Le Club Appalaches et son «aura de peur» comme enjeu électoral
À quelques jours du déclenchement de la campagne électorale, la MRC des Basques et la Première Nation Malécite de Viger interpellent les partis politiques sur les privilèges accordés aux membres du Club Appalaches. Pour le préfet de la MRC des Basques, Bertin Denis, le temps est venu de mettre fin à «l'aura de peur» que fait régner le club sur son territoire.
Pour faire passer son message, la MRC vise l'ensemble de la population de la Belle province. «Après avoir essayé par la voie juridique, nous faisons appel aux valeurs profondes des Québécois. En 2018, un club exclusif qui détient pour seulement quelques dizaines de membres les droits exclusifs de chasse et de pêche sur un territoire de 150 kilomètres carrés, un club qui empêche le développement d'une MRC, c'est peut-être légal, mais c'est immoral», lance son préfet.
M. Denis ne mâche pas ses mots quand vient le temps d'illustrer l'emprise du Club Appalaches sur le territoire. «Le club a toujours mis autour de ses droits une aura de peur et de terreur pour empêcher les gens d'y circuler. Je ne parle pas d'y pêcher ou d'y chasser, mais de simplement y marcher.»
L'initiative de la MRC et de la Première Nation Malécite de Viger remet donc à l'avant-scène l'expropriation du club afin de permettre la réalisation d'un parc Inter-Nations. Rappelons qu'en 2013, l'Assemblée nationale a adopté un projet de loi privé permettant à la MRC de créer un organisme à but non lucratif qui aurait pour mandat de développer et gérer le futur parc régional.
«Notre volonté à la MRC est de développer l'ensemble de notre territoire et de l'ensemble de ses ressources, mais le club est un frein. (...) Notre territoire est handicapé pour deux de ses grandes valeurs, soit la chasse et la pêche alors que c'est l'endroit où (le territoire non organisé des Basques) est le plus prolifique. À partir du moment où le club est exproprié, le projet est relancé», souligne Bertin Denis.
Le préfet rappelle qu'actuellement, Tourisme les Basques, que ce soit par son guide touristique ou le blogue animé par Sébastien Rioux, est limité à la promotion, plutôt qu'au développement du territoire.
La MRC et la Première Nation Malécite de Viger souhaitent donc alerter l'opinion publique au-delà même de la région et d’en faire une question de moralité afin de forcer la main du prochain gouvernement à libérer ces droits exclusifs. «Tant mieux si on peut se rendre à Mario Dumont et à Salut Bonjour! On veut rendre aux Québécois le territoire dans une gestion publique et démocratisée.» Déjà vendredi matin, le Journal de Québec faisait écho aux demandes de la MRC.
La MRC déplore qu'en 2016, le Club Appalaches se soit opposé à la création du Parc éolien Nicolas-Riou. En 2017, le club a réclamé une indemnité de 13,6 M$. La MRC confirme que la procédure risquait de retarder la mise en opération du parc éolien. Dans le cadre d'une entente hors cour, une compensation présentée comme «généreuse» a été versée au club. Le montant précis n'a pas été dévoilé.
CLUB APPALACHES
Le Club Appalaches occupe environ 150 kilomètres carrés de terres publiques situées dans les Basques, près des municipalités de Sainte-Françoise, Saint-Médard et Saint-Mathieu-de-Rioux. Les membres sont propriétaires d’une trentaine de constructions et de chalets installés sur des terres publiques, sans toutefois payer de loyer au ministère des Ressources naturelles. Il lui est interdit par la Loi de restreindre l’accès au territoire public avec l’aide de barrières ou de qui que ce soit destiné à entraver une voie d’accès.
Le Club Appalaches évalue à « plus de 50 M$ » la valeur de ses droits, des droits acquis en 1955 pour la somme de 11 000 $. De son côté la MRC soutient être privée d'un manque à gagner annuel d’environ 150 000 $ en revenus de taxes foncières.
HISTORIQUE
Historiquement, les territoires fauniques du Québec étaient gérés par les clubs de chasse et de pêche. Le gouvernement a révoqué les baux de ces clubs à la fin des années 70, lorsqu'il a créé les zecs (zones d'exploitation contrôlée), opération communément connue sous le nom de Gestion Faune, vaste opération de « déclubage ».
Toutefois, le Club Appalaches n'a pas été « déclubé », uniquement parce que la zone de 150 km carrés, à l'origine privée, avait été vendue à une compagnie forestière dans les années 50, mais pas les droits exclusifs de chasse et de pêche. Si bien que lorsqu'est survenu le déclubage en 1978, le territoire est devenu public, mais pas les droits de chasse et de pêche, qui par un acte notarié, ont toujours appartenus au Club et à ses membres.
En 2010, des élus et des citoyens des Basques ont créé l’association Les amants du territoire public des Basques, qui a pour but la promotion de l’occupation pleine et entière du territoire public au profit de tous les citoyens et qui veut encourager l’accès au territoire, arguant que plusieurs citoyens croient à tort que celui-ci est inaccessible, en raison principalement de la présence d’un club privé.
8 commentaires
le club c'est pas opposé aux éoliennes, il voulait seulement s'assurer que ce soit bien fait. arretez donc de propager de vielles histoire avec les gardiens du temps que la circulation n'était pas permise à tous. croyez moi la gardienne n'a rien de méchante.
Bertin devrait savoir qu'on ne peut exproprier pour ensuite faire la même chose (chasse et pêche) pour qu'une expropriation soit possible ça doit etre pour pouvoir faire une activité autre.
Bertin semble avoir un problème personnel avec le club et dépense temps, énergie et argent de façon égoïste. y a-t-il quelqu'un qui va lui reprocher un jour?