Traverse : la MRC de Rivière-du-Loup prend position contre un déménagement à Cacouna
Après avoir confirmé qu’elle n’entendait pas appuyer la relocalisation de la traverse Rivière-du-Loup-Saint-Siméon à Cacouna a moins d’obtenir certaines garanties de la STQ à l'été 2021, la MRC de Rivière-du-Loup va maintenant plus loin : elle demande qu’un déménagement ne soit tout simplement plus analysé.
Dans une résolution adoptée par la majorité des membres du conseil des maires, le 17 mars, les élus de la grande région de Rivière-du-Loup demandent que l’étude d’opportunités qui sera réalisée d’ici le printemps 2023 ne porte que sur l’avenir de la traverse à Rivière-du-Loup. Le message peut difficilement être plus clair et ferme : la MRC ne veut pas d’un déménagement à Cacouna.
«On souhaite que la STQ se concentre sur une seule option, c’est-à-dire le maintien de la traverse à Rivière-du-Loup avec l’intégration du NM Saaremaa I comme bateau pouvant assurer les obligations qui y sont liées», a résumé le président de la MRC de Rivière-du-Loup, Michel Lagacé, mercredi.
Cette décision, explique-t-il, vise principalement à éviter les «écueils de développement» reliés à la mise en dualité des deux ports, «deux d’infrastructures d’importance majeure pour la planification et le développement du territoire».
«Le rapport de la STQ pourrait être déposé dans le meilleur des cas au printemps 2023, après avoir été retardé d’un an. On ne sait pas s’il aura de nouveaux retards. Mais ce qu’on sait, c’est que si Cacouna est l’option retenue, il va y avoir une autre étude d’impacts et on pourrait s’attendre à un autre long délai avec les consultations», analyse Michel Lagacé.
«Ça nous amène donc à 2024 ou 2025 avant qu’il y ait une position définitive, et encore… On n’a pas les moyens, comme territoire, de mettre une coupole de verre sur notre développement [parce qu’il y a] un gel de ces deux infrastructures pendant quelques années», complète-t-il.
M. Lagacé donne en exemple le dossier du carrefour maritime de Rivière-du-Loup, mis sur pause en raison de l’incertitude liée à l’avenir de la traverse. «S’il n’y avait pas eu cette épée de Damoclès de la traverse, il serait possiblement en voie de se réaliser. C’est clair que la question actuelle a un effet de gel sur les aspirations de développement d’un côté comme de l’autre.»
Les membres du conseil de la MRC de Rivière-du-Loup soutiennent également que le port de Cacouna et la traverse actuelle sont reconnus dans le schéma d’aménagement pour leurs forces respectives, soit le volet récréotouristique à Rivière-du-Loup et le volet industriel et commercial à Cacouna, et que leur développement doit essentiellement se poursuivre dans cette veine.
«Ce n’est pas de dire qu’il n’y a pas d’activités récréotouristiques à Cacouna, mais plutôt qu’il y a une zone industrialo-portuaire, un parc industriel à proximité, et qu’il faut se concentrer à assurer leur développement», précise Michel Lagacé.
«On croit aussi qu’il y a de belles perspectives à Cacouna avec la Société portuaire du Bas-Saint-Laurent […] et les sommes qui seront investies à travers le nouveau budget.»
DÉCEPTION À CACOUNA
Sans surprise, la prise de position de la MRC dans ce dossier déçoit la mairesse de Cacouna, Suzanne Rhéaume, qui a été la seule, avec sa collègue Louise Newbury de Notre-Dame-des-Sept-Douleurs, à voter contre la résolution.
«Ce que j’aurais vraiment souhaité, c’est que la MRC propose une résolution, mais en faveur du lien fluvial entre le Bas-Saint-Laurent et Charlevoix, sans se positionner pour l’une ou l’autre municipalité ou ville. Après tout, on fait partie de la même famille, celle de la MRC», a-t-elle expliqué.
Elle réitère que le port de Gros-Cacouna peut à la fois accueillir des activités commerciales, industrielles et récréotouristiques. «Ma position n’a pas changé, c’est que la cohabitation est possible entre les différentes missions avec de la planification», a-t-elle répété, rappelant que Cacouna souhaite miser sur son histoire, son patrimoine, son parc côtier Kiskotuk et la présence de la Première Nation Wolastoqiyik Wahsipekuk afin de développer son offre touristique. «C’est une des priorités du conseil, alors la venue du traversier s’imbriquerait vraiment bien dans ce travail.»
Le préfet de la MRC de Rivière-du-Loup maintient de son côté que la MRC a la capacité et surtout le devoir d’intervenir quand il est question de grands enjeux régionaux. «[Le débat] a un impact sur les perspectives de développement régionales», a-t-il répondu.
Il s’attend d’ailleurs à ce que l’opinion du conseil des maires ait un impact dans la réflexion de la STQ. «Les MRC sont considérées par le présent gouvernement, c’est ce qu’on se plait à nous dire, alors à partir du moment où une MRC vient bien camper ses attentes, on s’attend à une écoute, mais aussi des gestes concrets par la suite», a-t-il conclu.
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