Apprivoiser la mort
Rivière-du-Loup - Du 3 au 9 mai se tenait partout au pays la Semaine des soins palliatifs. L'activité permet de sensibiliser la population aux soins palliatifs, à leur utilité, au rôle des établissements qui offrent ces soins. En marge, se tenait à Rivière-du-Loup, le 25e Congrès du Réseau de soins palliatifs du Québec.
Info Dimanche a voulu par ce texte présenter ce que sont les soins palliatifs et faire la lumière sur l'aide médicale à mourir, concept qui ne sera jamais utilisé dans les maisons de soins palliatifs.
APPRIVOISER LA MORT
Assise derrière son bureau de la Maison Desjardins de soins palliatifs (MDSP) du KRTB, la Dre Louise Lafontaine parle avec énergie et compassion du milieu où elle a choisi de pratiquer sa profession. Sur sa patère, son stéthoscope accroché témoigne de l'endroit ou elle passe ses journées. Elle a choisi de se dévouer à l'humain en soins palliatifs.
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«Nous traitons la fin de vie, pas la mort. Il n'y a que 20% de la population au Québec qui a accès à des soins palliatifs de qualité. Une grande partie de la crainte vient de là, dit-elle. Nous vivons la même intensité qu'aux soins intensifs d'un hôpital. Nous traitons les aspects psychologique, social, spirituel et physique des personnes alitées, mais aussi de leurs proches.»
Le concept des maisons des soins palliatifs est relativement récent au Québec. La première étant la maison Michel Sarrazin, à Québec, incorporée en 1981. Aujourd'hui, la province compte 31 de ces établissements. L'idée de celle de Rivière-du-Loup a d'abord germé dans la tête de Carol Jean, qui aurait aimé que sa mère profite des services de l'un de ces endroits pour terminer sa vie. L'idée a fait son chemin et l'inauguration a eu lieu en 2009.
TROP COURT SÉJOUR
Depuis, plus de 700 personnes y ont été admises. La MDSP a trois missions: accueillir des gens en fin de vie certes, mais aussi des gens qui viennent pour un ajustement de médication ou un répit. Ces deux derniers aspects comptent pour 25% de la clientèle. La durée moyenne du séjour varie entre 11 et 13 jours.
«Ce n'est pas assez. Nous pouvons accueillir des gens ayant un pronostic d'un mois de vie. Le référencement des médecins n'est pas automatique et survient souvent tardivement. Il y a encore malheureusement un tabou. J'ai vu des gens venir s'inscrire eux-mêmes. C'est assez crève-coeur».
Louise Lafontaine salue le travail de l'équipe multidisciplinaire de la MDSP: médecins, infirmières, travailleurs sociaux et autres, sans oublier les bénévoles. «Nous sommes une grande famille».
Pratiquer son métier dans cet environnement lui apporte beaucoup. «Les gens en fin de vie sont authentiques, vrais, francs. Ils n'ont pas de temps à perdre. Je retrouve chez eux une rare intensité de vie. Ils vivent le moment présent, ce que tout le monde devrait faire».
Quel est le regret qui revient le plus souvent? «Plusieurs disent qu'avoir su, ils auraient peut-être travaillé un peu moins et profité de la vie un peu plus, ils auraient été moins stressés». Que dire de plus, sinon tenter de vivre le moment présent?
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