Le «Convoi pour la liberté» s'arrête à Saint-Antonin
La mesure fédérale obligeant les camionneurs à être adéquatement vaccinés lorsqu'ils traversent la frontière américaine à défaut de s'isoler pendant 14 jours fédère de plus en plus d'opposants. Unissant dans un premier temps les camionneurs de l'Ouest, ils ont été rejoints par ceux de l'Est, et c’est sur la colline parlementaire à Ottawa qu’ils se donnent rendez-vous samedi. Le convoi de l'Est, parti des Maritimes, sera de passage jeudi soir dans notre région.
En fin d'avant-midi, les autorités estimaient le convoi à près de 150 véhicules, majoritairement formé de camionneurs indépendants et de supporteurs. Le convoi parti des Maritimes est attendu vers 20 h 30 au Big Stop Irving de Saint-Antonin. Une trentaine de chambres ont aussi été réservées dans un établissement hôtelier de Rivière-du-Loup.
Vendredi, le départ s'effectuera de Saint-Antonin alors que des supporteurs se sont donné rendez-vous sur le viaduc de l'autoroute 20 à Notre-Dame-du-Portage. Affiches et banderole devraient y être déployées.
Soulignons que les membres du convoi s’opposent à une politique obligeant les camionneurs canadiens dits de long-courriers non vaccinés de retour des États-Unis à faire une quarantaine de 14 jours après avoir traversé la frontière. L’Alliance canadienne du camionnage (ACC), qui soutient que 16% des camionneurs au pays, soit 26 000 sur 160 000 ne seraient pas vaccinés, désapprouve l'initiative qui viendra fortement entraver la circulation.
CONVOI CONTROVERSÉ
L'initiative a d'abord été lancée dans l'ouest du pays. On retrouve sa tête l'albertain Patrick King, cofondateur du Wexit Canada, aujourd'hui le Maverick Party, dirigé par Jay Hill qui milite pour l'indépendance des provinces de l'Ouest. Selon ce que rapporte Tristan Péloquin du quotidien La Presse, «Il a aussi été impliqué dans le mouvement Yellow Vest Canada (Gilets jaunes du Canada) et défend ouvertement la thèse du « grand remplacement » et du « génocide des Blancs », théorie du complot selon laquelle les Blancs sont remplacés secrètement partout en Occident par des musulmans.»
Certains observateurs redoutent que des supporteurs appellent à l'assaut du parlement à l'instar de ce qui est survenu aux États-Unis en janvier 2021 au Capitole à Washington. Info Dimanche qui s'est entretenu jeudi avec un partisan qui soutient que si quelques extrémistes se glissent parmi eux, la grande majorité «s'en vont là totalement pacifiquement pour faire tomber une mesure qui n'a pas sa place en pleine crise alors qu'il y a une pénurie de main-d'œuvre.»
APPUIS
Le convoi a aussi reçu l'appui de certains politiciens, dont le député conservateur Pierre Poilièvre et l'ex-chef du Parti conservateur du Canada, Andrew Scheer. De plus, la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI), une association qui représente 95 000 petites et moyennes entreprises au Canada, dont 500 dans le secteur du camionnage, a demandé à Ottawa de renverser cette mesure qui interdit aux camionneurs non vaccinés d’entrer librement au pays.
De son côté, le député conservateur Gérald Deltell a reconnu le droit à manifester, mais a vigoureusement condamné toute forme de violence et de désobéissance civile. «D'aucune façon, nous pouvons accepter, tolérer ou même permettre ne serait-ce... C'est zéro tolérance face à quelques violences que ce soit, quelques respects de la loi et des règles qui nous gouvernent. Par contre, est-ce que les gens peuvent manifester leur opposition sur certaines mesures, on appelle ça un débat démocratique», a commenté M. Deltell sur les ondes de Tout un matin, animé par Patrick Masbourian sur les ondes d'Ici Radio-Canada.
La Sûreté du Québec dit avoir pris acte de la présence des poids lourds et assure avoir prévu un encadrement «visible» afin de prévenir tout débordement.
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