Le registre québécois des armes à feu ne fait pas que des heureux
Rivière-du-Loup – C’est du déjà vu pour les chasseurs et les commerçants d’armes à feu «sans restriction». Après l’abolition par le gouvernement conservateur du registre canadien des armes à feu destinées à la chasse, voilà que le Parti libéral du Québec vient de soumettre un projet de loi pour créer un registre provincial.
Et ça ne fait pas que des heureux. Les chasseurs devront enregistrer une seconde fois leurs armes puisque le gouvernement canadien n’avait pas voulu transférer les données de son registre concernant le Québec. Pour leur part, les commerçants d’armes à feu devront à nouveau travailler davantage pour enregistrer la vente de nouvelles armes aux chasseurs. «On ne peut pas se permettre de ne pas embarquer, c’est nous qui vendons les armes», a commenté Marc Thibault, copropriétaire du commerce Pronature Rivière-du-Loup.
M. Thibault se questionne toutefois sur l’utilité de créer à nouveau un régime d’armes à feu pour le Québec alors que celui pour l’ensemble du Canada a été aboli : «Ce sera encore de la paperasse et de l’argent dépensé pour rien. Pour nous, c’est du temps que nous consacrerons à remplir des formulaires sur Internet. Depuis qu’ils ont aboli l’ancien registre, les chasseurs ça leur prend quand même une carte pour acheter une arme. Que le gouvernement prenne cet argent pour le mettre en éducation ou dans la santé.»
Les couts annuels du maintien du nouveau registre sont estimés à 5 millions $ et la facture pour sa création à 17 millions $.
PROJET DE LOI
C’est le ministre de la Sécurité publique par intérim, Pierre Moreau, qui a déposé ce projet de loi le 3 décembre à l'Assemblée nationale. Il porte le numéro 64 et prévoit donc que toute arme à feu «sans restriction», essentiellement des armes de chasse, sera obligatoire et pourra se faire gratuitement en ligne sur le site du Directeur de l'état civil. «L’objectif est donc de savoir qui possède des armes et où sont ces armes, et nous avons choisi de n’adjoindre aucun frais à l’immatriculation des armes. Pour quelle raison? Justement pour faire en sorte que le plus grand nombre s’inscrive rapidement», a indiqué le ministre Moreau (Source : Le Courrier Parlementaire). Les propriétaires d’armes à feu auront 12 mois pour se conformer aux dispositions de la loi à partir du moment où la loi est adoptée.
«Ce sera encore de la paperasse et de l’argent dépensé pour rien. Pour nous, c’est du temps que nous consacrerons à remplir des formulaires sur Internet. Depuis qu’ils ont aboli l’ancien registre, les chasseurs ça leur prend quand même une carte pour acheter une arme. Que le gouvernement prenne cet argent pour le mettre en éducation ou dans la santé.» - Marc Thibault
SÉCURITÉ ACCRUE
La sécurité des policiers et d’autres personnes avait été invoquée lors de la création du registre canadien. Le ministre Pierre Moreau s’est à nouveau servi de cette argumentation alors qu’il a souligné que «le système d’immatriculation serait notamment utilisé lors d’enquêtes et d’interventions policières ou dans l’exécution des ordonnances des tribunaux interdisant la possession d’armes à feu. Ces ordonnances peuvent être prononcées, par exemple, lors d’une condamnation pour crime violent ou même à titre préventif lorsqu’une personne présente un risque pour elle-même ou pour autrui».
TYPES D’ARMES
On a mentionné qu’en date du 28 février 2015, 1 654 239 armes à feu sans restriction étaient enregistrées au Québec. Ce nombre représentait près de 95 % de toutes les armes à feu enregistrées sur le territoire.
Marc Thibault nous a expliqué que son entreprise vend plus de 250 armes pour la chasse par année. «Pour les armes de poing, il existe déjà un registre canadien. Nous en vendons à des tireurs sportifs, il y a un club à Rivière-du-Loup dont les membres s’entrainent sur un site de tir situé à Saint-Modeste. C’est bien structuré et sécuritaire», a mentionné M. Thibault.
Des cas d’exception dans la région, il y a aussi les propriétaires d’armes à feu de style militaire qui possèdent un permis d’autorisation restreinte. «Ce sont des passionnés d’armes à feu, ils peuvent posséder une arme de la sorte mais avec un changeur bloqué à cinq coups. Pour les propriétaires, c’est un processus d’autorisation long, compliqué et très sécurisé», a noté le commerçant.
VENDRE OU DONNER
Marc Thibault a terminé notre entretien en indiquant que lors de la création du registre canadien, plusieurs personnes avaient préféré vendre leurs armes à feu. À la Sûreté du Québec, on avait également donné la possibilité aux personnes qui voulaient tout simplement se départir d’armes à feu qu’elles n’utilisaient plus de les amener au corps policier. Elles avaient été nombreuses à poser ce geste.
Nous avons contacté la SQ pour obtenir des commentaires sur le projet de loi, on nous a indiqué qu’un représentant du corps policier se fera un plaisir de répondre à nos questions quand la loi sera adoptée officiellement.
22 commentaires
Quand aux coûts... n'oublions pas que nous sommes en informatique, c'est sûr qu'il faudra au final ajouter deux zéros quand tout sera en place.
Je pense que si on éliminait les permis de conduire et les enregistrements des voitures, cela ferait des heureux. Ça fait toujours chier que de remplir des obligations.
Au USA, on accepte qu'il y ait une guerre civile larvée, plus de 30 000 morts par année par armes à feu. Est-ce que c'est ce que nous aimerions chez nous ?
Qu'on laisse les chasseurs tranquille, qu'on mettre l'argent ailleurs où ça pourrait être vraiment beaucoup plus productif à sauver des vies et à améliorer la qualité des citoyens (les exemples ne seraient pas difficile à trouver!) et qu'on passe à un autre débat.
Les corps policiers ont déjà accès à savoir si un individu a son permis de possession et acquisition d'arme a feu...!! Le registre est absolument inutile car redondant, tout simplement.
De plus, il y a même des cas répertoriés où des policiers se sont fait tuer car ils se fiaient au registre qui leur disait que l'individu chez qui ils allaient intervenir n'avait pas d'arme a feu....
Dans un cas d'aggression/violence, un policier doit en fait normalement TOUJOURS considérer la possibilité qu'il y ait une arme a feu sur les lieux. Ne pas le faire est un manquement.
Le GPS obligatoire sur les armes à feu, quelle bonne idée!!!
Pour ceux qui disent que les policiers ne sauront pas si un contrevenant possède des armes au moment d'une intervention chez lui: ce n'est pas parce qu'il n'y a pas d'arme d'enregistrer a son nom qu'un individu n'en possède pas!
Ce n'est pas l'arme qui pose le crime mais celui qui la tiens!
Encore une loi pour faire plaisir au pelleteux de nuage!