Québec prévoit des frais pour les «no-shows» au restaurant dès cet été
Le gouvernement du Québec a l’intention de punir les «no-shows», les réservations fantômes, dans les restaurants de la province dès juillet. Le nouveau règlement modifiant l’application de la Loi sur la protection du consommateur prévoit une pénalité de 10 $ par personne pour des groupes de cinq et plus. «C’est mieux que rien», estime la propriétaire de l’Estaminet de Rivière-du-Loup, Mylen Ouellet.
L’entrepreneure trouve qu’il s’agit d’une belle avancée pour le domaine de la restauration, même si elle considère que cette nouvelle mesure n’est pas très contraignante. «Ce n’est pas un gros montant, 10 $ par personne. C’est juste une petite tape sur les mains», image-t-elle.
Les frais, qui entreront en vigueur cet été, peuvent s’appliquer à un groupe de cinq personnes et plus si le restaurant en fait mention avant la réservation. L’établissement doit aussi communiquer avec le consommateur pour confirmer la date et l’heure de la plage horaire réservée dans un délai de 6 à 48 heures, et mettre en tout temps un moyen technologique à sa disposition pour l’annulation de la réservation. Le client peut se désister au moins trois heures à l’avance.
D’après le gouvernement, l’encadrement des pénalités en cas de réservations fantômes vise à «éviter tout abus envers la clientèle, uniformiser la pratique et soutenir les restaurateurs québécois».
Il est dommage d’avoir à se rendre là, mais c’est un mal nécessaire, soutient Mylen Ouellet, en indiquant que les gens ne comprennent pas la réalité du milieu de la restauration. Lors de grandes réservations, des commandes d’aliments sont effectuées en conséquence, du personnel de plus est sur le plancher, d’autres clients sont refusés en restaurant notamment. Quand un «no-show» survient, d’importantes pertes financières sont donc engendrées.
«Il faut tout le temps mettre des amendes finalement pour que les gens finissent par comprendre. Je trouve ça plate pareil qu’on passe pour des méchants, qu’il faut passer par la punition pour qu’ils comprennent», se désole la restauratrice. D’après elle, aviser un retard, une diminution de personnes dans une réservation ou une annulation est simplement une question de respect.
L’entrepreneure croit que si tous les restaurateurs se tiennent ensemble, instaurent la nouvelle pénalité dans leurs commerces et l’appliquent réellement, la situation pourrait faire réfléchir les gens.
UNE SOMME «SYMBOLIQUE»
Tout comme l’Association restauration Québec (ARQ), Mylen Ouellet pense que le montant demandé n’est pas assez haut, qu’il est «symbolique». L’ARQ évalue que la somme demandée aurait dû être de 20 $ pour couvrir les désagréments des restaurateurs et avoir un effet plus dissuasif. «Mais c’est un début», conclut la restauratrice.
Le co-propriétaire du Loft, Pier-Olivier Ruest, juge aussi que 10 $ par personne n’est pas une pénalité très élevée. Il souligne qu’une table de 10 personnes représente environ 500 $ de profits. En cas d’annulation le restaurant recevrait donc une compensation de 100 $, ce qui n’est pas grand-chose, soulève-t-il.
Même s’il ne vit pas de «no-shows» très souvent, et que, la plupart du temps, il est capable de combler les tables avec d’autres clients, il pense que la mesure pourrait être bonifiée. D’après lui, les frais devraient être progressifs au nombre de clients de la réservation : par exemple 10 $ par personne pour un groupe de 5, 20 $ par personne pour un groupe de 10, 40 $ par personne pour un groupe de 20 et ainsi de suite.
L’ARQ pense aussi que le minimum de cinq personnes devrait être retiré, puisque le phénomène des «no-shows» est aussi observé chez les réservations de 2 à 4 personnes. Elle «estime également qu'un établissement devrait pouvoir imposer une pénalité aux membres absents d'un groupe, et ce, même si un seul d'entre eux se présente».
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