Enfouissement des déchets : des risques à éviter
Le chef à la prévention du Service de sécurité incendie de la Ville de Rivière-du-Loup, Éric Deschênes et le gestionnaire en environnement Jean-Bernard Ouellet.
Une nouvelle cellule a été ouverte au Lieu d'enfouissement de Rivière-des-Vases à Cacouna en 2019.
Une clôture retient des sacs de plastique qui volent au vent.
Éric Deschênes tient une bonbonne de propane s'étant retrouvée parmi les déchets. Jean-Bernard Ouellet dénonce la présence d'acide muriatique dans les matières retrouvées au Lieu d'enfouissement technique.
Des sacs de plastique accrochés par centaines à une clôture de fer, surplombés par des goélands, ce décor fait partie du quotidien des travailleurs du Lieu d’enfouissement technique, dans le secteur de Rivière-des-Vases à Cacouna. Les déchets de plus de 105 000 personnes y aboutissent chaque semaine.
Malgré les efforts de sensibilisation et les nombreux rappels de l’importance de trier les matières dangereuses, beaucoup s’y retrouvent encore. Il y a un peu moins de deux semaines, un incendie s’est déclenché en raison de cendres mal éteintes.
«On étend les déchets et on passe dessus avec le compacteur. La masse de cendres a été étendue et il y avait différents foyers de chaleur qui ont déclenché des incendies», explique le gestionnaire en environnement à la Ville de Rivière-du-Loup, Jean-Bernard Ouellet. Pendant cinq à six heures, les pompiers ont éteint ces multiples incendies, alimentés par de nombreux déchets. Ils ont eu recours à deux camions-citernes puisque le Lieu d’enfouissement technique est situé hors du réseau d’aqueduc.
Le chef à la prévention du Service de sécurité incendie de la Ville de Rivière-du-Loup, Éric Deschênes, rappelle que les cendres peuvent rester actives pendant plus de sept jours. «Nous sommes dans la période de l’année où les gens nettoient leur poêle. Il faut que les cendres restent un minimum de 14 jours à l’extérieur pour être vraiment éteintes.»
RÉSIDUS DOMESTIQUES DANGEREUX
Des résidus domestiques toxiques ou dangereux finissent au LET, alors qu’ils devraient toujours être envoyés vers l’écocentre. Les piles au lithium, par exemple, sont de plus en plus nombreuses à prendre la mauvaise voie.
«À partir du moment où elle est craquée, tu peux avoir un incendie. C’est un réactif à l’eau et c’est extrêmement intense. Il faut absolument que ce soit récupéré et non jeté aux déchets, c’est sûr qu’il va y avoir un incendie à partir du moment où la pile est brisée ou déformée», ajoute Éric Deschênes. Les équipements électroniques, les téléphones cellulaires, les aérosols et les huiles usées ne devraient tout simplement pas se rendre jusqu’au lieu d’enfouissement technique.
De l’acide muriatique, du chlore et une bonbonne de propane ont déjà été retrouvées parmi les déchets triés par les équipes de la Ville. Des réactions en chaine de produits chimiques ou toxique avec de l’eau, de l’air ou de la chaleur sont vites arrivées, c’est pourquoi il ne faut pas prendre le tri des matières à la légère, souligne la conseillère en communications à la Ville de Rivière-du-Loup, Karine Plourde. «Le tri est là pour une bonne raison. Au bout de la chaine, il y a des gens, un système et des machines. Ça risque de couter plus cher si on ne le fait pas.» Il en va de la protection de l’environnement, mais il s’agit aussi d’un enjeu pour la santé et la sécurité des travailleurs et des usagers.
L’IMPORTANCE DU TRI
Le gestionnaire Jean-Bernard Ouellet pointe en direction des compacteurs qui se trouvent dans la nouvelle cellule du Lieu d’enfouissement technique, quelques dizaines de mètres plus bas. Ce trou sera rempli de déchets d’ici quelques années. La butte recouverte de sable sur laquelle il se tient avec Éric Deschênes, bordée par une clôture envahie par les sacs de plastique, est l’ancienne cellule remplie des déchets de toute la région. Les matières de 105 000 citoyennes et citoyens des MRC de Rivière-du-Loup, Kamouraska, les Basques, la Matapédia et La Mitis y sont enfouies.
La nouvelle cellule du LET a été ouverte en 2019 au cout de 4 M$. La matière organique en est détournée, ce qui permet d’allonger sa durée de vie. «Beaucoup de recyclage qui se retrouve encore ici. Des matériaux de construction, du bois, des gros morceaux qui pourraient être récupérés. On réussit à en sortir une partie qui est valorisée dans un centre de tri de matériaux secs, mais on ne réussit pas à tout valoriser», Jean-Bernard Ouellet. Ce dernier estime qu’avec les efforts de valorisation de matières, les solutions alternatives pour la perlite en provenance des tourbières de la région et de la sensibilisation, la nouvelle cellule pourrait être active jusqu’en 2028 ou en 2030, en fonction des quantités de matières reçues et des contrats.
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