Trois-Pistoles, avec les portes et le cœur ouverts
Invitée à prendre la parole en faveur de la relance de l’École d’immersion en langue française de Trois-Pistoles, Yvette Rambour, une ancienne étudiante de l’Université Western Ontario a ouvert une fenêtre sur la richesse de son parcours, fortement influencé par la communauté pistoloise.
Après avoir quitté Nazareth en Israël dans les années 1990, elle a séjourné à Trois-Pistoles quelques semaines pour y apprendre le français. Même si elle est partie des Basques pour se diriger vers Montréal, une partie de son cœur est restée au Bas-Saint-Laurent. Même après son départ, elle a gardé le contact avec Daniel Roussel, qui faisait partie de sa famille d’accueil.
«Tout de suite, j’ai été impressionnée de la patience des gens […] Je ne m’attendais pas à quel point ça allait enrichir ma vie de plusieurs façons. L’École d’immersion de langue française, c’était une immersion dans la culture, dans les coutumes et dans la richesse des Québécois. J’ai adoré mon expérience ici», témoigne-t-elle.
Lors de son séjour en sol pistolois, elle a appris à tricoter des pantoufles en phentex, à tisser à danser des sets carrés, et surtout, à aimer la culture québécoise. «J’ai été adoptée, intégrée et c’est en la vivant que j’ai compris la culture québécoise […] Par association, ça vous a changés aussi. Je vois une patience que vous avez que d’autres endroits n’ont pas, d’autres intérêts, de la curiosité», ajoute Yvette Rambour.
Quant à lui, Daniel Roussel est convaincu que son ancienne pensionnaire, «une femme de cœur», est la personne idéale afin de participer à la relance de l’École d’immersion en langue française. «J’ai toujours pris le temps de m’asseoir sur le divan et de lui apprendre le français que je parle. Je ne suis vraiment pas déçu.»
Ce mois-ci, Yvette Rambour a acheté sa maison au centre-ville de Trois-Pistoles afin de s’y installer de façon permanente. «Mon rêve, c’est d’accueillir de nouveaux étudiants anglophones […] Je ne peux pas vous dire à quel point ça a vraiment changé ma vie de travailler en français, d’adopter la culture québécoise, de manger des pizza-frites, de comprendre ‘’oreilles de crisse’’, ce sont toutes des choses qui ne sont pas évidentes quand on ne vient pas d’ici.»
Au cours des 15 dernières années, elle s’est intégrée comme entrepreneure au Québec, en fondant Multiply. L’apprentissage du français et de la culture a été un pilier de son parcours. Yvette Rambour s’est depuis réorientée en charpenterie-menuiserie et elle a remporté le concours provincial Chapeau, les filles ! en 2022, destiné aux femmes qui s’engagent dans des milieux traditionnellement masculins.
MOBILISATION DU COMITÉ DE RELANCE
Rappelons que l’Université Western d’Ontario a officiellement mis fin au programme d’immersion française à Trois-Pistoles en octobre 2024, après 92 ans d’activités. Elle a été confrontée à la difficulté de trouver des familles hôtesses, après la pandémie et une pause d’un an.
Jusqu’à maintenant, deux nouvelles universités hors Québec ont manifesté leur intérêt de relancer l’École d’immersion en langue française à Trois-Pistoles, explique le maire, Philippe Guilbert. L’identité des institutions qui ont amorcé des démarches demeure confidentielle pour le moment. Des analyses du programme sont présentement en cours. Il reste toutefois de nombreuses autres étapes à franchir avant que la relance de l’École d’immersion française de Trois-Pistoles ne se concrétise.
«On peut être optimiste. Pour 2025, le temps joue contre nous. On peut certainement croire à une relance du programme en 2026. Ce n’est pas fait encore», conclut Philippe Guilbert. Le comité de relance poursuit son travail de mobilisation.
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