Un budget engagé, mais pas pour les personnes autistes et leurs familles, regrette la FQA
La Fédération québécoise de l’autisme (FQA) déplore le manque d’engagement du gouvernement à l’égard des personnes et des familles qu’elle représente. Au sortir d’une pandémie qui a fragilisé le réseau social des personnes autistes et de leur famille ainsi que les services leur étant destinés, le budget est mince pour répondre à leurs besoins criants.
Depuis le 1er juillet 2022, le ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale a resserré les règles d’admissibilité au Programme de solidarité sociale (PSS) en éliminant tous les diagnostics d’autisme et de troubles de santé mentale de la liste des diagnostics évidents. Cette liste permet un accès accéléré au PSS.
Dans le cadre des consultations prébudgétaires, la FQA demandait au gouvernement de réintégrer les troubles du spectre de l’autisme dans la liste des diagnostics évidents. Cette décision entraîne en effet des conséquences graves pour des personnes vulnérables vivant dans des situations précaires et qui sont souvent sans services du réseau de la santé et des services sociaux à compter de l’âge de 18 ans. Les effets pervers de cette décision sont déjà dénoncés par plusieurs personnes, familles, qui déplorent la décision du gouvernement d’acculer des personnes à la pauvreté.
Un transport adapté… inadéquat
Une autre demande, sans réponse, au sortir du budget : celle d’investissements substantiels pour répondre à la crise actuelle du transport adapté. Une maigre somme de 18 millions $ sur 4 ans est prévue pour assurer l’adaptation de véhicules collectifs. Selon les représentants du Ministère, c’est un dossier chaud, mais ça ne semble pas brûler assez pour que l’on investisse maintenant. Une occasion manquée de soutenir la reprise économique des personnes handicapées et de sortir de l’isolement social des personnes durement affectées par le confinement pandémique.
Quelques bonnes nouvelles… en deçà de nos attentes.
Les services de répit
La bonification du budget des services de soutien à domicile, spécifiquement les 50 millions $ sur 5 ans pour développer de nouvelles places en répit, est une bonne nouvelle. Cependant, cette somme est en deçà des attentes puisqu’aucune somme n’est accordée pour permettre la consolidation des services précaires déjà existants. Les organismes communautaires offrant ces services devront encore une fois déployer une nouvelle offre de services sans être en mesure de consolider celle déjà existante, sans compter l’incapacité d’offrir des salaires décents à des employés qui doivent avoir des compétences spécifiques.
Les services scolaires
Aussi, notre gouvernement considère que le maintien des services spécialisés auprès des élèves ayant des besoins particuliers est primordial. Des investissements de 66,3 millions de dollars d’ici 2027-2028 sont prévus pour améliorer et bonifier les services en place par l’embauche de nouvelles ressources spécialisées, le déploiement de places en maternelle 4 ans pour les enfants handicapés, le développement d’une offre de services éducatifs complémentaires en ligne auprès des élèves présentant des difficultés et de leurs parents et le soutien aux écoles privées qui accueillent des élèves handicapés ou en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage.
Des sommes importantes investies, mais les ressources humaines seront-elles au rendez-vous ? Malgré les investissements antérieurs, de nombreux postes de ressources spécialisées sont toujours vacants, les services ne sont toujours pas au rendez-vous. Quand elles sont disponibles, la formation est souvent insuffisante, provoquant des situations menant à l’utilisation de mesures de contention abusives dans des conditions médiocres, voire à des expulsions du réseau scolaire. Ces situations fragilisent la situation économique des familles qui doivent trop souvent quitter le marché du travail pour demeurer à la maison faute de services adéquats.
Il est aussi nécessaire de souligner l’investissement de 194 M$ sur 5 ans pour soutenir les organismes communautaires. Cette augmentation de 12 % est la bienvenue, mais insuffisante pour absorber les demandes de services qui explosent et offrir des conditions de travail décentes et compétitives. Rappelons qu’une somme de 200 M$ était nécessaire dès cette année pour répondre aux besoins financiers de l’ensemble des organismes communautaires.
La FQA restera mobilisée toute l’année afin de faire reconnaître les grands besoins des personnes autistes et de leur famille. Malgré notre déception, nous gardons espoir que les nouvelles seront meilleures l’an prochain et que le gouvernement saura écouter les cris du cœur des personnes autistes et ceux des parents.
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