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Fermeture du pont d’Amours : un sérieux «casse-tête» pour l’industrie du taxi 

durée 12 février 2025 | 06h51
  • Marc-Antoine Paquin
    Par Marc-Antoine Paquin

    Journaliste

    Steeve Malenfant a beau regarder la situation sous tous ses angles, il voit mal comment son entreprise et sa clientèle pourront conjuguer avec la fermeture complète du pont d’Amours de Rivière-du-Loup pendant huit mois en 2026 ou 2027. Le propriétaire de Taxi Beaulieu et J.A.N.T.I.S Taxi entrevoit déjà une baisse des demandes de transport et il craint qu’il doive assister à ce triste dénouement les «mains liées».  

    Au lendemain de l’annonce du ministère des Transports du Québec, qui a confirmé avoir écarté l’option d’un pont temporaire durant la durée des travaux, Steeve Malenfant a été mis devant le fait accompli. L’homme d’affaires concède toutefois qu’il a réfléchi à ce scénario plusieurs fois ces derniers mois. Les solutions, dit-il, il ne les a «pas encore trouvées». 

    «C’est un gros casse-tête», a-t-il reconnu dans ses bureaux du quartier Saint-Ludger, non loin du fameux pont, la semaine dernière. «C’est un problème dont je n’avais pas besoin. Un sérieux examen logistique sera nécessaire.»

    Steeve Malenfant estime que la fermeture du pont d’Amours aura un impact «majeur» et «direct» sur sa clientèle, puisqu’elle allongera les trajets moyens entre le quartier et le reste de la ville d’une dizaine de kilomètres. Une distance qui ajoutera, en moyenne, une vingtaine de dollars aux voyages. «C’est 2,05 $ du kilomètre et je n’ai pas de mot à dire là-dessus. C’est le gouvernement qui dicte les prix», a-t-il expliqué. 

    Cette réalité, estime-t-il, forcera de nombreux clients réguliers à revoir leur façon de se déplacer en ville. «Un professionnel qui paie 15 $ pour se rendre au travail tous les matins, est-ce qu’il va accepter d’en payer le double? J’en doute beaucoup», a-t-il illustré, en exemple.

    «Les gens vont prévoir leurs déplacements et chercher d’autres alternatives, que ce soit le transport adapté ou le covoiturage.» 

    Comble de malheur, le quartier qui sera isolé du centre-ville est l’un des plus importants pour la compagnie de taxi de Rivière-du-Loup, notamment en raison du nombre de citoyens qui y habitent et des grandes entreprises qui y sont installées. Steeve Malenfant craint aussi que des délais s’ajoutent à l’échéancier de 8 mois souhaité par le MTQ.  

    «Pour le moment, je n’ai pas de solution, je cherche encore», a réitéré l’entrepreneur. «Je n’ai pas de drone pour faire traverser les voitures d’une rive à l’autre. Je ne peux pas non plus laisser mes clients au pied de la passerelle pour les reprendre de l’autre côté. Ça ne fait aucun sens», a-t-il ironisé.  

    Dans les derniers mois, l’homme d’affaires a participé à une consultation sur le projet, à l’invitation du MTQ. Des représentants du CSS Kamouraska-Rivière-du-Loup, des écoles secondaires, du transport scolaire et du transport adapté étaient aussi présents, entre autres. 

    Il soutient avoir compris à ce moment que la fermeture complète du pont d’Amours était une sérieuse possibilité, notamment en raison de l’impossibilité pour certains véhicules d’emprunter le pont temporaire. Il a aussi réalisé qu’il serait impacté de plein fouet, sans pouvoir rien n’y faire, ni compter sur une forme de compensation. 

    C’est pourquoi il avait pris l’initiative de se présenter à une séance du conseil municipal, inquiet. Il voulait partager ses préoccupations avec les élus et leur demander leur position.

    «Les transporteurs scolaires seront compensés sans trop de problèmes. La Ville aussi avec ses pompiers, on le comprend bien», a-t-il dit. «Moi, je semble être seul dans mon monde. L’impact semble inévitable.»

    Il comprend la nécessité d’effectuer des travaux afin de sécuriser le pont, mais il regrette ce nouvel obstacle. Après tout, l’industrie du taxi a été «bombardée», ces dernières années, avec l’entrée en vigueur de loi 17, qui a permis de libéraliser le marché du taxi à Uber, et la pandémie de COVID-19, notamment. Au niveau local, les mauvaises nouvelles semblent aussi s’accumuler pour lui, après le déménagement annoncé de la traverse. 

    TRANSPORT ADAPTÉ 

    La fermeture éventuelle du pont d’Amours forcera aussi l’organisme Transport Vas-y de Rivière-du-Loup à faire preuve de flexibilité et d’adaptabilité, selon sa directrice générale, Nicole Roussel. 

    S’il est encore tôt, elle croit que l’organisme pourrait envisager une modification temporaire de son offre de service pour les trajets impliquant le quartier Saint-Ludger. «Le service pourrait ne plus être disponible aux 30 minutes, comme les usagers sont habitués présentement, mais plutôt offert sous forme de navettes comme on fonctionne avec les municipalités environnantes», a-t-elle analysé au lendemain de l’annonce.

    «Ça va venir limiter le nombre de déplacements dans ce secteur-là, définitivement, bien que ce ne soit pas encore officiel.»

    Mme Roussel a par ailleurs regretté d’avoir appris la décision du MTQ dans les médias. «J’ose espérer qu’on sera avertis un peu à l’avance lors de la fermeture», a-t-elle laissé entendre. 

    «TIRER LE PLASTER»

    Dans une réaction écrite, partagée par la Ville de Rivière-du-Loup, le maire Mario Bastille a convenu que la fermeture du pont pendant 8 mois n’était pas idéale, mais qu’il s’agit de «la moins pire des solutions».

    «Lorsque le chantier débutera, il nous faudra tous nous adapter. Mais comme je l’ai déjà dit, vaut mieux tirer le plaster d’un coup que de l’étirer à l’infini», a-t-il imagé.  

    Il s’est dit «satisfait» du travail de préparation fait par le MTQ, du fait que la sécurité de gens de Rivière-du-Loup sera assurée avec la continuité des services d’urgence et de la volonté du MTQ d’installer une passerelle permettant aux piétons et cyclistes de circuler plus facilement d’une rive à l’autre.

     

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