Recherches à L’Isle-Verte: une cohésion unique
L’Isle-Verte – Dans les 10 jours de recherches qui ont suivi le terrible incendie ayant ravagé le Résidence du Havre à L’Isle-Verte, où 32 personnes âgées ont péri, près de 210 pompiers issus de 18 services incendie ont uni leur force et leur courage lors d’une opération de recherche sans précédent dans la région.
D’une seule voix, ces hommes et ces femmes provenant de cinq MRC ont bravé le froid et des conditions de travail difficiles pour passer les ruines au peigne fin. « Ce qu’ils ont fait n’est pas banal. Après deux ou trois jours, nous devions les mettre en pause. Ils ont sorti cette bâtisse-là à la petite cuillère », image le capitaine Simon Desjardins du Service de sécurité incendie de Rivière-du-Loup (SSIRDL).
Afin de coordonner le travail des pompiers, le capitaine Desjardins et Jean-Sébastien Meunier du Service incendie de Rimouski ont agi à titre de coordonnateur au centre de contrôle. Muni d’un ordinateur portable, en pleine nuit à l’École Moisson-d’Arts, la chaine de commandement et la structure de l’intervention était mise en place.
« Nous devions assister Yvan Charron, directeur du Service incendie de L’Isle-Verte afin de s’assurer d’avoir du personnel en nombre suffisant pour les recherches et pour la protection de la scène », explique Simon Desjardins. Christian Chénard-Guay de la MRC et son préventionniste ont supporté les deux coordonnateurs à tous les jours, notamment en les aidant à établir les contacts entre les différents services incendie de la MRC.
PASCAL ROUSSEAU
Pour la zone rouge où étaient menées les recherches, on a fait appel au directeur du Service incendie de Trois-Pistoles, Pascal Rousseau. Déjà présent lors de l’incendie alors que la caserne 51 était appelée en entraide, Pascal Rousseau s’est vu confier les opérations sur le terrain.
Le capitaine Desjardins n’a pas tari d’éloges à son sujet. « Pascal était notre personne clé sur le terrain. Il a fait tout un travail, un travail énorme. Il est resté jusqu’à la fin et a développé un lien de confiance avec les gens de la Sûreté du Québec et les autres intervenants. »
Les équipes se sont relayées jour et nuit. La nuit, c’est Robin Laplante, directeur du Service de sécurité incendie Kam-Est et Jacques-Éric Mercier, des services incendie de Saint-Clément et Saint-Hubert, qui ont pris la relève.
De leur commandement relevaient quatre équipes de cinq pompiers. Autant de pompiers issus de casernes différentes unissant leurs détermination, courage et effort pour permettre aux familles de pleurer leur mort, de tourner la page.
« Souvent, tu deviens pompier parce que tu choisis de t’impliquer, tu veux sauver des vies. Dans un cas comme L’Isle-Verte, ceux qui ne sont là que pour le chèque de paie, tu ne les vois pas. C’est un métier pour les passionnés et quand on regarde tout ce qui a été fait, des passionnés il y en avait. C’est un volet de sécurité civile, c’est une autre facette de notre métier. On était plus là pour sauver des vies, mais aider des gens à s’en remettre », ajoute le capitaine Desjardins.
DÉBRIEFING
Le débriefing s’effectue généralement lors de rencontres entre les membres d’un même service. Il vise non seulement à tracer le bilan d’une opération, mais aussi à aborder les aspects plus psychologiques ressentis lors de l’intervention. Les équipes de recherches à L’Isle-Verte n’ont pas fait exception.
« Le débriefing s’effectuait tous les soirs après le retour des pompiers de toutes les casernes. On soupait à l’école et cette période où l’on se retrouvait servait à ventiler les émotions. Des gens du volet psychosocial étaient présents et au besoin, on pouvait s’y référer rapidement », ajoute le capitaine Desjardins.
La dernière réunion, alors que la mairesse Ursule Thériault et le chef incendie Yvan Charron sont présents, a été forte en émotion. « Je n’ai jamais vu autant de gars pleurer. Tu ne t’attends jamais à vivre ça chez vous », conclut le capitaine Desjardins.
CONSTAT
Le bilan que trace Simon Desjardins de ces 10 jours de recherches éprouvantes se résume en un mot : cohésion. Selon lui, l’esprit de corps qui a animé ces quelque 210 pompiers de 25 casernes différentes démontre la mobilisation possible dès lors qu’on adhère à la même structure. Une expertise acquise au prix fort, mais qui a permis à des gens de terrain de tisser des liens qui pourraient être utiles lors de futures opérations.
À elles seules, les casernes de Rivière-du-Loup avec 35, Rimouski avec 30 et le SSI Kam-Est avec 25, ont mobilisé 90 des 200 pompiers. Les autres sont issus des services incendie de Trois-Pistoles, Saint-Antonin, Témiscouata-sur-le-Lac, Dégelis, Saint-Pascal, Cacouna, Saint-Arsène, Saint-Paul-de-la-Croix, Saint-Épiphane, Saint-Hubert, Saint-Clément, L’Isle-Verte, Saint-Louis-du-Ha! Ha!, la MRC de Rivière-du-Loup et Saint-Éloi.
EMPLOYEURS
Il serait dommage de passer sous silence une discrète implication, mais combien importante, soit celle des employeurs de ces pompiers volontaires. « Sans leur accord, je n’aurais pas pu être disponible pour participer aux recherches. Ça demande un effort de gestions des ressources humaines et à mon avis, ça mérite d’être souligné », a commenté un pompier qui a préféré garder l’anonymat.
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FÉLICITATION, LA TÂCHE ÉTAIT LOIN D'ÊTRE FACILE.
La dernière réunion, alors que la mairesse Ursule Thériault et le chef incendie Yvan Charron sont présents, a été forte en émotion. « Je n’ai jamais vu autant de gars pleurer. Tu ne t’attends jamais à vivre ça chez vous », conclut le capitaine Desjardins.
Mille fois merci...