Au nom de ma mère
Le cri du coeur d'Olivette Caron publié dans notre édition de la semaine dernière a fait réagir. Info Dimanche a reçu de nombreux témoignages d'hommes et de femmes qui se sont reconnus dans les mots, voire les maux, de Mme Caron. Parmi eux, celui de Michel Gagnon-Brière, inquiet pour sa mère de 94 ans.
D'emblée, l'enseignant en Gestion et intervention en loisir au Cégep de Rivière-du-Loup a tenu à souligner qu'il est favorable aux consignes sanitaires, notamment au port du masque et à la mise sur pause de certaines activités en zone rouge. Mais ce dernier se demande si, pour protéger les personnes âgées de la mort, la solution trouvée n’était pas de les empêcher de vivre. «C'est exactement ça !», lance-il.
En guise d’exemple, il expose donc le quotidien de sa mère, Reine-Andrée Gagnon, qui demeure en pleine zone rouge dans une résidence pour ainés privée à Limoilou. «Ça fait 40 jours qu'elle n'est pas sortie de sa chambre, une pièce à peine plus grande que ma salle de bain. Elle a la télévision, un ordinateur, des casse-têtes, des mots croisés... Mais elle ne peut plus sortir. Est-ce que les mesures sanitaires sont un obstacle à un minimum de qualité de vie ou de fin de vie ?», se questionne M. Gagnon-Brière.
Sa soeur, qui habite Montréal, et lui communiquent quotidiennement avec elle. Mais c'est insuffisant. «Parfois, ses jeunes soeurs de 83 ans et de 78 ans viennent faire un byebye par la fenêtre, mais encore là... Ma mère ne reconnait plus les préposés aux bénéficiaires, on se dit qu'ils ont quitté pour le réseau public, mais au final, tous ces éléments ont une incidence directe sur sa vie, sur sa qualité de vie. Vivre de cette façon c'est sans doute mourir peu à peu, ou même, c'est accélérer la fin», souligne-t-il.
ZONE VERTE
M. Gagnon-Brière plaide donc pour la création de zones vertes à l'intérieur des résidences pour personnes âgées et dans les centres d'hébergement de soins de longue durée (CHSLD). Qu’il s’agisse d’une bibliothèque, d’un corridor, d’un salon vitré, un endroit où les résidents peuvent circuler accompagnés d’une technicienne au besoin, le temps de faire quelques pas en toute sécurité et de se changer les idées.
«On le sait, à cet âge, l'absence d'activité aussi simple que la marche a un impact considérable sur le tonus musculaire, mais aussi sur l’humeur. Je ne critique pas la résidence, ils font une bonne job dans leurs limites, mais ma mère n’est pas seule au Québec dans cette situation. En même temps, même les prisonniers ont accès à une
cour», lance-t-il en comparaison. Ce dernier se réjouissait, lundi soir, de l’ajout de deux techniciennes en loisirs à la résidence de sa mère.
S’il se dit favorable aux mesures sanitaires, Michel Gagnon-Brière estime qu'une société telle que la nôtre peut et doit mieux faire pour s'adapter à la réalité des personnes âgées. Les autorités doivent être sensibilisées à l’effet pernicieux du confinement chez les plus fragiles, ceux dont la voix porte plus faiblement leur détresse.
1 commentaires
Heureusement, manière de parler ... ma maman et ma belle-maman sont décédées. Fiou!