Au revoir « Raisin », bonjour Armand Pelletier
Plusieurs d’entre vous l’auront remarqué, l’itinérant de Rivière-du-Loup, mieux connu sous le nom de « Raisin », n’arpente plus comme à son habitude la rue Lafontaine. À dire vrai, « Raisin » n’est plus.
Après plus de 20 ans, Armand Pelletier émerge de ce brouillard, laissant derrière lui l'itinérant hirsute. Voici donc l’histoire de la résurrection d’un homme qui, par le courage, la bonté, la générosité et l’abnégation d’une femme, a pu retrouver sa dignité.
« À l’automne dernier, des gens sont venus me voir concernant l’itinérant mieux connu sous le nom de « Raisin ». Une dame qui le côtoyait, qui l’aidait m’a demandé s’il y avait moyen de l’héberger quelque part », raconte le maire de Rivière-du-Loup, Michel Morin.
Malgré les essais infructueux des années passées, le maire accepte et remet les clés d’un bloc sanitaire à la dame et, pour la première fois depuis longtemps, Armand Pelletier retrouve un toit chauffé, une adresse où dormir. À ce moment, il ne le sait pas encore, mais sa vie vient de changer à jamais.
Cette dame de cœur est l’ange d’Armand Pelletier. Résidente de Rivière-du-Loup avec son conjoint depuis cinq ans, elle rencontre Armand Pelletier en se rendant à son travail. Au fil du temps, une complicité se crée et cette bonne samaritaine offre de son temps, de son énergie et de ses biens au pauvre homme. « Si j’ai agi comme ça, c’est au nom de ma foi », répond-elle. Si elle songe parfois à emprunter un autre itinéraire, à chaque fois, elle choisi la rue Lafontaine ne serait-ce que pour lui dire « un petit bonjour ».
Devant son témoignage, le maire accepte donc de mettre à sa disposition, pour une période de quatre mois, le bloc sanitaire situé à proximité du poste hydro-électrique des chutes de Rivière-du-Loup. Le 21 décembre 2007, Armand Pelletier se retrouve au chaud. « Je devais m’y rendre le matin et le soir. Je lui avais apporté des lampes, une radio, de la lecture et je sentais qu’il était bien. Après les Fêtes, avec l’accord du maire, nous lui avons remis une clé », raconte-t-elle. Toutefois, elle continue à s’y rendre pour lui porter à manger, effectuer du ménage, mais surtout converser avec l’homme.
Pour Michel Morin, c’est une révélation. « On a toujours entendu dire que c’était son choix d’être dans la rue, que c’était ce qu’il voulait. Mais quand on lui a tendu la clé, il ne l’a pas refusé, il l’a pris. S’il avait la chance d’être au chaud, il choisissait d’être au chaud », raconte le maire de Rivière-du-Loup. À la fin des quatre mois, Armand admet à sa bienfaitrice qu’il se sent faiblir. Il ne veut plus quitter le bloc sanitaire.
L’homme vivait peut-être dans la rue, mais appréciait la bonne chère. « La confiture de cassis, les bières importées, le vin, le suprême de poulet, c’est un homme raffiné. Parfois je lui apportais un plat et il reconnaissait un riz un peu trop cuit, des oignons pas assez frits. De toute façon, c’est tout ce qui lui restait, aimer ou ne pas aimer », raconte celle qui en a pris soin ces dernières années.
« Il me racontait comment il avait froid certaines nuits. Il me disait : « Je hurlais pour faire fuir le froid », il ne dormait que d'un œil, car il craignait de se faire chasser de son endroit », raconte la dame. Elle ajoute que malgré son imposante stature, jamais il ne s’est montré menaçant, agressif ou a même élevé la voix. « C’est un homme qui savait me faire rire. Armand est aussi un homme qui possède beaucoup de connaissances. Il lit tout ce qu’il trouve », ajoute-t-elle.
C’est en compagnie de son conjoint, du maire et d’un autre résident qui est lui aussi venu en aide à M. Pelletier, à de multiples reprises, qu’elle rencontre deux travailleuses sociales du CLSC Rivières et marées de Rivière-du-Loup. Avec son témoignage unique, elle devient requérante et avec l’aide de l’avocate du CLSC, Me Aline Dion, elle obtient l’hospitalisation de M. Pelletier. Une procédure menée rondement puisqu’en moins d’une semaine tout était conclu. Le 20 juin dernier, Armand Pelletier a été conduit au Centre hospitalier régional du Grand-Portage.
