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Déménagement de la traverse : la moitié des options n’a pas été rendue publique

durée 19 mars 2025 | 06h00
  • Andréanne Lebel
    Par Andréanne Lebel

    journaliste

    Des documents obtenus par Info Dimanche, datés du 2 mai 2024, révèlent que la Société des traversiers du Québec (STQ) a travaillé sur six options concernant le lien fluvial entre le Bas-Saint-Laurent et Charlevoix pour en estimer les couts et les comparer. Lors de l’annonce officielle du déménagement de la traverse, sept mois plus tard, seulement trois scénarios ont été évoquées publiquement.

    «Les six options ne seront pas présentées dans les réponses au Secrétariat du Conseil du trésor. Celles-ci feront l’objet d’une autre rencontre. Pour le moment, toutes les options semblent avoir été mises sur la table pour réflexion», peut-on lire dans le résumé d’une réunion à laquelle une dizaine de fonctionnaires de la STQ, la Société québécoise des infrastructures et le ministère des Transports et de la Mobilité durable ont participé.

    La STQ confirme que plusieurs études ont été réalisées en vue d’élaborer des options de relocalisation du quai du traversier dans le secteur du port de Rivière-du-Loup. Des scénarios d’exploitation à Cacouna ont aussi été élaborés. Toutefois, lors de l’annonce du déménagement de la traverse le 19 décembre 2024, les informations concernant le dossier d’opportunité évoquaient au total trois options à Rivière-du-Loup et Cacouna.

    Le porte-parole de la STQ, Bruno Verreault, précise que les autres options ont été écartées parce qu’elles ne répondaient pas aux différents critères d’analyse. «La STQ ne présentera pas l’ensemble des options analysées dans le cadre du dossier d’opportunité, mais seulement les options prometteuses retenues.»

    SCÉNARIOS

    À Rivière-du-Loup, l’unique scénario qui a été présenté à la population consistait au prolongement du quai actuel sur une distance d’un demi-kilomètre. Cette nouvelle infrastructure devait être construite sur 835 pieux afin de rejoindre la profondeur d’eau nécessaire pour limiter les impacts du dragage et de l’ensablement. Selon les estimations du gouvernement, le maintien de la traverse à Rivière-du-Loup aurait engendré des couts de 665 M$, comparativement à 170,5 M$ pour Cacouna.

    Du côté de Cacouna, Québec a présenté deux scénarios : celui qui a été retenu, près de la montagne, et l’autre qui était plus élevé de 1,5 M$, du côté sud-ouest de Gros-Cacouna.

    Aucune autre option n’a été évoquée pour Rivière-du-Loup, même si la documentation à laquelle Info Dimanche a eu accès révèle que trois autres possibilités ont été envisagées pour la relocalisation de la traverse. On ignore toutefois leur emplacement et les couts qui y sont rattachés, puisque des informations ont été caviardées.

    TRANSPARENCE

    À plusieurs reprises depuis plus d’un an, la Ville de Rivière-du-Loup a réclamé plus de transparence de la part du gouvernement du Québec et de la Société des traversiers du Québec dans le dossier du déménagement de la traverse.

    Bien que la décision gouvernementale soit désormais publique, les nombreux documents obtenus en vertu de la Loi sur l’accès aux documents des organismes publics et sur la protection des renseignements personnels sont revenus caviardés, en partie ou en totalité.

    «Ça confirme tout ce qu’on croit depuis le jour un face à la transparence de la STQ et de notre gouvernement aussi. C’est troublant et c’est choquant […] Ça vient me chercher, c’est insultant, c’est irrespectueux […] Est-ce que les trois autres options concernaient Rivière-du-Loup? Si oui, à quel cout?», réagit le maire de la Ville de Rivière-du-Loup, Mario Bastille.

    Ce dernier demande depuis plusieurs mois d’avoir accès à la documentation qui a nourri la décision du gouvernement du Québec. Un projet de loi privé sera déposé à cet effet à l’Assemblée nationale prochainement, en collaboration avec le député péquiste Pascal Bérubé. Selon M. Bastille, le caviardage soulève davantage de questions qu’il n’amène de réponses concernant l’impartialité du processus.

