Pas d’euthanasie à la Maison Desjardins de soins palliatifs
Rivière-du-Loup – L’euthanasie, aussi appelée « aide médicale à mourir », défraie la manchette ces jours-ci en raison de la mise en application de la Loi 52 au mois de décembre prochain. Cette loi oblige tous les établissements du réseau de santé à offrir l'aide médicale à mourir aux patients qui le réclament.
Déjà, certains médecins ont signifié leur refus d’appliquer la loi, à l’instar de l’Alliance des maisons de soins palliatifs de la province.
Qu’en est-il à la Maison Desjardins de soins palliatifs (MDSP) du KRTB située à Rivière-du-Loup et au Centre hospitalier du Grand-Portage (CHRGP)?
Le Dr André Munger, directeur médical de la MDSP et chef de service des soins palliatifs au CHRGP, confirme que l’euthanasie ne sera pas pratiquée à la Maison de la rue des Chauffailles, en accord avec la position de l’Alliance sur le sujet, mais qu’elle le sera au CHRGP.
SOINS PALLIATIFS
Par définition, la philosophie des soins palliatifs consiste en l’atténuation de la douleur, le soulagement des autres symptômes physiques et la diminution des problèmes psychologiques, sociaux et spirituels.
« Les maisons des soins ont été créées dans le contexte de la philosophie des soins palliatifs. On donne des soins de qualité pour les gens en fin de vie, pour qu’ils soient le plus confortables possible avant la mort. Nous avons toujours exclu l’euthanasie, ce n’est pas nouveau. Dès le départ, les porteurs de cette philosophie ont pris soin de soulager jusqu’à la fin, mais pas nous-mêmes de porter le patient vers le décès », explique-t-il.
ÉVOLUTION
Faisant une analogie avec les premiers pas de l’avortement, le Dr Munger est d’avis que la situation sera appelée à évoluer avec le temps, mais que toute cette question de l’euthanasie a une immense portée dans notre société en général, mais dans le réseau de la santé aussi en particulier.
« Nous allons travailler dès septembre avec les intervenants du milieu hospitalier afin de voir, selon ce que dit la loi, comment nous allons appliquer ça à Rivière-du-Loup et au Bas-Saint-Laurent. J’ai un peu une idée dans les grandes lignes, mais c’est clair qu’il va y avoir une porte d’entrée clairement définie, un processus pour les gens qui vont demander l’aide médicale à mourir », lance-t-il.
Il ajoute que beaucoup de travail sera à faire à l’interne, avec le personnel hospitalier appelé à côtoyer la mort. « Ce sera un grand défi pour tous, on doit être prêts dans un court laps de temps d’ici la mi-décembre, notamment lorsqu’il est question de la formation. Vous savez, ce n’est pas facile de faire face à la mort, même dans le monde des soins palliatifs », explique-t-il.
LE PATIENT AVANT TOUT
Si l’euthanasie était un sujet tabou ces dernières années et l'est encore pour plusieurs, il n’en reste pas moins qu’un projet de loi a été discuté, notamment en audiences publiques, des mémoires ont été déposés et la loi, après avoir été votée, sera mise en application dans trois mois.
Pour le Dr Munger, le vrai test, après les envolées oratoires dans les médias des différents intervenants, sera sur le terrain en décembre. L’émotion devra alors faire place à la raison, pour le bien-être des patients.
« Aujourd’hui on arrive à l’application. Ça va faire en sorte que les patients vont arriver avec des demandes précises. Ça, ce n’est pas des sondages. On va voir ce que la majorité des gens veulent. Je pense que ça va être évolutif, entre le mois de décembre et les prochaines années. Il faudra rester les oreilles ouvertes et analyser ce que les gens malades veulent », conclut-il.
CONDITIONS À RESPECTER
La Loi 52 prévoit de nombreuses conditions à respecter pour les personnes malades qui désireront s’en prévaloir. Parmi celles-ci, notons que le patient doit être atteint d'une maladie grave et incurable, que sa situation médicale soit caractérisée par un déclin avancé et irréversible de ses capacités et qu’il éprouve des souffrances physiques et psychiques constantes, insupportables et qui ne peuvent être apaisées dans des conditions qu'elle juge tolérables.
La Loi prévoit également la création d’une Commission sur les soins de fin de vie qui examinera les questions relatives aux soins de fin de vie et de surveiller l'application des exigences particulières relatives à l'aide médicale à mourir.
5 commentaires