Personne à la rue le 1er juillet
MISE À JOUR (7 juillet)—La rareté des logements n'épargne pas Rivière-du-Loup et Ikrame Baze, directrice générale de l’Office régional de l’habitation de Rivière-du-Loup (ORHRDL), ne cache pas que de nombreuses demandes ont été faites à l’organisme dans les dernières semaines. Selon elle, même si le risque zéro n'existe pas, l'organisme a joué son rôle et personne de la région ne s’est retrouvé à la rue lors de la journée nationale des déménagements ce 1er juillet.
«Depuis mai, on a eu deux situations urgentes, deux familles qui se retrouvaient à la rue le 1er juillet. On a répondu et elles ont eu des logements», mentionne Mme Baze. Même si elles n’étaient pas admissibles pour un HLM à Rivière-du-Loup, l’ORHRDL a réussi à trouver quelque chose pour qu’elles soient hébergées de façon permanente.
«Notre travail, on l’a commencé ça fait quand même quelques mois en prévention. On a sensibilisé le monde par rapport à la crise de logement, que s’ils voulaient quitter ils devaient s’assurer d’avoir déjà un autre logement, de signer le bail avant de partir pour ne pas se retrouver dehors», explique-t-elle. D’après elle, la rencontre d’information réalisée avec Solidarité logement Rivière-du-Loup et leurs autres actions pour sensibiliser les locataires ont porté fruit.
UNE PROBLÉMATIQUE PRESQUE IMPERCEPTIBLE
Selon la moyenne de la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL), le taux d’inoccupation des logements à Rivière-du-Loup s’élève à 0,5 %, alors que l’équilibre se maintient à 3 %. Samuel St-Denis-Lisée de Solidarité logement Rivière-du-Loup indique que la situation actuelle n’a pas été vue depuis longtemps et qu’elle est totalement contraire à la réalité d’il y a cinq ans.
Il explique que dans les dernières années «il y a eu un afflux de plusieurs ménages venant des grands centres qui sont venus s’établir à Rivière-du-Loup et dans les environs. Avec la pandémie, ce qu’on a vu aussi, c’est l’augmentation des séparations qui amène davantage de besoins en termes de nombres de logements.» Il ajoute que peu de constructions de logements sociaux ont été réalisées, n’aidant pas la problématique, puisque la pénurie de logements crée une hausse des prix des loyers.
L’intervenant raconte que les gens en situation d’itinérance ou littéralement dans la rue, il n’y en a probablement pas ou ne seront pas vus, puisqu’à Rivière-du-Loup, le phénomène est plus caché. Ces personnes en difficulté vont se dépanner en allant chez des amis ou des ressources comme la Bouffée d’Air.
«La crise se vit moins dehors dans la rue, mais à l’intérieur des foyers», confie M. Saint-Denis-Lisée. En considérant la hausse des loyers, ajoutée aux autres secteurs comme l’alimentation qui ont connu une inflation importante, les ménages sont plus endettés, situation qui se déroule dans l’ombre. Normalement, un locataire devrait payer son appartement avec 30 % de son salaire, d’après l’intervenant. En ce moment, les Louperivois avec un revenu plus faible se retrouvent à payer beaucoup plus que ce pourcentage.
UNE CRISE QUI S’INVIBILISE
En date du 30 juin, 49 personnes sont en attente pour un appartement à prix modique, dont 29 constituent des demandes de 3 ½ pour des personnes âgées, et les 20 autres pour des personnes seules. L’ORHRDL ne reçoit que très peu de requêtes pour des 4 ½ et des 5 ½. Tous ces gens sont présentement logés et ne se retrouveront donc pas dehors. La directrice ajoute que 10 de leurs logements seront disponibles dans les prochains jours et les prochaines semaines. L’organisme pourra donc répondre à un certain nombre de demandes sur la liste d’attente.
Ce sont près de cinquante appels et rencontres de personnes qui ont été répondues ce 30 juin concernant des recherches d’appartements, de l’information. «En date d’aujourd’hui, la situation n’est pas très critique, je ne m’attends pas nécessairement à voir des personnes à la rue, mais on va être là si ça arrive», confie Ikrame Baze. Malgré le férié pour la fête du Canada, l’ORHRDL était ouvert le 1er juillet pour aider les citoyens qui auraient une situation urgente.
Afin de répondre à une demande toujours plus grande, l’ORHRDL travaille présentement à un projet de construction de 30 logements sociaux. «On a été voir la Ville et elle nous appuie», se réjouit Mme Baze. Le tout est encore en préparation, l’organisme est à l’affut d’appels d’offres, mais vise une réalisation des 3 ½ prochainement. Des négociations sont en cours par rapport au terrain qui accueillera le projet.
Samuel St-Denis-Lisée croit que la résolution de la crise passera par la mise en place de plus de logements sociaux. En exemple, il soutient que le projet Medway n’aidera pas la présente situation, puisque de nombreux locataires ne pourront y louer un appartement. Au contraire, il souffle que l’initiative va noyer le problème en faisant monter la statistique d’inoccupation de logements, alors que l’enjeu sera toujours là, que des gens seront encore en détresse et se sentiront seuls dans leur situation.
La coopérative d’habitation de Rivière-du-Loup, dont fait partie l’intervenant, a le projet de transformer l’ancien monastère des Clarisses en coopérative pour offrir des appartements à prix modiques. Des idées fusent aussi pour les terrains vacants avoisinant le bâtiment. «Oui solidarisons-nous, mais il faut aussi s’organiser. Organisons-nous, incite Samuel St-Denis-Lisée, pour faire en sorte que la population qui n’a pas les moyens puisse continuer à vivre sans se ruiner à Rivière-du-Loup et être en mesure de manger, de se loger.»
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