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Développer la physiothérapie en Bolivie

durée 2 février 2025 | 06h59
  • Andréanne Lebel
    Par Andréanne Lebel

    journaliste

    Coopérante volontaire avec Terre sans frontières depuis deux ans, la physiothérapeute Pascale Brouillette de Rivière-du-Loup a laissé son empreinte en Bolivie. En plus d’y livrer des dizaines d’aides techniques destinées à la population locale, elle a formé plus d’une trentaine de travailleurs de la santé afin qu’ils puissent à leur tour transmettre leurs connaissances.

    Après un premier séjour exploratoire en 2022, Pascale Brouillette est retournée en Amérique latine pendant un mois, d’octobre à novembre 2024, afin d’aider les équipes médicales à organiser leurs nouveaux services en physiothérapie. La collaboration de l’entreprise Berger de Saint-Modeste et de Terre sans frontières a permis d’acheminer un conteneur rempli d’aides techniques à partir du Canada vers la Bolivie. Ce trajet a pris environ trois mois. Il fallait ensuite organiser la distribution du matériel.

    La Louperivoise s’est rendue dans les régions éloignées de l’Altiplano, dont à l’hôpital de Pucarani, situé à deux heures de route de la capitale La Paz, où la précieuse cargaison a été livrée. «Ça fait 20 ans que je travaille en physiothérapie, c’est mon quotidien. Je me suis rendu compte à quel point j’avais amené un vaisseau spatial […] J’ai expliqué comment on attribue une marchette à un enfant qui a un handicap léger ou sévère. Quels sont les critères? Comment on procède? J’ai décortiqué l’utilisation de chacune des marchettes. Pour moi, c’est un début, la mise en place des équipements. Après, j’aimerais qu’il y ait une pérennité», explique Pascale Brouillette.

    Certains enfants ont découvert, lors de ces essais, qu’ils avaient la capacité de se déplacer de façon autonome avec les aides techniques. «S’il y a une chose que j’ai apprise dans la vie, c’est que tu ne peux pas jeter la serviette en disant qu’on ne fait rien.» Des enfants atteints de paralysie cérébrale passaient leurs journées couchés au sol, faute de matériel adapté à leurs besoins, rapporte-t-elle. «Je ne suis pas une magicienne non plus, mais ça a vraiment augmenté les possibilités pour eux […] Une poussette adaptée pour une mère, ça peut faire toute la différence», image la physiothérapeute.

    JONH

    En Bolivie, Pascale Brouillette a retrouvé Jonh, dont elle avait fait la connaissance lors de son premier séjour en 2022. Atteint de paralysie cérébrale, il était devenu trop grand pour être porté par sa mère dans un aguayo, une pièce de tissu rectangulaire tissée à la main utilisée par les communautés traditionnelles pour transporter des enfants et divers objets sur leur dos. Ce jeune patient habite à une heure de marche du centre-ville, ce qui complique grandement son accès aux soins de santé.

    Jonh se déplaçait dans un fauteuil roulant trop grand pour lui. Ses pieds n’atteignaient pas les repose-pieds et il glissait constamment vers le bas sur son siège. II a essayé le tricycle adapté que lui proposait la physiothérapeute. «Jonh, à la fin, il avait un fauteuil adapté à sa taille. On l’a ajusté et il trippait parce qu’il était capable de toucher aux roues. Juste ça, ça fait toute la différence pour cet enfant-là.» La physiothérapeute s’est aussi assurée que l’équipement dont il bénéficierait serait adapté à sa résidence, en visitant son domicile pour mieux comprendre ses conditions de vie.

    À l’hôpital de Pucarani, Pascale Brouillette a fait des essais de marchettes et de tricycles adaptés avec six enfants dont les besoins avaient été évalués préalablement par les physiothérapeutes locaux. Elle devait donc remplir une double mission.

    «C’est un mixte de l’introduction des aides techniques aux enfants ayant des atteintes différentes et de la formation en pédiatrie que j’ai faite avec chaque physiothérapeute», explique Mme Brouillette. Elle les a amenés à évaluer les besoins des jeunes patients, à traiter les enfants et à ensuite assurer leur développement moteur.

    La physiothérapeute a donné une formation à une trentaine de membres du personnel de la santé, qui ont chacun leur propre clientèle. «Je l’ai fait en espagnol, je ne fais même pas ça au Québec, en français», explique-t-elle. Ses objectifs étaient de renforcer les capacités des professionnels qui sont sur place et de les sensibiliser à référer les patients pédiatriques vers les physiothérapeutes.

    CLASSE ADAPTÉE

    Elle a aussi évalué une soixantaine de jeunes et d’adultes et visité un groupe d’élèves d’une classe adaptée de Puerto Perez comptant 15 personnes âgées de 7 à 44 ans, toutes déficiences confondues. «J’ai appris que ces gens-là faisaient trois heures de marche aller et retour de leur milieu pour aller à cette école-là. C’est une réalité […] Il y a vraiment des communautés très éloignées et l’accès aux soins n’est vraiment pas évident.»

    Malgré cette distance des grands centres, ces milieux sont en mesure de mettre en place des services similaires à ceux qui existent en Amérique du Nord, a-t-elle constaté. «Ce projet a été super significatif. J’ai vraiment fait le projet que je pensais réaliser», conclut Pascale Brouillette.

    Une équipe de Terre sans frontières assurera le suivi dans chaque milieu au cours des prochaines années. «Je pense que ce projet aura des retombées vraiment intéressantes parce qu’il est ultra concret. Ce n’est pas juste parce que l’équipement est disponible, mais parce qu’ils ont la possibilité de développer les services.»

    Pascale Brouillette souhaiterait retourner dans les communautés qu’elle a visitées dans deux ou trois ans afin de constater l’évolution de son projet d’aide humanitaire et la continuité de l’offre de services en physiothérapie. Elle souhaite que les équipes médicales de l’Altiplano aient la capacité de s’approvisionner elles-mêmes en aides techniques à partir de la Bolivie afin de poursuivre le travail qui a été amorcé.

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