Julie Nadeau : se tenir debout
C’était le 18 janvier 2017. Quand Julie Nadeau a reçu son diagnostic de cancer, le monde s’est arrêté. Ce moment, elle s’en souviendra toute sa vie. Mais malgré le choc, à cette date sont aujourd’hui aussi associés un combat et une victoire. Une histoire de courage et d’amour, également.
Le mot «cancer» fait partie de ceux qu’on ne veut jamais entendre. Il y a moins d’un an, il était cependant prononcé par un médecin à Julie, une enseignante louperivoise de 43 ans. Elle ne s’était pourtant présentée à l’hôpital que pour un simple examen de routine.
«Je redoutais les mots, mais en même temps, je me doutais que quelque chose clochait. Une fois les tests passés, j’ai reçu un coup de fil tout de suite. On voulait me rencontrer. Je savais que ça n’allait pas», se souvient-elle.
La nouvelle est tombée rapidement; Julie avait un cancer de l’utérus. Elle était sous le choc et incrédule, c’était l’incompréhension. «Quand on entend ce mot-là, c’est vraiment épeurant. C’est comme dans l’annonce à la télévision où tout s’écroule (…) Pour moi, la partie la plus difficile, ç’a été les dommages collatéraux, c’est-à-dire de l’annoncer à mes proches. Je me disais, ça ne se peut pas qu’une maman fasse autant de peine à ses enfants.»
Mais comme chacune des victimes de ce fléau, de ce malheur, l’histoire de cette mère de famille ne s’est pas arrêtée là. Soutenue par ses trois enfants et son conjoint Alain des 18 dernières années, Julie est partie à la guerre, positive. «Je suis une personne hyper combattive. Une fois le pas de recul fait, je suis devenue très déterminée. Je voulais montrer aux enfants comment qu’on peut se relever les manches et foncer.»
Évidemment, aucune étape du processus n’est facile, mais les chapitres suivants lui ont souri. Moins d’un mois après la détection, elle a subi une opération avec succès. Des tests passés quelques semaines plus tard confirmeront aussi que le cancer n’est plus et qu’il ne s’est heureusement pas propagé. Zéro métastase.
«Je dis souvent que j’ai eu un beau cancer», lance-t-elle en sachant bien comment sonnent ces mots. «Je sais qu’on ne peut pas dire ça, mais nous l’avons attrapé à temps et aujourd’hui, moins d’un an après le diagnostic, je m’en suis sortie.»
Le cancer de l’utérus est le plus fréquent de l’appareil reproducteur féminin. Quand il est détecté précocement, il est très souvent soigné et la rémission est totale dans la grande majorité des cas. Néanmoins, l’ablation de l’utérus, des ovaires et des trompes de Faloppe est systématique. Un constat qui peut être dévastateur pour une jeune femme.
«Je me considère privilégiée d’avoir vécu ce malheur à mon âge, c’est-à-dire après que j’aille eu mes enfants. Avoir été plus jeune, c’aurait été un deuil immense.»
Ces enfants, d’une résilience impressionnante, ont aussi été d’une aide précieuse pendant la dernière année. Le soutien de la famille et des proches n’a pas de prix. «Les petits gestes, les attentions… Il faut simplement être bien entouré. Parfois, les gens que l’on connaît ne savent pas comment nous aborder, mais il n’y a rien à dire. Le silence n’est pas toujours malaisant», souligne-t-elle avec justesse.
Julie Nadeau est catégorique. Peu importe le diagnostic, le plus important est de ne pas baisser les bras. Comme dans plusieurs aspects de la vie, l’attitude joue pour beaucoup.
«Il faut garder espoir et être courageux. La façon dont tu vis la situation toi-même, c’est la façon dont ton entourage va la vivre. Il faut être fort pour toi, mais aussi pour ta famille et tes ami(es). La vie continue.»
RELAIS POUR LA VIE
Le courage, la persévérance, la force… ce sont tous des traits de caractère que l’on associe d’emblée au Relais pour la vie, cet évènement de la Société canadienne du cancer (SCC) devenu un incontournable partout en province.
L’an dernier, Julie a décidé de former une équipe pour ce rendez-vous qui avait évidemment pris tout son sens au cours des derniers mois. La participation des membres a été un grand succès: environ 8500 $ amassés et plusieurs dizaines de kilomètres parcourus (42 pour Julie exactement). L’expérience a simplement été formidable.
Ce printemps, elle compte être de nouveau sur le terrain de piste et pelouse lors de la 9e organisation, les 9 et 10 juin. Elle sera d’ailleurs l’une des ambassadrices de l’évènement.
«Si cela peut devenir une forme de tradition, j’en serais ravie. Au-delà de l’argent, qui est très important, c’est essentiel d’être présent. Si je ne m’y présente pas pour moi, ce sera pour quelqu’un d’autre. Tous ces gens réunis ensemble pour une cause, pour se soutenir, c’est fort.»
L’organisation du Relais pour la vie de Rivière-du-Loup souhaite la participation de 90 porteurs d’espoir, une cérémonie hommage avec plus de 1 500 luminaires et une nuit rassembleuse, remplie d’émotions, et donnant à près de 1 000 participants et visiteurs la satisfaction d’avoir recueilli des fonds pour une cause importante.
À Rivière-du-Loup, depuis la création de l’activité, c’est un peu plus de 600 000 $ qui ont été amassés pour faire avancer la mission de prévention, de recherche et de soutien de la SCC. Par exemple, une telle somme peut permettre de rejoindre 120 000 femmes à qui une mammographie pourrait sauver une vie. L’impact est majeur.
«Le Relais pour la vie, c’est vraiment une grande vague d’amour. Le 1er tour, celui des porteurs d’espoirs, est très spécial. Il y a beaucoup, beaucoup d’émotion. On ne veut pas le porter le chandail jaune, mais quand on y est, quelque part, on réalise que nous ne sommes pas seuls.»
En 2016, les luminaires s’étaient allumés sur les notes de la cornemuse. Au même moment, la lune montait dans le ciel. Pour certains, ce n’était qu’une coïncidence. Pour d’autres, c’était un symbole d’espoir.
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