Les microdistilleries québécoises se sentent étouffées par une majoration de 52 % de la SAQ
L’Union québécoise des microdistilleries (UQMD), se dit étouffée par une injustice règlementaire imposée par Québec dans le cadre de la Loi sur la société des alcools du Québec. Les microdistillateurs doivent payer une majoration de 52 % à la Société des alcools du Québec sur les produits qu’ils vendent à leur propriété.
Pour une bouteille de gin Rocher Malin de la Distillerie Fils du Roy de Saint-Arsène au prix de vente de 45,50$, après la taxe spéciale sur l’alcool, la taxe d’accise fédérale, la TPS, la TVQ et une majoration de la SAQ de 20,07 $, le producteur reçoit un montant de 14,15$ sur sa vente. Et ce, même si la bouteille a été vendue directement à la boutique de Saint-Arsène.
«Lorsque le réseau de la Société des alcools présente nos produits, les place sur les étalages, en fait la distribution, réfère les clients, c’est normal de payer pour cela. Quand les produits partent de notre backstore et s’en vont sur les tablettes, on doit tout faire nous-mêmes, c’est une injustice de devoir payer une majoration de 52%», résume Jonathan Roy, copropriétaire de la Distillerie Fils du Roy de Saint-Arsène et président de l’Union québécoise des microdistilleries. L’État perçoit des revenus sur des ventes alors que les frais de main-d’oeuvre, de gestion d’une boutique ou manutention des bouteilles sont payés par les entreprises. Depuis 2018, les distilleries de petite taille peuvent vendre leurs produits dans leurs propres boutiques, aménagées près des lieux de production.
Toutefois, les microdistillateurs ont obtenu un 2% de remise du gouvernement cet été à la suite de leurs demandes, ce qui représente environ 2$ par bouteille selon l’UQMD sur le 52% qui est retenu. «J’ai trouvé ça impoli. C’est un peu rire de nous autres et ç’a mis le feu aux poudres chez les distillateurs, on a décidé de faire des pressions publiquement», ajoute Jonathan Roy. Le Québec est la seule province où les revenus des producteurs, pour leurs ventes sur place, sont en-dessous de la barre des 50 %. «Ça fait déjà quatre ans qu’on mène un combat avec le gouvernement pour que ça change, on a eu plusieurs sessions de travail avec le sous-ministre à l’Économie, tout le monde est d’accord que l’industrie a besoin d’oxygène pour survivre.» M. Roy déplore du même souffle l’inaction gouvernementale.
La hausse de popularité des spiritueux produits localement s’est traduite par une augmentation des ventes de 87 % des microdistilleries québécoises entre 2019 et 2020 d’après l’Union québécoise des microdistilleries. Les micros-distillateurs demandent ainsi d’obtenir le même traitement qui est offert à tous les autres producteurs d’alcool au Québec. Jonathan Roy s’inquiète de l’augmentation constante du nombre de permis accordés à de nouveaux microdistillateurs en Ontario. «Ils bénéficient de conditions de vente sur place très avantageuses. Ils ont venir cogner à la porte du Québec avec des produits faits au Canada. Si on n’est pas capable de produire à un faible cout, on ne pourra pas rivaliser avec eux», ajoute-t-il.
Le copropriétaire de la Distillerie Fils du Roy indique qu’il investirait l’argent économisé par la vente de ses produits à la microdistillerie dans l’amélioration de l’accueil touristique, se lancerait dans la production d’alcool de grains (whisky) et pourrait ainsi développer des produits de meilleure qualité. Selon l’Union québécoise des microdistilleries, la règlementation en place freine le développement des producteurs de boissons alcoolisées au Québec et compromet leur avenir.
Le Québec compte une soixantaine de microdistilleries, dont quatre sont situées au Bas-Saint-Laurent. Il s’agit de la Distillerie Fils du Roy de Saint-Arsène, de la Distillerie Témiscouata d’Auclair, la Distillerie du St-Laurent de Rimouski et de la Distillerie Mitis de Mont-Joli.
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