Don d’organe : le consentement, chronique d’un débat à venir
Le consentement au don d’organes en cas de décès, plus particulièrement de mort cérébrale, suscite de vives discussions, notamment sur le consentement présumé. Avec le projet de loi 194, Québec pourrait revoir sa stratégie en matière de don d’organes cet automne et suivre l’exemple de la Nouvelle-Écosse.
Ainsi, plutôt que de devoir présenter une preuve de consentement d’un patient décédé, comme sa signature au verso de sa carte d'assurance-maladie, l'État présumerait du
statut de donneur jusqu’à preuve du contraire. La province des Maritimes a été la première au pays à adopter une telle pratique en janvier 2021.
La présidente de Chaîne de vie, Lucie Dumont, émet toutefois un bémol sur le consentement présumé. Une fausse bonne idée selon elle. Trop d’éléments se retrouvent dans l’angle mort du projet de loi, dont la gestion d’un afflux de donneurs, mais aussi des questions d’ordre moral et éthique. Aussi, certains pays ayant adopté cette stratégie ont été confrontés à une augmentation du taux de refus des familles soutient Mme Dumont.
«L’Espagne est le pays numéro un pour le don d’organes. Le pays a essayé le consentement présumé, et ce qu’ils nous disent, c’est que ça a augmenté la méfiance dans la population et au final, ça a augmenté le nombre de refus. Ils ont fait quoi ? Ils ont mis ça de côté et ils ont investi dans l’éducation, dans les infrastructures et ils ont créé des équipes non seulement pour faciliter l’identification des donneurs, mais aussi pour approcher les familles. C’était il y a 30 ans !»
Elle rappelle donc l’importance de prendre une décision éclairée en ayant en main toutes les informations disponibles, notamment celles de l’aide médicale à mourir. Une décision, surtout, qu’elle souhaite non partisane.
«Il y a eu au Québec dans la dernière année 78 400 décès, et pour ce nombre, il y a eu 171 donneurs. Il faut comprendre qu’à l’hôpital, il faut identifier les donneurs potentiels, et ce n’est pas simple», ajoute Mme Dumont. L’enjeu, dit-elle, ne se limite pas au seul consentement, mais à la compatibilité des donneurs et aussi aux familles de donneurs potentiels.
Le consentement n’est que la pointe de l’iceberg, prévient Lucie Dumont. Il y a aussi la capacité à traiter l’afflux de donneurs alors que les établissements font face à des problématiques importantes, notamment quant au nombre restreint de lits disponibles et au manque de disponibilité en salle de chirurgie. «Et puis, quand l'état décide que tu donnes, que le don est obligatoire, est-ce que c'est encore un don ?», questionne Mme Dumont.
Avec l'organisme qu'elle a fondé en 2007 à Rivière-du-Loup, elle priorise plutôt l'éducation. Chaîne de vie a pour mission d’instruire et de sensibiliser les jeunes de 15 à 17 ans au don d’organes et de tissus afin que ces derniers deviennent par le fait même des ambassadeurs du don d'organes au sein de leur propre famille et de leur communauté.
Lucie Dumont rappelle que des prérogatives d'ordre moral et éthique ne peuvent être évacuées du débat.
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