« Haïti, c’est l’enfer sur terre » - Paul Talbot
Paul Talbot de Rivière-du-Loup est connu pour l’organisation de concerts-bénéfices pour venir en aide à des Haïtiens et des Dominicains. Résidant six mois chaque année à Cabarete en République Dominicaine, à seulement 80 kilomètres de la frontière avec Haïti, il jette un regard inquiet sur la pauvreté qui sévit là-bas et sur la violence qui se manifeste au quotidien.
Selon Paul Talbot, il y a en République Dominicaine plus de 1 500 000 Haïtiens qui ont fui leur pays. «La majorité sont des illégaux, sans instruction. Haïti, c’est l’enfer sur terre», note-t-il. Le président haïtien Jovenel Moïse a été assassiné le 7 juillet à son domicile, un évènement qui menace de déstabiliser un peu plus le pays le plus pauvre des Amériques.
Afin de mieux comprendre la situation dramatique dans laquelle est plongé Haïti, M. Talbot a d’abord partagé avec Info Dimanche le texte d’un journaliste de La Concertation pour Haïti qui produit mensuellement le bulletin Info-Haïti.
Le 1er juillet dernier, Jean-Claude Icart y présentait déjà une situation très difficile dans ce pays ravagé par les conflits. «Relativement épargnée par la première vague de la COVID-19, Haïti n’échappe pas à la seconde vague. Cependant, ce qui retient surtout l’attention, c’est l’omnipotence des gangs armés qui contrôlent désormais toute la région de la capitale. Les bandits agissent librement, sous le regard impuissant et même complice des autorités. Il y a des victimes collatérales et de nombreuses personnes durent quitter leurs demeures pour se réfugier dans des communes voisines. Ils seraient environ 10 000 déplacés internes aujourd’hui», explique M. Icart.
«À la fin du mois, une trentaine de personnes, dont un journaliste très connu et une militante, porte-parole d’un regroupement, ont été assassinées. Le porte-parole du syndicat des policiers fut tué le même soir. À noter l’assassinat de plusieurs policiers et les attaques sur plusieurs postes de police durant ce mois. Toute cette violence semble viser l’imposition de l’agenda politique du gouvernement en place, soit la tenue d’un referendum et d’élections générales sous son contrôle. La violence des gangs prive la population (et l’opposition) de leur principale arme, les manifestations de masse qui pouvaient réunir des foules imposantes», poursuit le journaliste.
Paul Talbot racontait à Info Dimanche avoir vu des camions se rendre à la frontière chaque matin pour aller chercher des Haïtiens pour les amener travailler sur des chantiers de construction pour 5 $ la journée. «J’ai vu ça cordés dans des camions avec des gardes armés, ils vont les chercher le matin et ils les ramènent le soir», ajoute l’homme. Ce n’est guère mieux pour les Dominicains qui eux peuvent recevoir de 7 à 10 $ par jour. M. Talbot explique qu’il y a deux classes de citoyens en République Dominicaine, celle du haut comprend les fonctionnaires, les professeurs et les commerçants, celle du bas «les ignorants», comme il les décrit. «On parle vraiment d’un système d’esclavage», lance l’homme qui a vu évoluer ces deux pays voisins depuis 30 ans.
CONCERTS-BÉNÉFICES
Lors de ses étés passés à Rivière-du-Loup, Paul Talbot n’oublie pas la pauvreté de ses amis haïtiens et dominicains. Ainsi, il organise à nouveau quatre concerts-bénéfices à la chapelle Ste-Anne de la Pointe de Rivière-du-Loup au bénéfice des Dominicains et des Haïtiens. Chaque concert sera dédié à une catégorie musicale spécifique. Le dimanche 18 juillet à 14 h, les personnes présentes pourront entendre Françoise Dubé, Carmen Larouche, Jean Beaulieu et Mario Lebel interpréter un répertoire de chansons bien variées. Ils seront accompagnés par Paul Talbot au piano.
Les entrées (15 $) de ce concert seront totalement envoyées aux Artisans de Paix Internationale qui travaillent en Haïti et en République Dominicaine. Les autres concerts-bénéfices auront lieu le 25 juillet (instrumental - pièces classiques et populaires), le 1er aout (guitare sèche et guitare électrique) et le 8 aout (folklore avec violon et accordéon). Tous ces concerts débuteront à 14 h. Des billets sont en vente à la Librairie Boucher sur la rue Lafontaine à Rivière-du-Loup. Réservez votre place dès maintenant car les règles sanitaires liées à la pandémie (distanciation physique et port du masque) seront appliquées.
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