L’église de Saint-Paul-de-la-Croix vendue
Le dossier complexe de la vente de l’église de Saint-Paul-de-la-Croix est clos. Le bâtiment religieux est officiellement passé aux mains d’acheteurs privés de la région de Toronto le 11 novembre. Malgré tout, le bâtiment demeurera accessible aux citoyens, ce qui fait de cette situation un cas pour le moins unique au Québec.
Yval Castonguay, président de la Fabrique de Saint-Paul-de-la-Croix, ne cachait pas sa joie en début d’après-midi. La signature des documents devant le notaire a mis fin à un long processus au cours duquel plusieurs embûches ont été surmontées. Il peut enfin souffler et dire mission accomplie.
«Tout est complété, alors je suis très heureux», a-t-il partagé, vendredi.
Le bâtiment, construit entre 1907 et 1909, est maintenant celui de Sabahat Qureshi et Irene Chen, un couple de la région de Toronto, en Ontario. Cet été, ils avaient expliqué avoir démontré de l’intérêt pour l’église de Saint-Paul-de-la-Croix puisqu’ils étaient à la recherche d’une résidence estivale dans l’Est-du-Québec.
«Tous les projets que nous envisageons seront des lieux calmes et paisibles, qui vont de pair avec la communauté de Saint-Paul-de-la-Croix. L’église demeurera accessible pour la communauté», avait assuré le nouvel acquéreur lors d’un entretien avec le journal Info Dimanche, peu de temps après qu’une cinquantaine de personnes aient approuvé la vente pour la somme symbolique de 501 $, le 25 juillet.
Le couple mentionnait aussi prévoir des travaux de restauration et d’entretien, mais ils n’envisageaient aucune construction pour le moment. «Ma conjointe aime l’architecture, le design, les églises. Elle en cherchait une depuis des années […] Nous avons fait nos recherches et nous connaissons les défis qui s’y rattachent. Ce n’est pas une décision spontanée, nous y pensions depuis très longtemps», avait ajouté M. Qureshi.
Avec l’achat, les deux acquéreurs se sont engagés à respecter quelques conditions. Le bâtiment ne peut être démoli et l’aspect extérieur doit être conservé tel quel, à l’exception du clocher, qui doit faire l’objet de quelques réparations. La sacristie sera également toujours accessible comme lieu de culte pour une durée de cinq ans, période durant laquelle la Fabrique en sera ainsi locataire, pour un montant de 1 $ par année. L’église devra aussi être chauffée en tout temps pour éviter qu’elle ne se détériore.
Dans un horizon de 5 à 10 ans, il est possible que les nouveaux propriétaires transforment la partie avant en galerie d’art pour les artistes de la région, en musée ou en bibliothèque. Tout cela sera cependant analysé dans le temps.
UN LONG PROCESSUS
Ce n’est pas avec bonheur que la Fabrique de la paroisse de Saint-Paul-de-la-Croix a décidé de vendre son église. Elle a toujours maintenu n’avoir plus d’autres choix, puisqu’elle n’avait plus les moyens d’assumer les frais courants d’entretien et de chauffage. La mise en vente sur le site immobilier Proprio Direct, en février 2022, avait attiré l’intérêt d’une trentaine d’acheteurs potentiels, tout comme celui des médias.
Au final, plusieurs mois auront été nécessaires pour franchir l’ensemble des étapes. Les taxes municipales, le zonage agricole d’une partie du terrain de l’église et de son cimetière – qui a nécessité une analyse de la CPTAQ –, ainsi que la recherche d’un assureur pour l’église comme résidence secondaire ont représenté des défis à relever. La vente devait aussi être approuvée par l’Archevêché de Rimouski.
«Ça n’a pas toujours été facile, mais c’est fait et nous sommes pas mal contents de la situation», a réitéré M. Castonguay. Cet été, il avait qualifié de «merveilleuse» la possibilité de vendre à des acheteurs privés, tout en gardant la sacristie accessible à la communauté.
On observe chaque année, au Québec, la vente de certaines églises à des promoteurs privés. Si différents projets de reconversion sont réalisés, la transformation d’une église en maison familiale est plus rare. Que l’église demeure aussi accessible aux citoyens de la communauté, tout en appartenant à un propriétaire privé, rend aussi la situation très spéciale en province.
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