Des coroners à temps partiel «tannés de faire du bénévolat»
Les coroners à temps partiel du Québec ont décidé d’entamer pour la première fois depuis 35 ans des moyens de pression afin d’améliorer leurs conditions de travail. La coroner Renée Roussel, qui couvre le territoire du Bas-Saint-Laurent, est solidaire de la démarche de l’Association des coroners du Québec et estime qu’il est temps que les choses changent.
«Ça fait très longtemps qu’on fait du bénévolat. Nous n’avons pas de patron, c’est le gouvernement qui détermine nos conditions de travail […] Elles sont dictées par un règlement fait en 1987, et on est en 2022. Notre coupe est pleine pas mal, on est tannés et on a décidé de se fâcher», a commenté la coroner Renée Roussel. Elle ajoute que si elle doit se déplacer sur une scène de décès à Dégelis, par exemple, les deux heures de déplacement requises ne seront pas rémunérées. Une compensation lui sera offerte pour le kilométrage parcouru.
«Je suis de garde depuis deux ans et demi sans arrêt, bénévolement. Je suis susceptible de me faire appeler n’importe quand, à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit et je dois rester dans un secteur où le réseau cellulaire est accessible», résume Dre Roussel. Elle est coroner à temps partiel depuis 13 ans et pratique aussi comme médecin de famille dans la région de Saint-Pascal.
Selon l’Association des coroners du Québec, plus de 5000 investigations de décès sont réalisées annuellement. Plusieurs rapports contiennent des recommandations destinées à rendre la société et les milieux de vie plus sûrs. Les coroners à temps partiel effectuent 98% des investigations pour le Bureau du coroner. Toujours selon les informations de l’Association, environ 15 % des coroners à temps partiel quittent le Bureau chaque année.
L’Association des coroners du Québec demande que le gouvernement «convienne sans délai d'un mécanisme de négociation statutaire composé d'une table paritaire et d'un échéancier serré, vu l'urgence de la situation.»
Les heures de formation ne sont pas rémunérées afin de permettre aux coroners à temps partiel de mettre leurs connaissances législatives, juridiques, réglementaire et médicales à jour. L’Association déplore que l’organisation du travail, la rémunération et les avantages sociaux des coroners ne sont «jamais révisés».
Depuis le 4 aout, les coroners à temps partiel vont limiter graduellement leurs disponibilités jusqu’à ce que l’État «démontre son intention de négocier afin d’arriver à des modifications déterminantes pour l'exercice de la charge du coroner à temps partiel.»
La coroner en chef, Me Pascale Descary assure que tous les décès s'inscrivant dans la juridiction du Bureau du coroner, soit les décès violents, obscurs ou survenus à la suite de négligence, seront pris en charge par un coroner et feront l'objet d'une investigation.
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