Rareté de logements locatifs à Rivière-du-Loup
La pénurie de logements locatifs se poursuit et s’aggrave dans plusieurs régions du Québec, dont celle de Rivière-du-Loup, illustre une étude publiée le 28 janvier par la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL). Une situation alarmante qui crée une grande pression sur les familles.
Selon les données du Rapports sur le marché locatif, le taux d’inoccupation des loyers, tous types d’appartements confondus, est passé de 1,8 % à 1,3 % à Rivière-du-Loup au cours de la dernière année. Des logements sont de moins en moins disponibles, alors que ce taux était de 3,2 % en 2017.
«Les experts jugent que lorsque le taux d’inoccupation est autour de 3 %, le marché est équilibré, alors quand il est très en dessous, comme c’est le cas à Rivière-du-Loup et ailleurs actuellement, bien il y a une pression supplémentaire sur les locataires et c’est en général au désavantage des ménages», explique Véronique Laflamme, porte-parole du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU).
L’organisme, dont la mission est la défense et la promotion du droit au logement, s’inquiète des conséquences de la pénurie sur les familles, notamment celles dans le besoin. À Rivière-du-Loup, un taux aussi bas n’a pas été observé depuis de nombreuses années. «Il faut remonter à 2007, c’est-à-dire il y a près de 15 ans, pour retrouver un taux aussi faible», lance-t-elle.
La situation louperivoise serait particulièrement critique pour les plus grands logements adéquats permettant d’accueillir des ménages plus nombreux, constate la porte-parole. Pour un grand quatre pièces et demi, avec deux chambres à coucher, le taux d’inoccupation est de 0,6 % sur le territoire louperivois. On ajoute une chambre? Le taux grimpe à 1,1 %, ce qui est un peu mieux, mais encore bien insuffisant.
Une simple visite sur des sites de petites annonces confirme d’ailleurs que l’offre est réduite. Au moment d’écrire ces lignes, en plein cœur de l’hiver, moins de cinq appartements étaient disponibles sur LesPAC. Quelques-uns étaient aussi affichés sur Kijiji, mais ils étaient également accompagnés par des annonces de recherches en vue de la prochaine période de déménagement.
Alain Martella, gestionnaire pour les Immeubles JFA, un complexe de plusieurs de 80 logements à Rivière-du-Loup, témoigne que les logements disponibles ne restent pas affichés très longtemps. «Un 4 ½ s’est libéré en fin de semaine et j’ai déjà trois visites dans les prochains jours», partage-t-il, indiquant que les demandes sont fortes pour des appartements permettant les animaux.
«Déjà, depuis le début janvier, j’ai une liste d’une quarantaine de noms pour le mois de juillet. Des gens sont même prêts à payer à partir de février, même s’ils ne rentrent qu’en juillet, afin d’avoir un appartement pour cet été. On nous contacte par Facebook, téléphone, courriel…Ça rassemble à ça en ce moment.»
Véronique Laflamme confirme que la demande est beaucoup plus forte que l’offre sur le marché. «Même s’il y a eu des constructions cette année - il y a eu 120 logements locatifs mis en chantier à Rivière-du-Loup -, ce n’est pas suffisant. Il faut comprendre que les logements construits sont en général beaucoup plus chers aussi que les logements occupés. Ainsi, ils ne correspondent pas aux besoins d’une grande partie des ménages en recherche d’un nouveau lieu de résidence abordable», mentionne-t-elle.
COUTS DES LOYERS
Les logements disponibles à la location sont aussi beaucoup plus dispendieux que ceux déjà loués, neufs ou non. Le FRAPRU constate d’ailleurs que la rareté des logements continue d'entraîner une hausse majeure du coût des loyers partout dans la province. Sur l'ensemble des 54 centres urbains de 10,000 habitants et plus recensés par la SCHL, l'augmentation moyenne de loyer est de 5,5%, note le regroupement. À Rivière-du-Loup, le loyer moyen a augmenté de 3,8 % pour atteindre 608 $ par mois en 2020.
«L’indice des prix à la consommation, pour cette même année, est de 0,8 %. Donc le cout du logement a augmenté de façon plus importante que l’inflation et c’est certain que ça nous laisse craindre pour l’appauvrissement des ménages locataires», affirme Mme Laflamme. Elle rappelle que consacrer une part toujours plus importante pour se loger a des conséquences directes sur les autres besoins essentiels.
«Ces hausses vertigineuses du prix des loyers ont des conséquences désastreuses», ajoute-t-elle, donnant en exemple l'importante hausse de fréquentation des banques alimentaires au Québec.
Selon les plus récentes données de Statistique Canada, celles datant du dernier recensement de 2016, 375 ménages locataires de Rivière-du-Loup avaient des «besoins impérieux» de logement, parce qu’ils vivaient dans des logements trop chers, trop petits ou en mauvais états. «C’est la raison pour laquelle nous demandons au gouvernement d’investir dans des logements sociaux, des logements coopératifs, des logements HLM et des logements sans but lucratif pour permettre à ces gens-là qui ont des besoins urgents et qui ont encore moins d’options avec la pénurie de logements locatifs.»
La situation du marché locatif à Rivière-du-Loup n’est pas unique. Elle est plutôt le reflet d’une problématique observée à travers le Québec ces dernières années. En province, au cours des douze derniers mois, le taux d’inoccupation est remonté de 1,8 % à 2,5 % «pour des raisons temporaires liées à la pandémie dans certains secteurs précis comme Montréal», mais il est toujours sous le fameux seul d’équilibre ce qui rend la recherche de logements difficile.
Par exemple, le taux d’inoccupation est aussi sous la barre de 2 % pour les agglomérations de recensement (AR) et villes comme Gatineau, Trois-Rivières, Sherbrooke, Joliette, Alma, Victoriaville, Val-d’Or, Amos, Gaspé et Drummondville.
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