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Les émanations et odeurs de Charbon de bois franc Basques inquiètent 

durée 29 novembre 2023 | 15h03
  • Marc-Antoine Paquin
    Par Marc-Antoine Paquin

    Journaliste

    Smog, fumée et fortes odeurs de brulé…Les émanations provenant de l’usine Charbon de bois franc Basques, située à Saint-Mathieu-de-Rioux, préoccupent un groupe de citoyens de la municipalité. Les inquiétudes ne datent d’ailleurs pas d’hier, mais ils souhaitent que le dossier puisse enfin progresser pour le mieux, le plus rapidement possible. 

    Au cours des trois dernières années, des dizaines de plaintes ont été formulées auprès du ministère. Des questions ont été posées et des «fiches de caractérisation des odeurs» ont même été remplies à la demande des instances gouvernementales. Bref, le drapeau rouge a été brandi plus d’une fois. 

    Or, le dossier tarde à prendre sa vitesse de croisière dans les bureaux du ministère. Les citoyens n’en veulent pas aux fonctionnaires, reconnaissant fort bien la lourdeur du processus administratif. Ils souhaitent néanmoins être écoutés, entendus et respectés. 

    «Nous sommes inquiets pour nos enfants et les gens vulnérables», a soutenu une résidente de Saint-Mathieu-de-Rioux, membre d’un comité citoyen formé en 2021 afin de travailler ce dossier. 

    Ils estiment que des questions doivent être répondues concernant la qualité de l’air dans la municipalité et les conséquences de l’inhalation de la fumée sur la santé. Certains clament avoir déjà subi des inconforts et même des problèmes respiratoires liés aux émanations.

    Selon eux, plusieurs épisodes ont été difficiles à vivre au cours des derniers mois. En juillet et aout, des périodes de fumée intenses ont été observées et subies. Cela s’est aussi reproduit au début octobre, alors qu’un épais smog avait alors atteint le village – notamment près de la rue de la Beurrerie –, causant désarroi et inquiétudes. 

    Il faut dire que ce n’est pas tous les résidents de Saint-Mathieu-de-Rioux qui subissent les odeurs et la fumée dégagées par l’usine située à environ 1,2 km au nord-est de l’église. Certains propriétaires seraient situés dans un périmètre davantage touché. À l’inverse, les riverains du grand lac, beaucoup plus à l’ouest, seraient en général plus épargnés. 

    Quoi qu’il en soit, les doléances des citoyens touchés ne semblent pas infondées selon les récentes démarches du ministère. En janvier 2023, il y a bientôt un an, une sanction administrative pécuniaire (SAP) de 3 500 $ a été imposée à l’entreprise «pour un manquement relatif au fonctionnement non optimal des équipements d’épuration des émissions atmosphériques».

    Plus récemment, le 31 octobre 2023, un avis de non-conformité a également été transmis à Charbon de bois franc Basques inc. pour «signifier des manquements constatés» dont la nature n’a pas été précisée. 

    Rejoint à ce sujet, le Ministère a confirmé avoir demandé à l’entreprise de lui soumettre un plan de mesure corrective avant le 1er décembre 2023. «La Direction régionale du contrôle environnemental évalue actuellement les suites à donner en application de sa directive sur le traitement des manquements», a écrit Ghizlane Behdaou, porte-parole régionale pour le MELCCFP. «Le Ministère suit le dossier et n’écarte aucun recours pour assurer un retour à la conformité», a-t-elle ajouté. 

    Les citoyens voient ces démarches d’un bon œil. Ils maintiennent que l’entreprise doit prendre les dispositions nécessaires pour améliorer la situation. À la direction, ils demandent d’ailleurs davantage de considérations et de respect. 

    Les citoyens sont aussi catégoriques : ils ne souhaitent pas la fermeture de l’usine, mais ils veulent que la direction prenne conscience de l’impact des émanations sur leur qualité de vie.

    POURSUIVRE LA DOCUMENTATION

    Le 21 novembre, une rencontre virtuelle d’environ deux heures a été organisée par le ministère. L’objectif «était de permettre aux citoyens de s’exprimer librement sur leurs effets sur la santé et les inconforts ressentis face à cette situation ainsi que d’informer ces citoyens sur les rôles du ministère dans ce dossier», a-t-on indiqué. 

    Une journaliste de Radio-Canada Bas-Saint-Laurent, qui souhaitait y assister, a été écartée de la rencontre. Trois personnes de la Municipalité ont également pu être présentes, après que les citoyens aient argumenté qu’ils étaient eux aussi résidents de Saint-Mathieu-de-Rioux. Ils n’avaient initialement pas été admis. 

    Selon ce qui a été rapporté, les fonctionnaires du gouvernement auraient notamment demandé aux citoyens de les aider à faire avancer le dossier en remplissant de nouvelles fiches de caractérisation des odeurs. Un exercice que certains font pourtant depuis quelques années déjà. 

    Malgré l’impatience de voir le dossier progresser, les résidents impliqués sont prêts à collaborer de nouveau, mais ils regrettent la lourdeur du processus, entre autres l’impossibilité de remplir des fiches numériques. Il y a là, estime-t-on, une représentation concrète de la lenteur administrative gouvernementale. 

    Notons que le ministère travaille aussi avec la Direction de la santé publique, notamment «pour évaluer la possibilité d’installer des équipements de mesures de la qualité de l’air en 2024». Deux équipes de la santé publique étudient actuellement le dossier.

    Il s’agit d’une collaboration jugée nécessaire par les citoyens impliqués. Ces derniers soutiennent d’ailleurs être encouragés par l’approche de la Santé publique avec qui les échanges ont jusqu’ici été cordiaux et positifs. 

    IMPLICATION MUNICIPALE

    Au niveau municipal, les élus ont ouvert la porte à une modification de leur règlementation sur les nuisances au cours des prochains mois. 

    Selon Marc Brunelle, conseiller municipal responsable du dossier, les élus veulent trouver une solution à la convenance de toutes les parties impliquées. Ils reconnaissent que la santé de leurs citoyens doit être une priorité.  

    M. Brunelle estime par ailleurs que le ministère doit en faire davantage à son niveau, les municipalités n’ayant pas toutes les ressources pour règlementer. «Le ministère doit faire son travail et faire appliquer ses lois s’il y a lieu», a-t-il laissé entendre la semaine dernière.  

    Le directeur général de Charbon de bois franc Basques, David Huard, n’a pas souhaité accorder une entrevue sur le sujet ce lundi. Il a toutefois confirmé qu’il travaillait sur un plan d’action dont les détails seront communiqués prochainement. 

    *Notons qu'une rencontre a eu lieu dans les dernières heures entre M. Huard, la députée Amélie Dionne et le maire de Saint-Mathieu-de-Rioux, Roger Martin. D'autres détails suivront...

     

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