L’industrie du taxi en colère à Rivière-du-Loup
La grogne des chauffeurs de taxi québécois envers le projet de loi 17 du gouvernement Legault trouve écho en sol louperivois. L’homme d’affaires Steeve Malenfant, propriétaire de Taxi Beaulieu, ne dérougit pas. Il croit que la réforme aura un impact non seulement sur son entreprise, mais aussi sur le service offert à la clientèle.
À l’instar de leurs confrères à travers la province, les chauffeurs de taxis locaux sont en grève aujourd’hui. Aucune course régulière ne sera réalisée. Notons toutefois que cinq voitures restent disponibles pour les services de transports médicaux. «C'est essentiel», lance M. Malenfant.
Rejoint au téléphone lundi avant-midi, l’entrepreneur était visiblement en colère envers les démarches de la CAQ et de son ministre des Transports, François Bonnardel, qui visent une forte déréglementation de l'industrie du taxi. Une opinion partagée par des centaines, sinon des milliers, de chauffeurs québécois qui protestent de Rimouski à Gatineau, en passant par Chicoutimi.
«On retombe dans les années 40», laisse-t-il tomber. «Ça n’a pas de bon sens, ils sont en train de tout détruire ce qu’ils ont construit. Maintenant, n’importe qui va pouvoir faire du taxi à temps partiel pour arrondir les fins de mois. C'est le service aux clients qui va écoper.»
Le projet de loi 17 est complexe, mais il prévoit notamment de mettre fin au contingent des taxis et aux territoires exclusifs. Également, les chauffeurs ne devront avoir qu'un permis de classe 5 (au lieu d'une classe 4C), et il n’y aura plus d’immatriculation «T» réservée aux taxis.
Partout en province, cela est d'ailleurs source de grande inquiétude pour les propriétaires, puisque les permis de taxi représentent des dizaines de milliers de dollars. Un investissement qu'ils risquent de perdre en grande partie si le gouvernement ne leur offre pas une compensation à la hauteur.
«À 35 ans, au lieu de m’acheter un bloc appartement, j’ai acheté des permis de taxis. C’est là-dedans que j’ai tout investi […] Ça fait 10 ans que je fais ça et tout d’un coup, on me dit qu'ils ne vaudront plus rien», souligne-t-il, évaluant ses 15 permis à environ 50 000 $ chacun.
MODULATION DES PRIX
La réforme ouvre également la grande porte à des services comme Uber qui pourront désormais opérer partout au Québec. Selon le gouvernement, les chauffeurs qualifiés auront aussi la liberté de délaisser leur désignation traditionnelle de taxi pour recourir à des modèles de tarification dynamique. Cela permettra aux entreprises de moduler leurs tarifs en fonction de l’achalandage ou de l'heure de la journée.
«Si aucun de mes taxis n'est disponible dans l’immédiat, un trajet qui te couterait 10 $ pourrait t’en couter 30 $. Évidemment, le client va accepter ou non, mais tu vas avoir des chauffeurs qui vont faire de l’abus, c’est certain.»
RENCONTRE AVEC DENIS TARDIF
Steeve Malenfant regrette que le projet de loi ne prenne pas en considération les réalités différentes entre les grands centres et les régions. Tôt lundi, il a rencontré le député Denis Tardif pour lui faire part de son mécontentement. «J’ai senti une ouverture de son côté, une écoute. Il n’a évidemment rien promis, mais il s’est engagé à rencontrer M. Bonnardel.»
Un peu partout au Québec, les chauffeurs de taxis en colère démontrent leur désaccord en ralentissant la circulation avec des cortèges. Une façon de faire que ne compte pas imiter Steeve Malenfant à Rivière-du-Loup.
Le gouvernement entend accompagner l'industrie du taxi dans sa migration vers le nouveau régime. L'entrée en vigueur de la loi, une fois adoptée, se ferait graduellement.
Plus de détails à venir...
9 commentaires
Dans nos régions, l'industrie du Taxi est un service essentiel pour beaucoup d'usagés et en plus nous avons la chance d'avoir un excellent service
En espérant que M. Bonnardel revienne sur sa décision en protégeant le monde d'ICI
J’ai finalement tout perdu....
Et le gouvernement ne m’a pas aidé...
(Ironique bien sûr...)
toi tu as vécu un virage complet, moi la journée qu ils mettront des véhicule qui se conduise toutes seul on parlera de la même affaire.Pour le moment c est encore un humain qui conduit le véhicule.