Marjorie Plourde se distingue dans un concours d’écriture sur l’environnement
Marjorie Plourde de l’École secondaire de Cabano est lauréate de la Bourse d’écriture de Télé-Québec dans le cadre du concours «L’écorce fabuleuse» qui a pour objectif premier de sensibiliser les jeunes à différentes problématiques environnementales.
Au même titre que les autres participants, l’étudiante de cinquième secondaire a présenté un texte de fiction sur le thème de l’alimentation en y intégrant une série de mots parmi ceux proposés. Marjorie Plourde s’est distinguée dans la catégorie 5e secondaire avec un texte intitulé «Le début de la faim» que l’on peut lire un peu plus loin.
Cette reconnaissance lui a été remise à l’occasion du Salon du livre de Rimouski le 4 novembre dernier. Il s’agissait de la 11e édition du concours de «L’écorce fabuleuse», maintenant devenu les Prix de la relève littéraire du Bas-Saint-Laurent, présenté par le Carrefour de la littérature, des arts et de la culture (CLAC) Mitis.
Notons également que Thomas Michaud , étudiant de 1re secondaire à l’École secondaire de Dégelis, est le gagnant du stage d’une journée en écriture numérique à ICI Radio-Canada - Rimouski.
Texte intégral de Marjorie Plourde :
Le début de la faim
Un autre repas que je ne verrai pas. D’autres saveurs que je ne goûterai jamais. Une pilule contenant tous les nutriments nécessaires pour survivre à la journée dans une main et un verre rempli d’un liquide douteux dans l’autre, je ferme les yeux et je m’apprête à avaler mon seul et unique repas. C’est devenu coutume pour moi, mais parfois j’aimerais revenir en arrière. J’ai oublié le goût des aliments frais dans ma bouche. J’ai oublié comment on attendait avec impatience le temps de la récolte pour pouvoir savourer des légumes fraîchement cultivés. J’ai oublié qu’auparavant d’autres êtres vivaient aussi sur cette planète. J’ai oublié qu’on pouvait jadis se désaltérer d’une eau pure et limpide. J’ai oublié tant de choses, mais je n’ai jamais oublié la Terre, notre mère nourricière, comme vous, vous l’avez fait.
L’humanité a fait un choix très important. Elle a choisi de détruire la planète afin d’obtenir de simples bouts de papier qu’on appelle « argent ». J’ai bien peur qu’elle ait fait le mauvais choix. Lorsque que nous avons enfin réalisé que l’argent ne se mangeait pas, nous n’avons même pas tenté de changer le sort de la planète. Nous l’avons simplement abandonnée. Nous l’avons regardée mourir à petit feu sous nos yeux. Je me rends compte à quel point nous sommes des êtres égoïstes. Je croyais que nous, habitants de la Terre, allions sonner l’alarme bien plus tôt. Maintenant, croquer dans une pêche juteuse, humer l’odeur d’une rôtie au petit matin et contempler une assiette colorée ne sont que de lointains souvenirs.
Lorsque nous devions réduire la pollution émise, nous ne l’avons pas fait. Lorsque nous devions tenter de préserver les ressources fragiles qu’il nous restait, nous ne l’avons pas fait. Nous devions nous entraider, nous devions être solidaires. Nous l’avons été, à une lettre près. Nous étions si près du but, nous aurions pu réussir à sauver notre joyau. Au lieu de cela, nous l’avons noyé dans l’essence et nous avons rasé ses poumons. Si près du but et pourtant si loin.
Les gens que je côtoie disent que je suis irréaliste et ils ont sûrement raison, mais pourquoi blâmeraient-t-ils une jeune fille parce qu’elle se permet de rêver que les choses auraient pu être bien différentes? Parfois j’aime imaginer que cette pilule que je prends chaque matin est une pomme bien mûre que j’ai cueillie le jour même, mais à chaque fois la réalité me rattrape, le cachet redevient un simple cachet. J’aimerais tant pouvoir déguster, goûter et me délecter, au moins une dernière fois, d’un bon repas et cette fois, je prendrais le temps de l’apprécier.
Aujourd’hui, c’est l’un de ces matins où je me permets de rêvasser. Je prends une grande inspiration et j’avale la pilule. C’est tout ce que j’aurai pour la journée, mais ce n’est jamais assez. Je voudrais plus, beaucoup plus. J’ouvre les yeux, je me regarde dans le miroir. Je fais un léger sourire. Je ne souris pas parce que je suis heureuse. Je souris parce que le peux encore. Je ne sais pas si demain je le pourrai toujours, mais aujourd’hui, je remercie la Terre de me permettre de vivre une autre journée à ses côtés. C’est le début de la faim, mais j’espère encore.
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