Le projet de CPE à Saint-Arsène en péril
Huit ans après s’être fait octroyer une trentaine de places en Centre de la petite enfance (CPE) en 2013, la Municipalité de Saint-Arsène n’a pas encore vu l’ombre d’une pelle mécanique s’activer sur ce chantier. Voilà que le projet rencontre un autre écueil, après avoir été revu à la baisse à 21 places au fil des années et des changements de partis à la tête du gouvernement. Les délais de traitement du dossier par les différents ministères impliqués mettent le projet en péril.
Entre l’ouverture des soumissions le 4 septembre 2020 et l’acceptation du règlement d’emprunt de la municipalité le 18 mars 2021, 195 jours ont été nécessaires pour négocier et compléter les procédures administratives des ministères de la Famille et des Affaires municipales et de l’Habitation. Selon la directrice du CPE des Cantons, France Laflamme, le délai de 135 jours fixé par l'entrepreneur a expiré.
Si aucune dérogation n’est accordée par le ministère des Affaires municipales, la Municipalité de Saint-Arsène se verra dans l’obligation de retourner en appel d’offres puisque des couts supplémentaires d’environ 77 000 $ devront être déboursés sur un projet global de 990 000 $. Une avenue qui n’est pas souhaitable, selon le maire de Saint-Arsène, Mario Lebel. Il est d’avis qu’un retour en appel d’offres occasionnera un cout plus élevé du projet, un processus administratif qui sera à recommencer, ainsi qu’un délai d’au moins une année supplémentaire. Saint-Arsène bénéficie d’une aide financière d’environ 334 000 $ du ministère de la Famille pour réaliser ce projet en collaboration avec le CPE des Cantons.
«Nous n’avons pas le droit d’octroyer un contrat si on sait qu’il y aura des extras dès le départ. On ne veut pas fermer les yeux et enfreindre les règlements. Il y a un blocage. On parle d’une hausse d’environ 7,8 % sur un projet global de 990 000 $», explique-t-il.
Le début de la construction de ce CPE de 21 places était prévu pour le mois d’avril 2021 sur des terrains appartenant à la Municipalité, près de l’école et du Centre communautaire Morneau. «Quant à moi, on devrait déjà être en train de creuser. On veut allumer des lumières en espérant des résultats positifs», conclut Mario Lebel.
Le conseil municipal de Saint-Arsène a demandé à la ministre des Affaires municipales et de l’Habitation, Andrée Laforest d’utiliser ses pouvoirs en matière d’octroi de contrats pour lui accorder une dérogation. Il demande aussi un appui financier du ministre de la Famille Mathieu Lacombe afin de dénouer l’impasse.
Cette annonce survient alors que plus de 500 enfants de la MRC de Rivière-du-Loup se trouvent présentement sur une liste d’attente sur la plateforme Place 0-5 ans et que des pressions sont effectuées par des milliers de parents du Québec afin de pallier à la pénurie de places en services de garde par l'intermédiaire du mouvement Ma place au travail.
«Nous n’avons pas les moyens de perdre ces places dans la région en raison de problèmes administratifs. On comprend Saint-Arsène d’être complètement découragé de ça. Le problème est majeur, on ne sait plus comment le dire. On sent que le ministre de la Famille écoute mais qu’il est dépassé par la situation. Ça touche les ministères de l’Emploi, de l’Économie, la condition des femmes qui restent à la maison, des parents ne peuvent pas retourner sur le marché du travail par manque de places. Ça va nuire à la relance économique, il faut rapidement qu’on mette le pied sur l’accélérateur», a commenté la mairesse de Rivière-du-Loup, Sylvie Vignet. Elle estime qu'il s'agit d'un exemple de la lourdeur administrative des différents ministères impliqués dans l'ouverture de services de garde. Mme Vignet est impliquée depuis plus de deux ans dans ce dossier et siège sur le comité des services de garde de l’Union des municipalités du Québec.
RÉACTIONS POLITIQUES
Joint à ce sujet, l’attaché politique du député Denis Tardif, Nicolas Lessard-Dupont, ne veut pas négocier sur la place publique. Il précise toutefois qu’on «ne peut pas se permettre de perdre des places en services de garde» dans le contexte actuel. Il invite les intervenants à appeler au bureau du député.
L’attachée de presse de la ministre des Affaires municipales et de l’Habitation, Bénédicte Trottier Lavoie, confirme que le ministère analyse la résolution acheminée par la Municipalité de Saint-Arsène. Elle ajoute que la Municipalité aurait pu solliciter une dérogation «bien avant d’être à quelques jours de la fermeture de l’appel d’offres pour avoir l’esprit tranquille» puisque certains contrôles doivent être faits lors de l’attribution des contrats. «Nous avons à cœur tous les projets qui touchent notamment la petite enfance donc nous ferons notre possible pour permettre à ce projet de voir le jour rapidement», a-t-elle fait savoir par courriel
De son côté, l’attaché de presse du ministre de la Famille, Antoine De la Durantaye, a souligné que le projet de CPE de Saint-Arsène avait bénéficié des mesures annoncées en février 2019 dans le cadre du Plan d’accélération et d’accessibilité des places et d’une enveloppe supplémentaire en décembre dernier pour réaliser ces places. «Le ministère est en contact régulièrement avec la municipalité afin que les travaux puissent débuter dès que possible.»
Le 12 mars dernier, le ministre de la Famille Mathieu Lacombe a annoncé une «optimisation du processus lié à l'ouverture des centres de la petite enfance» pour accélérer la création de places en CPE au Québec. Le nombre d’étapes que devront franchir les projets passera de 17 à 9, représentant environ 12 mois de moins. Cet allègement touche environ 80 % des places en développement, les 4359 places supplémentaires qui seront octroyées à l'été 2021 ainsi que les appels de projets futurs. Le projet de Saint-Arsène, trop avancé d'après la directrice du CPE des Cantons, France Laflamme, n'a pas pu en bénéficier.
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