Violence envers les enseignants : des chiffres à l’appui
Les cas de violence, qu’elle soit physique ou psychologique, font aujourd’hui partie du quotidien des enseignants à tous les niveaux. Une situation «très préoccupante» révélée par une enquête réalisée cet automne par le Syndicat de l’Enseignement du Grand-Portage (SEGP).
Le sondage maison, auquel ont répondu 347 enseignants de la région sur une base volontaire, soit 30 % des membres de l’organisation syndicale, révèle ainsi que 18 % des répondants ont subi de la violence physique et que 43 % d’entre eux ont vécu des cas de violence psychologique durant l’année scolaire 2017-2018 et à l’automne 2018.
Toujours selon les données transmises par le syndicat, près de 60 % des enseignants qui rapportent des gestes physiques précisent avoir reçu des coups de la part des élèves. Au moins 45 % d’entre eux disent également avoir été bousculés ou s’être fait lancer un objet.
«Près du quart des répondants mentionnent avoir subi cette violence à plus de 6 reprises durant la période ce qui est énorme», souligne Natacha Blanchet, présidente du SEGP. «Dans un contexte d’épuisement, dans lequel plusieurs enseignants prennent des congés de maladie, il est juste de se demander quel impact ont ces gestes sur leur santé.»
La violence «non physique» semble tout aussi répandue, puisque des 148 personnes qui ont révélé en avoir été victimes, plus de 90 ont subi des cris ou des propos injurieux. Le blasphème est la forme la plus fréquente, puisque 73 % de ces enseignants disent l’avoir subi. Les courriels agressifs, l’arrogance et les cas de harcèlement sexuel seraient d’autres exemples.
PARENTS
Les résultats de l’enquête rapportent également que les élèves ne sont pas les seuls en tort. Près de 16 % des enseignants ont en effet dit avoir subi de la violence «autre que physique» de la part d’un parent. Cette situation, «bien réelle», est vécue par 19 % des enseignants du secteur secondaire et par 18 % de ceux du secteur primaire (parmi les répondants).
Notons que la nature de cette violence autre que physique de la part d’un parent est vécue par 44 % des répondants par biais de l’intimidation et des menaces. Les propos injurieux, les blasphèmes, les coups sur le bureau, les lettres de bêtises et les messages agressifs sont aussi des formes sous lesquelles la violence s’exprime. Durant la période, pour 95 % des répondants, ces gestes se sont produits entre 1 et 5 reprises.
«Ces situations sont peut-être moins nombreuses, mais elles ébranlent», confie Mme Blanchet. «Avec l’avènement des courriels, les enseignants sont constamment sollicités, même la fin de semaine. Il y a une pression transmise par les menaces et l’intimidation. Ce n’est pas acceptable.»
«PEU DE RAPPORT D’ACCIDENT»
Le sondage du Syndicat de l’Enseignement du Grand-Portage indique par ailleurs que seulement 2 % des enseignants victimes de violence quelconque ont rempli un rapport d’accident pour chacune des situations vécues. Parmi ceux qui n’ont jamais fait l’exercice, plusieurs ont jugé que le geste subi «n’était pas assez grave» ou «que ça ne changerait rien de remplir le rapport». D’autres, dans une proportion moins importante, ont aussi mentionné que cela pouvait compliquer les relations avec la direction, qu’ils croyaient être capables d’endurer ou qu’ils avaient simplement peur des représailles.
«Nous encourageons une première action simple et accessible pour nos membres, soit de sensibiliser leurs collègues enseignants victimes de toute forme de violence de remplir la déclaration d’accident. Aucune forme de violence ne doit être tolérée. Pour agir, il faut savoir.»
Le syndicat considère que malgré un certain nombre de limites (les secteurs de l’éducation aux adultes et de la formation professionnelle sont peu représentés), l’enquête dresse un portrait qui «peut être considéré représentatif de la situation des enseignants».
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