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Stress post-traumatique chez les militaires

Une Louperivoise monte au front

durée 24 février 2017 | 06h01
  • Le suicide allégué de Carl Jason Dunphy, vétéran des Forces armées canadiennes, le 11 février dernier à Saint-Louis-du-Ha! Ha!, s’ajoute à la longue liste de près d’une soixantaine de militaires et ex-militaires canadiens à avoir mis fin à leurs jours lors des trois dernières années. L’intervenante Myriam Courbron lance un véritable cri du cœur.

    «Les militaires meurent au combat et trop souvent, le combat est ici, à leur retour !», soutient-elle. Titulaire d’une maitrise en psychoéducation, psychoéducatrice et gestionnaire de soins cliniques pour les anciens combattants, Mme Courbron est spécialisée en post-trauma et œuvre à titre de travailleur autonome. Des soldats qui reviennent au pays, blessés, polytraumatisés de l’âme, c’est sa spécialité.

    Native de Rivière-du-Loup et maintenant basée à Trois-Rivières, elle intervient auprès d’anciens combattants depuis plus de neuf ans. Cette sortie, nous a-t-elle dit, c’est pour apporter sa pierre à l’édifice de leur récupération, de leur mieux-être. C’est aussi pour mettre en lumière un service existant, mais méconnu.

    L’INTERVENTION À DOMICILE

    «J’ai entendu le ministre des Anciens Combattants, Kent Hehr, promettre une aide étendue, je veux bien, mais avec quelle expertise ? Quelle formation ? Doit-on se contenter de cette réponse ? Bien sûr que non !», répond-elle.

    Comme solution, Myriam Courbron propose la mise en place d’un nouveau protocole d’intervention pour les psychoéducateurs élaboré en concertation avec les experts concernés. Une intervention axée sur l’aide à domicile lors de trouble de stress post-traumatique ou opérationnel. Une aide où l’assistance n’est pas gérée en fonction d’un agenda, mais plutôt du vétéran.

    Ce qu’elle déplore, c’est la sous-utilisation de ce service pourtant couvert et défrayé par le programme d’assurances de la Croix Bleue. Aujourd’hui, l’aide à domicile doit être demandée par les vétérans, elle n’est pas automatique et trop souvent méconnue.

    C’est bien le problème souligne-t-elle, les anciens combattants ignorent même l’existence de ce service dont les résultats sont probants, notamment lorsqu’il leur est proposé à leur retour à la vie civile.

    «En neuf ans, je n’en ai perdu aucun. J’ai vu des miracles, des gars et des filles qui sont revenus de loin, qui sont revenus de l’enfer. J’en ai vu se transformer et renaitre !»

    BRISER L’ISOLEMENT

    Ces hommes et ces femmes qu’elle rencontre manifestent de l’hypervigilance, ils sont en état de stress continu, en proie à des périodes de reviviscence (flashback), et à des cauchemars. Selon elle, ils ont peu ou pas l’énergie et la capacité de se déplacer. «Sur leur médication, c’est écrit «ne pas conduire», mais en même temps, on leur demande d’aller consulter leur psychologue et psychiatre à Québec ou Montréal et on s’étonne des cas de rage au volant.»

    Les délais sont énormes. Il peut s’être écoulé jusqu’à 6 ou même 8 ans depuis leur retour de mission. Ils ont été rencontrés par des médecins, des psychologues et des psychiatres, mais souvent ils sont en surconsommation de médicaments, d’alcool et de drogues.

    Rapidement, avec l’aide des psychiatres, elle réduit de près de moitié leur consommation tout en conservant une autonomie fonctionnelle.

    «La médication est nécessaire. Les flashbacks sont trop importants, elle m’aide à mettre en pratique mes interventions, le problème c’est que les psychoéducateurs arrivent trop tard dans le processus. Il doit y avoir des actions de posées dès la période de transition de carrière, de réhabilitation, du retour à la vie civile ou dès l’apparition de difficultés à la maison», souligne Mme Courbron.

    Elle plaide donc pour un renversement de l’ordre d’intervention. «Nous devons être en mesure de les rencontrer avant qu’ils ne s’isolent, qu’ils se coupent du monde des civils, de nous. Certains ne sont pas sortis de chez eux depuis un an ! C’est à domicile qu’on voit le vrai. Ils ne se confient pas de la même façon. La relation de confiance est différente. Vous n’avez pas idée de ce qui peut se raconter lors d’une simple marche. Notre intervention doit en être une de premier recours et non de dernier recours, tant avec le vétéran que sa famille», soutient la psychoéducatrice.

    TROUBLE DE STRESS POST-TRAUMATIQUE

    Si Myriam Courbron convient que ce ne sont pas tous les militaires et anciens combattants qui souffrent de stress post-traumatique, ils sont nombreux à avoir vécu à répétition des évènements choquants. Certains ont été témoins de véritables scènes d’horreur. Suicides, attentats, échanges de tirs, certains ont vu des femmes crucifiées, des enfants morts, des parties de soccer où la tête d’un cadavre fait office de ballon.

    «Ce ne sont pas des gens ordinaires, ce qu’ils ont vu et fait n’est pas ordinaire. Mais dans cette situation, ils doivent comprendre que ce qu’ils vivent est normal. Ils doivent ventiler leurs émotions. Nous effectuons de la désensibilisation aux différents traumatismes, améliorons les fonctions cognitives comme la mémoire et la concentration, nous les aidons dans la gestion des émotions», souligne la psychoéducatrice.

    INVITATION

    Myriam Courbron invite le député néodémocrate de Rimouski-Neigette - Témiscouata - Les Basques, Guy Caron, ainsi que le ministre des Anciens Combattants, Kent Hehr, à communiquer avec elle afin de mettre en place une aide centrée sur le vétéran.

    Quant aux militaires, ces derniers peuvent rejoindre Myriam Courbron en tout temps au 819-693-4113. Ils peuvent aussi consulter sa page Facebook de «Psychoeducatrice à domicile» ainsi que son site Internet au www.sois-et-aime.com.

      >> Aussi à lire : Un vétéran raconte

    commentairesCommentaires

    2

    • S
      Sylvio
      temps Il y a 7 ans
      Ne lâchez pas le morceau courage NS sommes avec vous.
    • V
      VM
      temps Il y a 7 ans
      Bravo pour l'article.
      Beau travail utile pour la société mais qui doit être assez dur psychologiquement.
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