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L’attaque du temps au Fort Ingall

durée 6 juillet 2020 | 06h55
  • Mario Pelletier
    Par Mario Pelletier

    Journaliste

    Le Fort Ingall est la reconstitution authentique de la forteresse britannique érigée à cet emplacement en 1839 lors d’un conflit frontalier opposant les États-Unis et le Canada. En 2020, la seule attaque qui le menace est celle du temps. Le 1er novembre dernier, un poteau maître s’est affaissé entrainant avec lui deux sections de palissade, signe indéniable de l’approche de ses 50 ans.

    La reconstruction du Fort Ingall de Cabano à Témiscouata-sur-le-Lac a été réalisée de 1972 à 1980. Sa palissade comprend 146 poteaux maîtres dont la base est enfouie dans le sol et autant de sections hors terre de 8 poteaux. L’ensemble est fait de pin rouge qui a servi pour remplacer le pin blanc que l’on retrouvait en abondance au Témiscouata en 1839.

    Le poteau maître affaissé a été remplacé en juin permettant de remettre la palissade debout. En regardant certaines sections, on comprend vite que le travail de réparation ne fait que commencer. D’ailleurs, deux employés de la firme Actuel Conseil de Pohénégamook vérifient au cours de l’été l’état de tous les poteaux maîtres de la palissade. Pour ce faire, ils prélèvent une carotte de bois à la base qui permettra de déterminer le niveau de pourriture de chaque pièce.

    «C’est la question, comment sont les autres?», a lancé Étienne Frenette, directeur général de la Société d’histoire et d’archéologie du Témiscouata qui gère le site archéologique reconnu par le gouvernement du Québec. D’ailleurs, tous les travaux réalisés doivent être approuvés par les autorités provinciales et suivis par un archéologue. Lors du remplacement du poteau porteur, on a trouvé de la vaisselle bleue utilisée par les officiers et de la poterie.

    «À l’époque, on construisait un fort de campagne pour durer de 5 à 10 ans, le temps du conflit. Maintenant pour la reconstruction, on garde l’apparence ancienne mais on ajoute des matériaux modernes pour durer plus longtemps, possiblement jusqu’à 50 ans», a expliqué M. Frenette.

    COMBIEN DE POTEAUX?

    Combien de poteaux maîtres seront-ils à changer? On aura une meilleure idée de l’ampleur du projet à la fin de l’été ou à l’automne quand tous les échantillons prélevés auront été analysés. «Celui qui est tombé n’est pas un de ceux qui montraient des signes de faiblesse évidents», a noté Étienne Frenette. Quant à la facture, elle sera assurément élevée puisque le remplacement du poteau tombé en novembre dernier et la réparation des portions de palissade ont couté plus de 10 000 $. Lors de la réfection de la palissade, on en profitera aussi pour rehausser les sections de bois qui touchent maintenant le sol à plusieurs endroits, un autre effet des années passées.

    Outre la palissade, le Fort Ingal comprend actuellement 7 bâtiments de plus grande envergure et 2 plus petits (bécosses). Le mess des officiers et la boulangerie (seule structure de pierres) n’ont pas été reconstruits. «Les structures des bâtiments se portent bien, il resterait quelques toitures», a noté le directeur général. Des travaux ont d’ailleurs eu lieu en 2015. Pour la palissade, on espérait le remplacement des poteaux maîtres pour 2022, soit pour les 50 ans du début de la reconstruction du Fort Ingall.

    SAISON TOURISTIQUE

    Plusieurs attraits touristiques resteront fermés cet été en raison de la pandémie COVID-19. Le Fort Ingall sera accessible mais les responsables ont modifié l’offre de services. «Nous n’avons pas droit au dortoir cette année, il sera fermé sur les recommandations de la santé publique», a mentionné le directeur général. De plus il n’y aura pas de visites guidées, les animateurs présents répondront directement aux questions des visiteurs. «C’est positif jusqu’à maintenant, les gens restent un peu plus longtemps, environ une heure et 30 minutes comparativement à une heure pour la visite guidée», a souligné Étienne Frenette.

    «Notre clientèle est principalement composée des touristes de passage. Avec le Nouveau-Brunswick qui a fermé ses frontières, nous avons espoir que les Québécois nous visitent plus cette année», a noté M. Frenette.

    Le bateau du Parc national du Lac-Témiscouata ne fera pas de navettes au Fort Ingall cette année. «Cela avait donné de très bons résultats l’an dernier. Avec la navette c’était facile, mais nos amis du parc continuent à parler de nous», a-t-il poursuivi.

    La décision de maintenir la saison touristique a également été influencée du fait que le Fort Ingall peut bénéficier de subventions d’Emploi Été Canada et de Jeunesse Canada au Travail pour l’embauche d’étudiants à l’accueil et à l’animation.

     

     

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