DOSSIER - Industrie forestière
Épidémie de tordeuse de bourgeons de l’épinette : inévitable en 2016
Pohénégamook – Une épidémie de tordeuses de bourgeons de l’épinette (TBE) se dirige lentement mais sûrement vers le Témiscouata, une région dont le couvert forestier productif représente plus de 87 % de sa superficie totale.
Le Dr Jacques Régnière, spécialisé en dynamiques de populations d’insectes, plus précisément de la tordeuse, a discuté de long en large du comportement de cet insecte lors d’une conférence organisée par le Réseau forêt-bois-matériaux de Témiscouata le 9 février. Il précise que les épidémies surviennent en moyenne à tous les 30 à 40 ans au Québec. Une nouvelle épidémie a commencé en 2005, les tordeuses partent de l’Outaouais et se répandent vers le nord-est par vers le Bas-Saint-Laurent, par la migration des papillons.
«Les épidémies sont évitables, il faut contrôler les populations d’insectes avant qu’il y ait de la tordeuse à la grandeur du territoire, avec de l’arrosage préventif et des interventions hâtives», a expliqué Dr Régnière.
Il est trop tard cependant, selon lui, pour songer à ce type d’arrosage. L’épidémie est trop répandue. «Le nerf de la guerre, c’est la surveillance et l’intervention rapide dans les épicentres, afin de tuer l’épidémie dans l’œuf», estime-t-il.
UNE CONFÉRENCE NÉCESSAIRE
Caroline Roy, conseillère stratégique de la SADC du Témiscouata, un partenaire du Réseau forêt-bois-matériaux, croit que cette conférence était nécessaire afin de bien informer les acteurs majeurs de l’industrie forestière du Témiscouata. «On essaie de plus en plus de sensibiliser les gens. Ils doivent prendre conscience du problème et être proactifs. L’important c’est d’informer les gens qui seront touchés afin d’élaborer une stratégie, ne pas prendre cette épidémie à la légère», a-elle expliqué. La mairesse Louise Labonté s’est dite préoccupée par cette épidémie puisque Pohénégamook a déjà vécu ce fléau dans les années 1980.
La prochaine étape sera de faire des démarches auprès des diverses instances gouvernementales, afin d’obtenir des fonds pour faire de l’arrosage d’insecticide sur les régions qui seront touchées. «Il faut prévoir le coup. Je pense que les gens de tout le Témiscouata sont inquiets. Si on ne bouge pas maintenant, on risque d’en subir les conséquences dans l’avenir», estime le préfet de la MRC de Témiscouata, Guylaine Sirois. Il faudra aussi planifier des coupes, afin d’éviter un surplus de production en vue de l’infestation.
ÉPIDÉMIE
Les superficies touchées par la TBE continuent d’augmenter de manière importante d’année en année. En 2014, elles totalisaient 4,27 M ha au Québec, selon le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs. La progression de l’épidémie est particulièrement forte dans les régions de la Côte-Nord (2,9 M ha), du Saguenay-Lac-Saint-Jean (plus de 600 000 ha), et du Bas-Saint-Laurent (plus de 316 000 ha).
Au Nouveau-Brunswick, un programme de recherche a été implanté, avec un budget de 18 M$ sur 4 ans pour mettre en place une ébauche d’intervention hâtive. 10 000 ha de boisé ont été traités et des résultats probants ont été observés dans ces secteurs, selon le Dr Régnière.
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