L'avocette d'Amérique attire son lot d'observateurs à la rivière des Trois Pistoles
L'avocette d'Amérique, facilement reconnaissable à son mince cou et surtout à son long bec fin et retroussé, ne passe pas inaperçue ces derniers jours à Notre-Dame-des-Neiges, et plus particulièrement sur les berges de la rivière des Trois Pistoles. On y joue même du coude pour l'apercevoir et surtout la photographier. Une véritable star qui déchaine les passions.
Ornithologues, photographes en herbe et photographes avertis s'y pressent dans l'espoir de voir sa petite tête orange-beige et son long bec. Certains viennent même de l’Ontario. D’autres se rapprochent pour obtenir une meilleure photographie de l'oiseau, trop même, au gout de quelques observateurs. Non, vous ne lisez pas un compte rendu d’un concert rock des années 80.
Jean-Claude Pelletier a été l'un des premiers à repérer ce représentant de la famille des récurvirostridés. Une présence qu'il s'est empressé de rapporter sur la page Facebook du Club des ornithologues du Bas-Saint-Laurent (COBSL). Et ce n'est pas un premier passage dans la région pour un représentant de l'espèce.
«En 2016, il y en avait eu à Cacouna, plus précisément au marais. L'an dernier, il y en a eu sur l'ile Verte à Notre-Dame-des-Sept-Douleurs. Mais ce sont des visites très rares. Un observateur qui est venu ici m'a raconté qu'il y une quinzaine de jours, il y en avait 11 dans la Vallée-du-Richelieu», souligne l'ornithologue amateur et photographe.
L'avocette d'Amérique est actuellement loin de son territoire traditionnel. Selon le site Internet eBird, l'oiseau fréquente généralement les zones humides de l'ouest des États-Unis notamment de l'État du Texas.
PRÉSENCES DÉRANGEANTES
L'oiseau attire donc, beaucoup. Comme une «star», l'avocette ne passe pas inaperçue. Qu'on ne s'y méprenne pas, on ne confondra pas ses observateurs avec la faune bruyante qui accompagnait le groupe de musique de glam métal Mötley Crüe dans ses belles années (que les jeunes de moins de 20 ans ne peuvent pas connaitre), mais certains s'y montrent tout aussi désagréables voire irresponsables.
«Il y a ceux que je nomme "les poseux", ceux qui veulent faire la photo du siècle», lâche le Pistolois. Ces derniers n'hésitent pas à la «caller», à s'approcher de l'oiseau, contrevenant au code d'éthique pour l'observation et la photographie d'oiseaux tel que soumis par Oiseaux Canada et Regroupement QuébecOiseaux. En premier lieu, «éviter le dérangement et toute perturbation de leur comportement naturel, avec un souci du bienêtre des sujets». En d'autres termes, ne pas effrayer, pourchasser ou importuner les oiseaux.
«Il y a des gens qui s'avancent même de l'autre côté de la rivière, qui s'approchent beaucoup trop près. L'avocette doit sans cesse se repositionner, elle est dérangée. Elle dépense de l'énergie inutilement. Le problème, c'est qu'il y en a qui ne veulent que la photo, et qui n'ont aucune considération pour le bienêtre de l'oiseau», souligne M. Pelletier.
Ce dernier a même senti le besoin d’interpeler un photographe inutilement trop près de l’oiseau. «Ses amis sont venus me dire qu’il ne faisait rien de mal, mais l’avocette se déplaçait sans cesse. Ça me met en colère alors je l’ai écrit sur ma page Facebook.»
Dans son style direct, Jean-Claude Pelletier n’a pas mâché ses mots. Il souhaite faire prendre conscience aux gens des risques de constamment déranger les oiseaux. Il estime que 5 à 10 % des observateurs ne respectent pas les distances et il n'hésite pas à les interpeler… ni à les exposer sur sa page.
«On est chanceux d’avoir l’avocette ici, il faut en prendre soin et prendre nos précautions. Je m’en sacre de passer pour un baveux, il y a moyen de l’observer et de faire des photos sans déranger l’oiseau. Et ça s'applique à toute la faune !», lance-t-il.
À l’inverse du groupe de Tommy Lee et Vince Neil, l’avocette ne cherche ni attention ni célébrité. Mais comme les membres de Mötley Crüe, elle s’est perdue en cours de route.
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