Un amoureux des avions à Pohénégamook
Un pied sur la clôture du belvédère d’Estcourt, Bernard Asselin regarde le lac Pohénégamook, l’air songeur. Ses pensées sont tournées vers son avion préféré, un De Havilland Beaver DHC-2. Un hydravion qu’il qualifie de «meilleure machine de brousse», rêvant de s’installer à ses commandes. À défaut, il l’a construit en modèle réduit, mais attention, à l’échelle 1 : 4.
Bernard pratique le modélisme depuis huit ans.« Nous sommes des pilotes manqués, maniaques d'aviation qui aimeraient détenir de vrais avions, mais le modèle réduit est plus accessible », explique-t-il. Sa passion de la conduite d’avions téléguidés lui vient de celle de l’aviation, mais aussi de sa première visite, il y a une dizaine d’années, au spectacle aérien de l’aéromodélisme de Saint-Jacques au Nouveau-Brunswick qui se déroule chaque mois d’aout.
Il se rappelle qu’à l’école, il n’empruntait que les bandes dessinées Rafale à la bibliothèque. Des BD qui mettent en scène des exploits aéronautiques. C’était avant que son père n’obtienne ses licences de pilote en 1975. Le jeune Bernard Asselin avait alors 10 ans.
« Quand il suivait ses cours, il m’amenait tout le temps à l’aéroport, moi je m’assoyais et j’attendais. Je le voyais partir dans les airs et j’allais voir les avions qu’il y avait sur le tarmac en attendant qu’il revienne […] Parfois, j’embarquais pendant ses leçons, le formateur lui donnait le droit », se souvient-il, tout sourire. Ils ont partagé leur passion et ont fait des tours d’avion pendant plus de 10 ans.
Autre époque, autre réalité. Aujourd’hui, le monde de l’aviation a changé. « Si l'on recule de 40 ans, ça paraissait inaccessible [comparativement] à aujourd’hui […] Cependant, de nos jours, il est préférable d’avoir une entreprise. L’achat d’un avion est faramineux, l’assurance n’est pas donnée et le laisser à l'aéroport est coûteux », confie-t-il.
BEAVER PREND SON ENVOL
Il était donc plus abordable pour lui de se tourner vers les avions téléguidés afin d’assouvir sa passion. Son Beaver, le seul au Canada selon Modélistes Aéronautiques Associés du Canada (MAAC), fait 10 pieds d’ailes, 7 pieds de long, environ 32 pouces de haut, pèse 45 livres, peut voler dix minutes, puis atteindre une vitesse de 160 km/h. Il est la reproduction identique à l’échelle 1 : 4 d’un vrai Beaver de 40 pieds d’ailes construit en série de1947 à 1967.
Son modèle réduit fonctionne avec un moteur reproduisant le bruit exact que M. Asselin adore. Pour l’instant, son hydravion n’a fait que des essais sur l’eau : « Ça fait deux ans que j’essaie de le faire voler et maintenant il est prêt, assure avec confiance l’aéromodéliste qui vient de régler son problème de flotte. Pour Bernard Asselin, il existe trois types d’aéromodélistes : ceux qui fabriquent toutes les pièces de A à Z, ceux qui, comme lui, se procurent la base ou ceux qui achètent l’avion presque entièrement fait. Le processus de conception l’anime dans ce loisir. «Tu construis ton avion, donc tu sais de quelle façon il est fabriqué. Après tu apprends à le conduire. Puis tu pilotes, comme si c’était un vrai», dit-il, le regard illuminé. Quatre petits hydravions sont nés de ses mains, dont deux qu’il détient encore. Son Beaver qu’il fera voler bientôt et son J3 Piper Cub, qu’il a choisi pour sa facilité à contrôler. Son temps, il ne l’a pas calculé, mais près de trois années par avion ont été nécessaires à leur construction.
PASSER LA MANETTE
Le mordu d’avions aimerait donner le gout à des plus jeunes de commencer l'aéromodélisme. Bien qu’il ait pu faire de nombreuses rencontres grâce à son loisir, personne ne lui a confié avoir eu la piqure. Après 8 ans, Bernard se sent prêt à avoir un apprenti pour lui partager ses connaissances, lui léguer sa passion.
Approché par le MAAC, le Pohénégamookois a écrit un article pour leur prochaine revue à paraitre où il invite les adeptes d’avions téléguidés à le rejoindre au lac Pohénégamook. Si les amateurs se pointent en grand nombre, il souhaiterait créer un évènement pohénégamookois pour regrouper les aéromodélistes.
L’amoureux des avions pilotera, à vents tombés, son Beaver qu’il considère comme son chef-d’œuvre, au-dessus du lac de sa ville natale. Pour le trouver, il suffit de se rendre au belvédère d’Estcourt tôt le matin ou le soir à vent plat et de suivre l’hydravion dans le ciel, jusqu’à son amerrissage.
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