Radiation de 12 mois pour un infirmier du Témiscouata accro aux narcotiques
Un infirmier qui travaillait au Centre d’hébergement de Rivière-Bleue de 2017 à 2018 a plaidé coupable le 4 mai à trois chefs d’une plainte déposée au conseil de discipline de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec. Sébastien Dumont, âgé de 35 ans, s’est approprié illégalement du Dilaudid et de la morphine injectable à son lieu de travail, a travaillé sous l’influence de narcotiques, compromettant la qualité des soins et a falsifié les signatures d’au moins trois de ses collègues pour avoir accès à ces substances.
Les faits qui lui sont reprochés se sont déroulés entre mai et juin 2018, au CHSLD de Rivière-Bleue au Témiscouata. Le conseil de discipline de l’Ordre lui a imposé une radiation temporaire totalisant 12 mois et une limitation de son droit d’exercer certaines activités professionnelles pour 12 mois à compter de son retour à la pratique infirmière, s’il décide de réintégrer l’Ordre. Lors de cette période, il ne pourra accéder, manipuler ou administrer des narcotiques ou d’autres substances contrôlées.
Sébastien Dumont n’est plus membre de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec depuis le 1er avril 2019. Il a obtenu son permis d’exercice le 9 novembre 2016. À compter du 13 mars 2017, il a été engagé comme infirmier au Centre d’hébergement de Rivière-Bleue (CHSLD) du CISSS du Bas-Saint-Laurent. Au moment des faits, il était titulaire d’un poste d’assistant du supérieur immédiat de jour, un poste en autorité.
TRAME FACTUELLE
Entre les 25 et 29 mai 2018, un témoin a découvert que le décompte du Dilaudid injectable est passé de 40 à 15 vials (fioles). Aucun vial vide n’a été retrouvé dans le bac biorisque lors d’une vérification effectuée le 29 mai 2018. Selon le jugement, plusieurs fioles avec des restants de doses auraient dû être retrouvées. L’enquête interne a révélé qu’une centaine de seringues souillées de sang ont été retracées dans les bacs biorisques du Centre d’hébergement, alors qu’il n’y avait aucune thérapie intraveineuse chez les clients.
Des collègues ont aussi rapporté un comportement étrange de la part de l’infirmier Dumont. Ils ont expliqué qu’il semblait figé, au ralenti, éprouvait des difficultés d’élocution et qu’il avait les mains tremblantes. Il se rendait à la salle de bains à de nombreuses reprises et «y passait beaucoup de temps».
Il a été congédié le 28 juin 2018 à la suite d’une enquête interne menée par le CISSS du Bas-Saint-Laurent. Il n’a pas retravaillé comme infirmier depuis son congédiement. Depuis le 25 novembre 2020, il occupe un emploi de préposé aux bénéficiaires de nuit à la résidence pour personnes âgées La Maison Jules-Édouard, sous l’égide du CISSS du Bas-Saint-Laurent, à Pohénégamook. Son employeur est informé des raisons qui ont entrainé son congédiement à Rivière-Bleue.
Après avoir suivi diverses cures de désintoxication, Sébastien Dumont a affirmé lors de l'audience qu’il est sobre depuis mai 2020. Le conseil de discipline s’est toutefois montré préoccupé par le fait qu'il a de nouveau accès à des narcotiques dans le cadre de son emploi. Il a déclaré qu’il regrette les répercussions de ses gestes sur les membres de la famille. L'ex-infirmier a souligné que ses agissements n’ont jamais eu pour conséquence de priver des clients de leur médication et qu’il n’a pas l’intention de réintégrer la profession infirmière. Selon le conseil de discipline, s’approprier illégalement des narcotiques constitue un vol et porte atteinte à l’une des valeurs fondamentales d’un infirmier, l’intégrité. Le conseil a aussi souligné qu'il s’agit de l’un des gestes répréhensibles les plus graves qu'un infirmier puisse commettre et qu'il mine la confiance du public envers la profession.
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