Le narval de retour parmi les bélugas dans le fleuve Saint-Laurent
Depuis maintenant quatre ans, des bélugas du fleuve Saint-Laurent ont adopté un jeune narval mâle comme l’un des leurs. Sa présence a été rapportée le 4 aout à partir du site d’observation terrestre de Pointe-Noire, à Baie-Sainte-Catherine, puis le lendemain dans le parc national du Fjord-du-Saguenay, dans la baie Sainte-Marguerite. Un phénomène inhabituel qui suscite l’intérêt du Groupe de recherche et d’éducation des mammifères marins.
«C’est le même narval qui est observé dans un groupe de bélugas depuis 2016. Il est possible qu’il soit observé ailleurs dans le Saint-Laurent au cours des prochaines semaines, donc à Cacouna ou Rivière-du-Loup», explique la responsable des communications pour le Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins, Marie-Ève Muller. L’individu peut être reconnu à l’aide des taches sur son dos et son cou. Sa présence parmi un groupe de bélugas est aussi un bon indice sur son identité.
«C’est inhabituel puisque cette espèce de mammifères marins est supposée de se trouver dans le cercle Arctique. Ce narval est donc à 1 000 kilomètres au sud de son habitat habituel. On n’a pas tendance à observer les bélugas et les narvals ensemble à cet endroit», ajoute Mme Muller. Le narval vit habituellement près du Groenland, de la Norvège et de la Russie. Le béluga et le narval sont des espèces cousines faisant partie de la famille des monodontidés. Ces mammifères marins vivent dans les régions arctiques et subarctiques. Ils sont donc capables d’interagir ensemble, précise Marie-Ève Muller. Le narval peut être observé parmi les bélugas à l’œil nu à partir de la rive, mais la distinction entre les deux espèces est plus difficile à faire à distance. Le dos gris tacheté du narval ressemble à celui d’un béluga adolescent.
«Il faut surveiller des dos blancs scintillants qui sont plus persistants qu’une vague. Quand on observe un béluga, on en voit aussi plusieurs autres par la suite. Leur distance à partir de la rive varie selon leurs déplacements», ajoute la responsable des communications du GREMM. Il est aussi important de respecter une distance minimale de 400 mètres avec les espèces de baleines, dauphins et marsouins en voie de disparition ou menacés en vertu de la Loi sur les espèces en péril, ce qui inclut les bélugas et les rorquals bleus, et ce partout dans l’estuaire du Saint-Laurent, peu importe le type d’embarcation.
Le GREMM continuera de détailler les observations de ce compagnon particulier des bélugas, puisqu’il est rare d’observer un phénomène d’adoption par une autre espèce. «Le narval semble mener une vie ‘’normale’’. Il est bien en chair et est sociable avec les bélugas […] Il faudra voir combien de temps cette association va durer. Est-ce qu’il a des compagnons stables ou il change de groupe? Ce sont des questions auxquelles nous allons tenter de répondre», complète Marie-Ève Muller.
En 2018, un drone a permis de capter des images du narval, bien intégré dans un groupe de bélugas du fleuve Saint-Laurent, adoptant le même comportement. Il peut être observé dans tout l’habitat naturel des bélugas dans le fleuve Saint-Laurent, de L’Isle-aux-Coudres jusqu’à Forestville, selon leurs déplacements.
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