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Agence Iris et Résidence Reine-Antier : la situation est dénoncée

durée 14 avril 2025 | 13h05
  • Andréanne Lebel
    Par Andréanne Lebel

    journaliste

    Quelques jours après la publication de plusieurs articles concernant des rapports d’enquête de la CNESST qui visent l’Agence de recrutement et de placement des employés Iris, et son client, la Résidence Reine-Antier de Rivière-du-Loup, les réactions continuent d’affluer.

    Deux rapports d’enquête produits par la Commission des normes, de l'équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) datés du 17 juin et du 9 décembre 2024 démontrent que des salaires, des heures supplémentaires et des jours fériés n’ont pas été payés à des travailleuses et travailleurs migrants de Rivière-du-Loup, et ailleurs au Québec.

    Cette situation a été d’abord révélée dans une enquête de la journaliste Lisa-Marie Gervais du journal Le Devoir, publiée les 9 et 10 avril. Elle avance que l’agence a enfreint les lois sur l’immigration en donnant des travailleurs en location à la Résidence Reine-Antier pour occuper divers postes, ce que leur permis de travail ne les autorisait pas à faire.

    Dans un courriel transmis le 14 avril, la Résidence Reine-Antier «tient à réitérer son engagement de tous les jours envers le bien-être des résidents et aux membres du personnel.» «La situation vécue par les travailleurs engagés par l’agence de placement est totalement inacceptable. La Résidence Reine-Antier est particulièrement affligée par la situation puisqu’elle a versé l’ensemble des salaires à l’agence.»

    La Résidence souligne qu’il est essentiel que le gouvernement se penche sur la loi selon laquelle un client d’une agence de placement peut être considéré comme solidairement responsable des infractions pécuniaires. «Est-ce que le ministre de la Santé, M. Christian Dubé, accepterait de payer une 2e fois pour les milliers d’heures qu’il achète des agences en santé et services sociaux chaque année? Certainement pas. Son collègue, le ministre du Travail M. Jean Boulet, devrait étudier sérieusement la question, pour clarifier la loi et éviter cette possibilité», ajoute le propriétaire de la Résidence Reine-Antier, Roch Bernier. La Résidence Reine-Antier compte 84 unités, héberge une centaine de résidents et embauche une cinquantaine d’employés.

    Le Centre des travailleurs et des travailleuses immigrant.e.s de la région du Bas-Saint-Laurent (CTTI), ainsi que six groupes signataires du Bas-Saint-Laurent ont montré leur solidarité envers les employés touchés. Les travailleuses et travailleurs de l’Agence Iris ont été embauchés en vertu d’un permis de travail fermé. Ils ont ensuite été affectés à des entreprises-clientes, dont la Résidence Reine-Antier de Rivière-du-Loup, ce qui n’est pas permis par la loi.

    Selon Dieudonné Nidufasha, l’Agence Iris est toujours en opération et titulaire de deux permis valides émis par la CNESST (agence de recrutement de travailleuses et travailleurs étrangers temporaires et agence de placement de personnel).

    «Ces abus ont mis ces travailleuses et travailleurs dans une situation d’extrême précarité financière. Ces travailleuses et travailleurs se battent encore pour obtenir les salaires impayés, leurs feuilles de paie et leur relevé d’impôts, nécessaires pour leurs démarches d’immigration», souligne le CTTI du Bas-Saint-Laurent.

    D’après l’organisateur communautaire Florian Freuchet, il ne s’agit pas d’un cas isolé. «Cette situation illustre parfaitement les problématiques liées aux agences de placement et de recrutement qui contournent les normes du travail et c’est monnaie courante! La CNESST doit se doter de leviers supplémentaires pour sanctionner les agences de placement et de recrutement frauduleuses. C’est d’ailleurs elle qui émet les permis d’exploitation des agences de recrutement et de placement.»

    M. Freuchet dénonce l’inefficacité des institutions provinciales et fédérales pour protéger les travailleurs migrants face aux abus. Le CTTI demande l’abolition du permis de travail fermé qui expose les travailleuses et travailleurs migrants à des situations d’exploitation.

    En 2025, cinq recours judiciaires totalisant plus de 100 000 $ ont été entrepris par la CNESST contre l’Agence Iris et son propriétaire, Dieudonné Nidufasha. Le président de l’agence Iris confirme avoir fait affaire avec la Résidence Reine-Antier de Rivière-du-Loup depuis l’été 2023. Il affirme avoir payé les employés et il accuse la résidence d’avoir violé ses contrats, en faisant de la sollicitation auprès des travailleurs de son agence. M. Nidufasha est d’avis que la Résidence Reine-Antier a manœuvré auprès de la CNESST afin de recruter ses employés.

    Il est possible de consulter l’enquête du journal Le Devoir publiée les 9 et 10 avril sur ce site web: https://www.ledevoir.com/societe/865975/enquete-residence-aines-jugee-coresponsable-exploitation-travailleurs-etrangers

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