Sous une forte surveillance policière, un convoi de véhicules et de poids lourds devant se rendre au Parlement d'Ottawa pour manifester contre les mesures sanitaires est parti vers 7 h du matin vendredi du Grand Arrêt Irving, à Saint-Antonin. Plus d'une centaine de véhicules, incluant de nombreuses automobiles, se sont mis en route vers l'Ontario.

Plusieurs camionnettes arborant des drapeaux du Canada, des provinces de la Nouvelle-Écosse et du Nouveau-Brunswick, ainsi que divers slogans liés à la manifestation accompagnaient les camionneurs indépendants du convoi. Un rassemblement était également prévu sur le viaduc qui passe au-dessus de l'autoroute 20 à Notre-Dame-du-Portage, ce matin. 

La mobilisation de cette manifestation a débuté lorsque certains camionneurs se sont opposés à la mesure fédérale qui les oblige à être adéquatement vaccinés lorsqu'ils traversent la frontière américaine, à défaut de s'isoler pendant 14 jours. Force est de constater que les revendications des manifestants sont maintenant beaucoup plus larges que l'imposition de la vaccination aux camionneurs pour franchir librement la frontière. 

Une demi-douzaine de personnes rencontrées sur place ont partagé en groupe leur ras-le-bol généralisé des mesures sanitaires imposées par le gouvernement. Une dame ne voulant pas être nommée a dénoncé l'instauration du passeport vaccinal dans les bars et la fermeture de ces établissements, «qui placent son entreprise au bord de la faillite». Trois mamans, dont Sabrina Doyon, ont dit avoir fait la route vers Saint-Antonin tôt ce matin pour la liberté de leurs enfants. «On veut qu'ils aient une enfance comme la nôtre, sans toute les restrictions. Ils sont brimés dans leur liberté à l'école et dans leur vie. Ce n'est pas drôle présentement ce qui se passe.»

Un autre participant à cette manifestation, Jérôme Courbron, s'est rendu sur place jeudi soir afin de faire un BBQ. «On est tanné des masques, les magasins de la place ont de la misère à survivre. On veut revenir à notre vie d'avant la COVID, sans le passeport vaccinal.» Il se dit encouragé de voir ce mouvement émerger dans plusieurs provinces canadiennes et il assure que les manifestants sont pacifiques, même si certains profitent parfois de ces évènements pour faire du grabuge. 

Dans l'ouest du pays, l'une des figures principales de ce mouvement est l'Albertain Patrick King associé à l'extrême droite. Il est le cofondateur du Wexit Canada, aujourd'hui le Maverick Party, dirigé par Jay Hill qui milite pour l'indépendance des provinces de l'Ouest. Selon ce que rapportait hier le journaliste Tristan Péloquin de La Presse, «il a aussi été impliqué dans le mouvement Yellow Vest Canada (Gilets jaunes du Canada) et défend ouvertement la thèse du grand remplacement» et du «génocide des Blancs», théorie du complot selon laquelle les Blancs sont remplacés secrètement partout en Occident par des musulmans.» D'autres départs de convois étaient prévus dans des postes frontaliers du Québec ce 28 janvier. 

En point de presse le 26 janvier, le premier ministre du Canada Justin Trudeau a souligné que «la meilleure façon d'en finir avec la COVID-19, c'est de se faire vacciner». Il a qualifié ces manifestants de «petite majorité qui ne parle pas pour les camionneurs ni pour les autres Canadiens». «Ils continuent à ralentir notre sortie de cette pandémie et à mettre à risque nos travailleurs de première ligne qui travaillent d'arrache-pied pour aider les Canadiens dans cette situation extrêmement difficile», a-t-il réagi, alors qu'il était questionné à ce sujet. 

L’Alliance canadienne du camionnage (ACC), qui soutient que 16% des camionneurs au pays, soit 26 000 sur 160 000 ne seraient pas vaccinés, désapprouve l'initiative qui viendra fortement entraver la circulation.

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