Sylvie Vignet : la voix citoyenne
Dès le lancement de sa campagne, Sylvie Vignet a souhaité faire différent, faire autrement. Un message qui, dans la cacophonie des échanges acrimonieux entre les candidats, a porté ses fruits dimanche. Au lendemain d’une soirée riche en émotions, Info Dimanche a rencontré la nouvelle mairesse de Rivière-du-Loup.
Radieuse malgré la courte nuit, la femme de 59 ans aborde son nouveau rôle avec une fierté manifeste. Face à l’hôtel de ville pour une prise de photo, les automobilistes la reconnaissent, ils klaxonnent comme une approbation des résultats de l’élection. Sylvie Vignet les salue, souriante, énergique.
«Sans prétention, je me sens fière. Fière de m’être rendue là, vous savez, personne ne m’a ouvert le chemin, les combats que j’ai faits jusqu’à maintenant ce sont mes combats. Je suis fière et je sais que je peux aller plus loin et j’ai maintenant les l’opportunité de le faire.»
DE LA GASPÉSIE À RIVIÈRE-DU-LOUP
Voilà donc la deuxième mairesse de Rivière-du-Loup qui sera assermentée le 13 novembre prochain. Mme Vignet est native de Port-Daniel en Gaspésie. Elle parle aujourd’hui de sa ville d’adoption comme d’autre d’un coup de foudre amoureux.
«Je suis arrivé ici il y a 40 ans, je travaillais pour La Baie et c’était l’ouverture du magasin, moi je venais former les nouveaux employés. La chaleur des gens, les bonjours dans la rue, l’accueil, on se sent immédiatement chez soi à Rivière-du-Loup… je suis tombée sous le charme.»
Sylvie Vignet n’a pas mis de temps à s’intégrer à son nouvel environnement. En plus d’y fonder sa famille, elle est mère de deux fils âgés de 32 et 27 ans, elle s’est rapidement impliquée au sein de son nouveau milieu, notamment avec le Centre-Femmes. Elle a acquis une réputation de femme de tête, une fonceuse.
«Ça me vient de mon père qui a toujours cru que les femmes devaient prendre leur place. Il croyait au succès des femmes, au pouvoir des femmes. Il me disait toujours qu’il n’y avait rien d’impossible. J’étais sa seule fille pour trois fils. Il m’a appris à prendre ma place.»
Après avoir quitté La Baie à 32 ans, elle effectue un virage dans sa vie et retourne aux études au Cégep de Rivière-du-Loup le temps d’y obtenir un certificat en gestion financière informatique. Elle devient contrôleuse financière chez Rivière-du-Loup Toyota, un poste qu’elle occupe depuis ce temps.
Parallèlement, elle poursuit ses implications citoyennes, notamment en siégeant sur de nombreux comités. Elle sera aussi présidente du CA du Cégep de Rivière-du-Loup et présidente du Réseau des femmes professionnelles du Québec.
FEMMES
Si elle est en faveur d’une meilleure représentativité des femmes en politique, Sylvie Vignet rejette le principe de parité. «Ça doit aller à la compétence. C’est ton talent, ton intelligence, ton travail qui doit te permettre de percer et non le respect d’un quota. Elles doivent avoir envie d’aller se battre pour leurs convictions.»
Elle observe que si les femmes se sentent dans l’obligation de faire leurs preuves avant de faire le saut en politique, les hommes font plutôt preuve de confiance. «Souvent ils sont sûr d’eux, ils ont confiance dans leurs moyens et vont y aller. Moi, je ne me serais jamais présentée à la mairie sans avoir été conseillère.»
MENTOR
Outre son père, décédé trop tôt à l’âge de 54 ans, c’est l’ex-mairesse de Rivière-du-Loup de 1991 à 1999, Denise Levesque qui lui fait office de mentor. «Mme Levesque a toujours cru en moi. Elle est discrète, mais elle me pousse à réfléchir à des aspects qui auraient pu m’échapper.»
D’ailleurs, c’est Mme Levesque qui a incité Sylvie Vignet à s’impliquer en politique municipale à l’époque où Jean D’Amour était maire. «J’ai adoré ma première campagne, le porte-à-porte. C’est ce qui m’a manqué en 2017, avec la course à la mairie, le temps de prendre du temps avec les citoyens manque, je vais me reprendre avec des rencontres citoyennes mensuelles. Je trouve ça important de les entendre.»
VOIX CITOYENNE VS FONCTIONNAIRES
Elle promet que lors de ces rencontres, des sujets aussi divers que le site Internet de la Ville, l’implantation d’un parc à chien, ou même des piscines publiques y seront abordés. «Le citoyen ne doit pas être remplacé par le haut fonctionnaire. Il faut que les gens recommencent à croire dans leurs élus, qu’ils se sentent entendus.»
À ceux qui craignent qu’elle se fasse avaler par la lourdeur de l’appareil municipal, elle offre cette réponse tranchée : «Ça ne marchera pas !» Elle propose de tourner la page sur les quatre dernières années et tend la main au conseil avec qui elle entretient déjà d’excellentes relations, notamment avec les quatre conseillers sortants.
«Ce qui a manqué, c’est le respect et la confiance. La population nous a donné un mandat fort, la population veut du changement. Les élus vont reprendre leur place. Même chose pour les fonctionnaires, dont le directeur général Jacques Poulin. C’est un homme que je respecte, c’est un homme brillant et compétent, mais ce changement, nous devrons le faire ensemble ou nous séparer. Mais je souhaite travailler avec lui. (…)La parole des citoyens passe par les élus et non par les fonctionnaires.»
Du même souffle, elle promet de revoir l’intégration des avancées de trottoir. La loi du gros bon sens doit s’appliquer souligne la nouvelle mairesse. «Quand je vais vouloir avoir des chiffres, avant on ne les avait pas, mais là, je plains celui qui ne me les donnera pas», promet-elle, mi-figue, mi-raisin.
ET DANS 4 ANS ?
«J’aimerais qu’à la fin, les gens disent que j’ai fait une différence, qu’ils disent que je les ai écoutés. D’avoir ramené les idées à la base, faire le lien entre nos fonctionnaires qui font du bon travail et le citoyen», conclut Sylvie Vignet.
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