Urgence de Trois-Pistoles : «C’est un modèle de soins à reproduire, pas à détruire» - Dre Émilie Pelletier
Une foule composée d’une centaine d’élus, de professionnels de la santé et de citoyens des Basques s’est rassemblée, ce jeudi 6 février, afin de contester la menace d’une coupe d’heures à l’urgence du Centre hospitalier de Trois-Pistoles. Selon la médecin, Émilie Pelletier, cette éventuelle mesure est le premier pas vers une diminution de soins à la communauté.
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Rumeur d’une fermeture de l’urgence en soirée et de nuit à Trois-Pistoles
«On est très inquiets avec la possibilité de fermeture de l’urgence de 20 h à 8 h. On sait qu’il n’y a aucune décision prise actuellement, mais le seul fait de l’évoquer, pour nous c’est inacceptable, c’est un non-sens», a clamé Dre Pelletier, aussi directrice du Groupe de médecine familiale universitaire (GMF-U) de Trois-Pistoles en conférence de presse.
La réduction des heures d’ouverture à l’urgence pourrait avoir des répercussions sur l’entièreté de l’organisation des soins, soutient-elle. Des postes d’infirmières pourraient être supprimés, ainsi l’expertise en soins aigus serait réorientée ailleurs dans la région.
«Une perte d’une urgence 24 heures sur 24, ça mène à une urgence qui n’est pas reconnue par le Ministère, et à une perte de PREMs [postes régionaux d’effectifs médicaux] donc une perte de médecins pour la région», se désole Émilie Pelletier. Pour l’hôpital de Trois-Pistoles, ce sont sept postes de médecins d’urgence qui pourraient être abolis. Et ces docteurs font aussi d’autres tâches, assure-t-elle, comme des soins aux patients, des suivis à domicile, de l’enseignement.
Ces sept médecins représentent 4 000 patients qui deviendraient orphelins, alors que la région des Basques en compte très peu actuellement. Ces professionnels en moins font aussi remettre en question la mission universitaire du GMF-U qui permet la formation de plusieurs résidents, étudiants en médecine, infirmiers praticiens et autres chaque année.
«Amputer notre urgence d’heures, c’est un premier pas vers une diminution de l’accessibilité à tous nos soins. C’est totalement inacceptable pour une population vieillissante qui a besoin de soins de proximité», martèle la médecin. Cette perte de services se traduira, selon elle, par davantage de visites à l’urgence, plus d’hospitalisations et l’augmentation des couts pour le centre hospitalier. «Ça peut mener à des décès, c’est définitif», croit-elle.
Les professionnels de la santé des Basques veulent continuer de travailler dans leur milieu et d’offrir des services complets à la population. «Ce travail-là, on veut continuer à le faire sans avoir une épée de Damoclès au-dessus de la tête, mais surtout au-dessus des citoyens qui, maintenant, vivent avec l’inquiétude à savoir si un proche est gravement malade ou eux-mêmes, s’ils vont pouvoir avoir des soins urgence», conclut-elle en espérant que le gouvernement du Québec décide de laisser l’urgence ouverte en tout temps.
L’urgence est menacée à la suite de la création de l’agence Santé Québec par le gouvernement, indique le maire Philippe Guilbert. Ce dernier a commandé des coupes massives dans le réseau de la santé, indique-t-il. Les différents CISSS et CIUSSS de la province ont donc dû remettre un plan, vendredi dernier, afin d’atteindre l’objectif de réduction gouvernemental.
«Le CISSS du Bas-Saint-Laurent devait présenter un plan atteignant 45 M $ de coupe parmi lesquels Santé Québec devra sélectionner 34 M$, soit le montant que le CISSS doit couper avant la fin de la prochaine année financière», explique l’élu. Dans le document, une mesure vise la fermeture de l’urgence de Trois-Pistoles entre 20 h et 8 h la semaine, et entre 16 h et 8 h la fin de semaine.
«Si cette mesure est retenue, les conséquences pourraient être désastreuses», pense M. Guilbert. Les citoyens auraient 30 à 45 minutes de route à effectuer pour se rendre à l’établissement de santé le plus proche situé à Rivière-du-Loup ou Rimouski. Des minutes cruciales qui peuvent faire la différence entre la vie et la mort, ajoute-t-il.
Pour Laurie Tatibouët, citoyenne de Notre-Dame-des-Neiges, la proximité de services d’urgence a été un critère important dans son choix de milieu, lorsqu’elle est arrivée dans Les Basques, il y a six ans. «Sinon je serais allée à Rimouski et Rivière-du-Loup», laisse-t-elle tomber.
«Il n’y a pas d’économies à faire sur la santé des gens […] Nous sommes loin d’avoir dit notre dernier mot. Mobilisons-nous pour maintenir notre urgence. C’est une question d’humanité», termine-t-il.
Toutes les municipalités des Basques se sont unies pour contester une éventuelle fermeture de l’urgence de Trois-Pistoles. Une pétition papier a été lancée, et une version virtuelle suivra sous peu. Une marche est aussi organisée le 15 février dès 12 h 30 à partir de l’aréna Bertrand-Lepage jusqu’à l’hôpital de Trois-Pistoles pour dénoncer cette possible coupe.