Plus de 2 M$ pour bonifier les services d’aide psychologique aux élus
La ministre des Affaires municipales, Andrée Laforest.
La ministre des Affaires municipales, Andrée Laforest, accompagnée du président de la Fédération québécoise des municipalités, Jacques Demers et la présidente du Comité sur la démocratie municipale et mairesse de Granby, Julie Bourdon.
Le maire de la Ville de Rivière-du-Loup, Mario Bastille.
Le député de Côte-du-Sud, Mathieu Rivest, la présidente du Comité sur la démocratie municipale, Julie Bourdon, la ministre des Affaires municipales Andrée Laforest, le président de la Fédération québécoise des municipalités, Jacques Demers et la députée de Rivière-du-Loup-Témiscouata, Amélie Dionne.
Québec a annoncé le 28 février un investissement de près de 2 M$ afin de fournir de l’aide psychologique de première ligne gratuite aux élus municipaux et aux membres de leur famille. La ministre des Affaires municipales, Andrée Laforest, veut ainsi répondre à un besoin exprimé par les maires et mairesses de la province aux prises avec du harcèlement ou de l’intimidation.
«Aucun élu ne devrait être laissé seul avec les conséquences qu’entrainent l’intimidation ou le harcèlement à son endroit ou à l’endroit de ses proches», a souligné Mme Laforest, de passage à Rivière-du-Loup.
Cette annonce survient quelques jours après la démission de la mairesse de Gatineau, France Bélisle, qui souhaitait préserver sa santé. La mairesse de Chapais, Isabelle Lessard, a aussi démissionné en novembre dernier en raison d’un trouble de stress post-traumatique. Elle avait exprimé le besoin de bénéficer d’aide psychologique, après avoir dû gérer la crise des feux de forêt qui ont ravagé le Nord-du-Québec à l’été 2023.
«Les élus municipaux, contrairement aux employés de la Ville, n’avaient aucun accès à ce genre de service, donc il fallait agir rapidement», ajoute la ministre des Affaires municipales.
DÉMISSIONS
D’après l’Union des municipalités du Québec, près de 800 démissions d’élus ont été rapportées depuis les dernières élections municipales. «Ces chiffres sont préoccupants. Il faut savoir pourquoi ces gens-là ont démissionné? Comment on peut les aider?», se questionne la présidente du Comité sur la démocratie municipale et mairesse de Granby, Julie Bourdon. Elle veut s’assurer qu’être un élu municipal demeure attractif. Selon un sondage de l’UMQ, 74 % des élus ont rapporté être victimes de harcèlement et d’intimidation.
Le président de la Fédération québécoise des municipalités, Jacques Demers, indique qu’un groupe dans une salle de conseil peut faire sentir sa désapprobation lorsque certaines personnes adoptent des comportements qui ne sont pas appropriés. «Ce n’est pas un spectacle, on veut échanger. On ne veut pas se faire ramasser parce qu’on est devant à ce moment-là […] Si ça va trop loin, il y a peut-être des personnes pour qui ce n’est pas leur place de suivre un conseil», soulève-t-il.
RÉSEAUX SOCIAUX ET CLIMAT DE TRAVAIL
Le maire de Rivière-du-Loup, Mario Bastille, a été la cible de commentaires injurieux sur les réseaux sociaux au cours de son mandat. «On dirait que derrière un écran, on oublie que les insultes qu’on lance à quelqu’un peuvent blesser, que c’est un humain», rappelle-t-il. Il compte environ 7 ou 8 personnes qui agissent de la sorte sur les réseaux sociaux. M. Bastille ne croit pas que l’accompagnement psychologique règlera entièrement ce problème.
«Si je vais consulter et que les insultes continuent sur les réseaux sociaux ou lors des séances de conseil, ça va tout le temps être à recommencer. C’est mettre un ‘’plaster’’ sur un bobo. J’ai hâte de voir le projet de loi.»
La ministre Andrée Laforest a confirmé que le gouvernement planche présentement sur un nouveau projet de loi qui comprendra des mesures pour mieux accompagner les élus dans le monde municipal. Elle n'écarte pas l'adoption de mesures punitives contre les citoyens qui s'attaquent aux élus, qu'ils soient conseillers ou maires. Mme Laforest souhaite aussi imposer une formation obligatoire aux nouvelles personnes élues à la suite des prochaines élections municipales.
À Trois-Pistoles, le maire Philippe Guilbert confirme qu’il est parfois confronté à certaines tensions, comme dans la plupart des municipalités. Il est catégorique, le climat de travail a un effet important sur l’avancement des divers projets. «Ça peut complètement affecter à quel point une ville peut se développer, ça a des gros impacts. Ça serait très bien accueilli, des mesures pour atténuer les tensions au conseil municipal», ajoute-t-il.
Le montant de 2 M$ accordé par Québec servira à bonifier les services déjà offerts par l’Union des municipalités du Québec et la Fédération québécoise des municipalités. Cette mesure s’inscrit dans le Plan d’action pour favoriser le respect et la civilité : unis pour la démocratie ! lancé par le gouvernement du Québec en octobre 2021. Rappelons qu’un plan de lutte contre l’intimidation – volet élus est déployé dans toutes les municipalités desservies par la Sûreté du Québec.
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