«La couveuse»
Marie-Claude Barrette: l'enfant qui ne devait pas mourir
Rivière-du-Loup - La vie a ses manières bien à elle de nous faire avancer. Pour y arriver, il faut souvent retourner en arrière, faire la paix avec soi-même. C'est ce qui a permis à Marie-Claude Barrette de mordre dans l'existence. Ironiquement, pour ce faire, elle a dû demeurer clouée sur un lit d'hôpital durant plus de quatre mois.
Été 1999. Dans le ventre de celle que plusieurs dans la région appellent par son prénom, une toute petite vie pousse depuis 18 semaines. Marie-Claude est heureuse, mais encore hantée par cet autre petit enfant qu'elle a perdu quelques mois auparavant. «Il n'y avait aucune chance de survie. La grossesse a dû être interrompue à 29 semaines», dit-elle.
Alors que le miracle s'apprête à se reproduire, elle est fébrile, mais en même temps anxieuse, et pour cause. Elle ne le sait pas encore, mais les prochains mois seront diamétralement opposés à son mode de vie hyperactif.
«Je perdais du liquide amniotique. Les chances que cet enfant puisse vivre étaient minces, presque nulles, seulement 2 %. Mario (Dumont) et moi étions sous le choc», dit-elle. Plutôt que de considérer les 98 % de probabilité d'échec, le couple décide que cette minuscule étincelle de vie se transformera en un feu ardent. La décision est sans appel.
GRANDIR DANS L'ÉPREUVE
Dans le livre «La couveuse», Marie-Claude raconte cette expérience qui, si pénible fût-elle, lui a permis de grandir, de se retrouver et surtout, de rendre à terme une nouvelle vie qui, d'une journée à l'autre, menaçait de s'éteindre. Pour éviter ce que le couple redoutait, elle doit demeurer à l'hôpital, en partie à Rivière-du-Loup, clouée au lit, durant quatre mois et demi.
«Je ne pouvais presque rien faire, même pas lire.» Avec la meilleure volonté du monde et l'objectif bien arrêté de donner la vie, elle n'a tout de même pas été à l'abri du découragement.
«Une amie m'avait dit qu'en situation d'immobilité, ce que tu n'as pas réglé dans ta vie revient toujours te hanter. J'ai eu le temps de faire beaucoup d'introspection et j'ai constaté que certaines amitiés m'étaient néfastes. Je me suis rendu compte que je ne devais plus m'entourer de gens qui ont peur et m'empêchent d'avancer. Ces amitiés sont terminées. J'ai appris à lâcher prise et vivre le moment présent. J'essaie de ne plus perdre de temps sur ce que je ne contrôle pas.»
Pendant ses moments de découragement, elle pensait à ce qu'une amie lui avait fait prendre conscience. «Chaque jour, je montais l'escalier de mon défi et me rapprochais du but: une marche à la fois. Ça a changé ma perception.»
S'EFFACER LENTEMENT
Quitter sa vie durant si longtemps a des incidences sur le quotidien. «Le téléphone ne sonne plus, tu ne reçois plus de courrier, j'avais l'impression de m'effacer lentement. Mais j'ai compris que si je mourais, la vie continuerait. Ma fille Angela était en santé et tellement compréhensive. Je savais que mon chum pourrait bien vivre. Les choses se feraient autrement, mais elles continueraient à se faire. J'ai appris cela à 30 ans et je ne crois pas que je serais aussi profonde dans mes affirmations aujourd'hui si je n'avais pas vécu cette expérience.»
À l'écouter, on devine facilement que la famille est pour elle très importante pour cette mère de trois enfants. En fait, elle sera toujours la mère de quatre enfants. Ce petit ange qui n'a vécu que huit heures, fait et fera toujours partie de sa vie.
«C'est à travers la famille, cette lignée que nous grandissons. Lorsque Juliette, ma plus jeune, se met à chialer, on dirait que je m'entends. Les enfants sont comme des miroirs qui nous forcent à nous améliorer, à devenir meilleurs».
Aujourd'hui, son grand Charles qu'elle a «couvé» au sens propre, a 15 ans et est en excellente santé. Il connait son histoire et sait combien ses parents l'ont désiré. Dans «La couveuse», vous apprendrez à connaitre Marie-Claude Barrette et une partie de sa vie, dont sa rencontre avec son Mario, alors qu'elle avait les cheveux orange et était plutôt rebelle!
En couvant son petit, Marie-Claude Barrette s'est redécouverte. À la naissance de Charles, sa vie n'a plus jamais été la même. Le livre «La couveuse» est publié aux Éditions Libre Expression.
2 commentaires
Très belle et touchante histoire de vie, l'humanité à l'état pur, le don de soi et la récompense d'une attente qui a dû paraître une éternité.