Ouvrir les yeux et mettre la pédale douce dans les zones scolaires
«Salut les garçons, à demain!», lance Annie Gonthier, en ouvrant les portes de son autobus à deux enfants qui en descendent, sur la rue des Saules à Rivière-du-Loup. À chaque jour, elle transporte matin et soir des dizaines d’enfants vers les écoles Roy, Joly et l’école secondaire de Rivière-du-Loup. Elle est aussi fréquemment témoin de nombreuses infractions au Code de la sécurité routière.
À l’occasion de la campagne de sensibilisation M’as-tu vu? qui était organisée par la Fédération des transporteurs par autobus du 27 janvier au 7 février, Info Dimanche a pris place à bord du véhicule conduit par Annie Gonthier pour un trajet du retour à la maison. Lors de ses différents parcours au centre-ville de Rivière-du-Loup, elle a sous sa responsabilité 87 élèves du primaire et du secondaire.
«Sur une semaine, je remarque au moins deux infractions ou plus. Ça dépend du trafic. Autant que possible, j’essaie de débarquer les enfants du bon côté, pour qu’ils n’aient pas besoin de traverser la rue. Ça permet de limiter les risques», explique-t-elle.
Annie Gonthier, qui est à l’emploi du Groupe Énersco de Témiscouata-sur-le-Lac, déplore que certains automobilistes ignorent complètement les lumières rouges clignotantes de son autobus. D’autres ralentissent à l’approche de son véhicule et ne s’immobilisent pas totalement, pour économiser quelques secondes. Il est difficile de prévoir le comportement des autres conducteurs, souligne-t-elle. Lors de la présence d’Info Dimanche, aucun automobiliste n’a omis de s’arrêter, mais certains se sont immobilisés tout près du véhicule scolaire, avant que des jeunes élèves n’en sortent pour retourner à la maison.
«Soyez vigilants et attentifs. Les lumières jaunes, ça ne veut pas dire de se dépêcher à passer, ça veut dire que je vais arrêter bientôt et que des enfants sortent dans quelques secondes», ajoute celle qui conduit des autobus scolaires depuis bientôt 20 ans.
Parfois, elle doit aussi composer avec des distractions à l’intérieur de son autobus, puisque des dizaines d’enfants y prennent place. «Je leur dis que quand je regarde dans le miroir pour les surveiller ou leur parler, je ne peux pas regarder en avant.»
En 2024, 782 constats d’infraction ont été signifiés par des policiers de la Sûreté du Québec, au Bas-Saint-Laurent, pour vitesse excessive dans une zone scolaire. Six constats d’infraction ont été remis pour avoir omis de s’immobiliser à plus de 5 mètres d’un autobus dont feux rouges intermittents sont en marche, ou dont le panneau d’arrêt est déployé. Cette infraction entraine l’obtention de 9 points d’inaptitude et une amende entre 200 $ et 300 $. Il s’agit d’une des plus couteuses en termes de points au Code de la sécurité routière.
«On invite les gens à redoubler de prudence afin d’assurer la sécurité de nos enfants. On demande aux gens de respecter la limite de vitesse affichée. Dans les zones scolaires, l’amende est doublée si l’infraction est commise durant la période scolaire», indique le porte-parole de la Sûreté du Québec pour la région du Bas-Saint-Laurent, Frédéric Deshaies.
Le nombre de victimes reliées au transport scolaire est passé de 2 en 2021 à 3 en 2022, avant de faire un bond à 28, en 2023 au Bas-Saint-Laurent, selon les chiffres transmis par l’Association des directeurs de police du Québec.
«Les gens ont leurs préoccupations quotidiennes et ils peuvent être portés à oublier la sécurité dans les zones scolaires. On donne aussi des constats d’infraction à des parents qui sont en excès de vitesse», rapporte le porte-parole Frédéric Deshaies. Ceux qui se trouvent près des écoles lors de ces périodes critiques ont souvent, eux aussi, des enfants du même âge.
M. Deshaies confirme que des interventions policières ont lieu à tous les jours près des écoles au Bas-Saint-Laurent. Certains patrouilleurs sont affectés à suivre les autobus afin de s’assurer que les automobilistes respectent le Code de la sécurité routière. Tous les intervenants le rappellent, la sécurité dans les zones scolaires est une responsabilité partagée.
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