    «Il y a anguille sous roche, et on en a tourné des pierres», lance-t-il, en référence à une expression maintes fois utilisée par la députée de Rivière-du-Loup-Témiscouata Amélie Dionne dans ce dossier. «Je pense qu’on [devrait] avoir accès à ces documents-là pour nous faire une tête et faire une démonstration [à la population] que le gouvernement n’essaie pas de nous mener en bateau», poursuit-il.

    Le maire de Rivière-du-Loup n’a jamais été informé que six options avaient été envisagées concernant le lien fluvial entre le Bas-Saint-Laurent et Charlevoix. Il estime que si le gouvernement n’avait rien à cacher, il n’aurait pas de problème à fournir la documentation disponible et les études qui ont été réalisées.  

    «S’ils sont confortables avec leur décision, ça ne devrait pas être des documents qui sont en noir et blanc. Il devrait y avoir un peu plus de lettres et de texte que juste des grandes barres noires», ajoute Mario Bastille, en lien avec les documents caviardés.

    AUTRES DOCUMENTS

    Dans un autre courriel envoyé cette fois par un expert conseil en analyse financière de la SQI à ses collègues le 9 novembre 2023, titré «St Siméon Cacouna – frais de financement», il est fait mention des résultats et des hypothèses considérées. Ces messages sont entièrement caviardés.

    Quelques heures plus tard la même journée, la SQI a transféré sa recommandation du montant à provisionner au Plan québécois des infrastructures pour 2024-2025 pour le projet de lien fluvial entre le Bas-Saint-Laurent et Charlevoix. Ces échanges ont lieu plus d’un an avant l’annonce officielle du déménagement de la traverse de Rivière-du-Loup vers Cacouna.

    En conférence de presse en décembre 2024, la ministre Geneviève Guilbault avait affirmé que les sommes de 170,5 M$ pour le déménagement de la traverse étaient prévues au Plan québécois des infrastructures. À la lumière de ces informations, le maire de Rivière-du-Loup, Mario Bastille, ne peut s’empêcher de croire que la décision du déménagement était déjà prise à ce moment.  

    APPEL D’INTÉRÊT

    La Société des traversiers du Québec a lancé un appel d’intérêt en janvier 2024 afin d’identifier un ou des armateurs privés qui pourraient opérer le lien fluvial entre Saint-Siméon et Rivière-du-Loup. 

    Le 11 mars 2024, une fonctionnaire du ministère des Transports du Québec a proposé à la Société des traversiers du Québec d’attendre les résultats de l’appel d’intérêt afin de les intégrer dans le dossier d’opportunité. Lors d’une réunion tenue trois jours plus tard à laquelle étaient conviés la Société des traversiers du Québec, le ministère des Transports et la Société québécoise des infrastructures, un intervenant de la STQ a expliqué que l’avis d’intérêt et le dossier d’opportunité ne devaient pas être liés. «Le processus d’avis d’intérêt suivra son cours et se développera en parallèle du processus du dossier d’opportunité.» Le reste de la discussion est caviardé.

    La version finale du dossier d’opportunité concernant le lien fluvial Bas-Saint-Laurent-Charlevoix a été envoyée le 3 décembre 2024 par la Société québécoise des infrastructures à la Société des traversiers du Québec. L’annonce du déménagement de la traverse par Québec a eu lieu deux semaines plus tard, le 19 décembre 2024.

    » À lire aussi : La traverse Bas-Saint-Laurent – Charlevoix lève l'ancre pour Cacouna

    commentairesCommentaires

    1

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    • MM
      Marc Morin
      temps Il y a 4heures
      Un dossier qui sent la SAAQclic ! On veut voir les documents , tous les documents et non-caviardés !Un moratoire sur ce dossier devrait être décrété pour connaître le fond de cette histoire et, s'il y a lieu, prendre les actions qui s'imposent.
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