Michel-Ange Nicolas a fui Haïti, son pays d’origine
En 2005 en Haïti, le kidnapping en échange d’une rançon prenait de l’ampleur. Michel-Ange Nicolas était alors étudiant à l’université. Après les cours, deux groupes marchaient dans la rue. Soudain, il a entendu des coups de feu derrière lui.
«Le lendemain, j’ai appris que dans le groupe derrière moi, trois étudiants avaient été enlevés et un autre atteint de plusieurs balles. Je ne suis pas retourné à l’école et j’ai décidé de quitter le pays», raconte l’homme aujourd’hui âgé de 43 ans.
M. Nicolas réside maintenant à Saint-Joseph-de-Kamouraska avec sa conjointe Louise Carmel, une Québécoise originaire de Montréal qui travaille au Cégep de Rivière-du-Loup, et leurs deux enfants haïtiens adoptés en 2017. Il travaille pour le Réseau BIBLIO du Bas-Saint-Laurent, cet été il effectue l’animation du Club de lecture dans les camps de jour. Il avait auparavant poursuivi des études au collège louperivois en Techniques d’intervention en loisir. Ce travail a également un lien direct avec la formation qu’il a suivi à l’université en Haïti soit en psychologie linguistique avec option pour le développement de matériel didactique pour les enfants. «Cette formation n’est pas reconnue au Canada, je devrais faire une mise à niveau pour qu’elle le soit», explique l’animateur.
À son départ d’Haïti, «pour ne plus vraiment y revenir» comme il le précise, Michel-Ange Nicolas va en République Dominicaine, le pays voisin, pour travailler dans un Club Med. C’est en 2009 qu’il rencontre sa future femme qui supervisait alors un groupe d’étudiants du Cégep de Rivière-du-Loup en stage là-bas. Ce fut le coup de foudre, une première rencontre en juin et le mariage en aout. «Ça fait 11 ans qu’on est ensemble», lance-t-il pour confirmer qu’il ne s’agit pas d’un mariage arrangé ou par intérêt, comme plusieurs personnes auraient été portées à le croire au début.
DE LA FAMILLE EN HAÏTI
La mère et le père de Michel-Ange Nicolas vivent toujours en Haïti, de même que cinq de ses sœurs et frères, les quatre autres dont lui ayant pris la décision d’effectuer un nouveau départ ailleurs. «Les gens sont tellement habitués à des évènements comme ça (l’assassinat du président haïtien Jovenel Moïse). L’inquiétude a augmenté, mais c’est devenu prévisible, de l’inattendu prévisible», souligne l’Haïtien d’origine après qu’il eut parlé à sa mère et à deux amis. «Tout le monde est surpris que l’on ait pu tuer un président, normalement on ne touche pas au président», exprime-t-il.
En 2021, M. Nicolas décrit son pays d’origine comme suit : «Haïti est comme un bébé en crise dont les parents sont morts dans un incendie; le bébé est assis dehors et regarde la maison brûler, on fait quoi avec le bébé en crise.» En Haïti, ce sont des esclaves qui ont fait l’indépendance. La pauvreté y est omniprésente. «Il y a de 2 à 3 % de riches, après tout le monde est pauvre. La structure elle-même est pauvre, elle ne te permet pas de t’en sortir. Quelqu’un qui a une arme dans sa main, c’est un travail, pour un camp ou pour l’autre», lance-t-il.
«J’ai le souhait de retourner voir ma famille, c’est un risque. Pour ta sécurité, tu ne peux pas y aller. Les Haïtiens qui ont quitté le pays, on nous considère maintenant comme des étrangers», conclut M. Nicolas.
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