalisations qui circulent à tors ou à travers à propos du cannabis.
De remettre en cause les observations et les conclusions documentés de cette équipe de psychiatres compétent et expérimentés n'est que mauvaise foi, insouciance et ignorance face aux faits.
Soyons des plus vigilent pour ce qui est de la santé physique ou mentale de la jeune génération.
Puisque la consommation de marijuana est reconnue comme un facteur de risque «important» dans le développement de la psychose, il n’est pas pertinent d’argumenter qu’un lien de causalité entre la consommation de marijuana et l’apparition de la psychose n’a toujours pas été confirmé. Ça ne ferait que nous éloigner du contexte actuel ; la banalisation des risques associés à la consommation de marijuana conséquement à la légalisation, une diminution des effectifs en santé mentale, une augmentation potentielle à moyen et long terme du nombre de cas de psychoses, ainsi que des coûts associés aux nombreuses hospitalisations. Ce sont ces éléments qu’il ne faut pas perdre de vue dans l’analyse de ce dossier.
Qui plus est, l’information dont il est question dans cette article doit être analysé de façon rationnelle. Ce qui veut dire sans égard pour la réactivité émotionnelle, les mythes et croyances (i.e. religieuses ou autres).
Références :
http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0920996416301086 (polymorphisme du gène COMT)
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3796318/
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4033190/
Le projet de Trudeau n'est pas de faire la promotion de la marijuana mais bien de la légaliser! On ne vient pas mettre sur le marché une nouvelle drogue qui comporte des risques sérieux pour une petite partie de la population (psychoses).
La criminalisation n'a pas fonctionné. Les psychiatres le reconnaissent. Je ne connais PERSONNE qui voulait fumer du pot et qui n'en a pas trouvé ou qui s'est empêché d'en consommer parce que c'était illégal. Cette drogue EXISTE DÉJÀ et son usage "récréatif" et médical est courant depuis des décennies. Je puis vous dire que dans le collège privé que je fréquentais dans les années 70 dans une petite ville, près des 2/3 des élèves de ma classe de 5e secondaire en avait déjà consommé. Le pot était déjà "banalisé" à cette époque même si c'était illégal.
La légalisation va permettre un meilleur contrôle de la qualité, de la concentration de THC et, je l'espère, la poursuite de la sensibilisation à ses risques potentiels. Et de plus, elle va sortir sa production et distribution des mains du monde interlope. Rien de plus, rien de moins. Arrêtons dramatiser la situation!
Et si ça vous énerve trop, et si vous avez 21 ans et plus!, attendez un peu que la distribution étatique soit débutée et allez vous acheter un p'tit joint pas trop concentré en THC!
si je poursuis dans le même sens que l'article, je pourrais affirmer que le PEPSI-COLA conduit au crime!!! Et oui, tous ceux qui ont commis des vols de banques ont déjà bu du PEPSI!!!