L’ange de M. Pelletier se dit aujourd’hui heureuse de le voir sorti de sa misère. « Aujourd’hui, Armand va bien. Ses cheveux sont coupés, sa barbe est rasée, il est sorti de sa misère. Il ne retournera jamais plus dans la rue et même s’il s’ennuie parfois de ses poubelles, il sera toujours encadré », souligne-t-elle. Dans l’éventualité où M. Pelletier retournerait vivre à logement, il serait toujours à la charge du CLSC. La réhabilitation se fait bien, M. Pelletier qui séjourne toujours au CHRGP collabore bien. Il accepte la médicamentation qui lui est prescrite.
« Cet homme-là a retrouvé sa dignité et le gros du crédit revient à cette dame, à cet ange qui s’est penché sur ce pauvre homme. Ce qu’elle a fait là est extraordinaire et le fait de demander à rester anonyme rend son geste encore plus méritoire. Pour moi, cette femme-là est une sainte », souligne Michel Morin. Il ne cache pas avoir été profondément touché par l’humanisme et le dévouement de cette femme. Quant à la principale intéressée, elle répond humblement « Je ne m’attribue pas ces mérites, car il était sur ma route, et puis beaucoup d’autres ont aidé en 20 ans, c’est un travail d’équipe. »
Concernant le rôle joué par le CLSC, M. Morin n’a que de bons mots : « Le CLSC a joué un rôle exceptionnel et déterminant dans les démarches pour obtenir une ordonnance de la cour pour l'évaluation de la santé et les traitements de M. Armand Pelletier. C'était plus que du professionnalisme! »
HIER ET AUJOURD’HUI
Armand Pelletier est né le 1er juillet 1942 à Cabano. Il est fils de cultivateurs. Après avoir travaillé sur la ferme, il s’est ensuite dirigé vers Montréal pour quelques années avant de se retrouver en Ontario et même à Vancouver. Il travaillait principalement dans le domaine de la construction, y effectuant de menus travaux.
Après quelques années, il est revenu ici dans sa région où, la maladie mentale aidant, Armand Pelletier s’est effacé pour peu à peu devenir « Raisin ». Il possède encore de la famille dans la région.
« Aujourd’hui ce que j’aimerais, c’est qu’Armand vienne se promener sur la rue Lafontaine, que les gens le rencontrent, qu’ils le saluent et qu’Armand se rende compte que plus personne ne le fuit », conclut cette femme d’exception. Quand il était plus facile de croire que c’était le vœu de « Raisin » que de vivre dans la rue, elle a pris le temps d’écouter et d’aider. Merci.
NDLR : C’est par respect pour M. Pelletier qu’aucun détail sur sa maladie mentale n’a été donné. C’est aussi à la demande de celle qui s’est occupée de lui pendant toutes ses années, de « son ange », que son nom ne figure pas dans le texte.
108 commentaires
J'ai souvent vu monsieur Pelletier sur la rue, une fois il m'a abordé et demandé d'aller lui acheter une liqueur, je l'ai fait, mais sa saleté me repoussait malgré moi. C'est pourquoi je rends hommage à cette "GRANDE DAME" et à toutes personnes qui ont contribué à sa réhabilitation...
Quel beau dénouement. Bravo.
Tout un trio! Coupures cruelles,fractures pauvres-bien nantis avec la classe moyenne en sandwich et en danger,prévention sul'cul,prisons en hausse,"bons prospects" souventpauvres,OUT! SOS
p
Que dieux vous bénisse
Merci Mme!
Je me baladais avec mes toutes jeunes filles. Je l'ai salué gentiment et on a jasé
puis,il a demandé à mes filles de lui chanter une chanson sur la tribune. Un peu timide, elles chantèrent tout de même. M. Armand et moi avons applaudit nos vedettes.C'était en 1997 environ. Par la suite, je le rencontrais à l'occasion et je lui disais toujours un beau bonjour et je m'informais de lui. Un printemps, il était adossé sur le mur d'un dépanneur et il me dit:Ah! Fille (car il m'appelait toujours ainsi)avec le grand froid de l'hiver dernier, je me suis gelé le cerveau. Ça m'a peiné de le voir ainsi diminué et affaibli.J'ai prié pour lui afin qu'il reçoive les soins nécessaires de la part de personnes généreuses car, de mon côté, j'avais beaucoup de responsabilités familiale. Une autre fois, il était assis sur un banc sur la rue Lafontaine face aux Allées du centre ville et c'était une journée très chaude de juillet. Je m'arrête avec ma grande fille pour jaser puis, il nous demande d'aller lui acheter du chocolat chez Jean Coutu car l'accès lui est refusé. Nous exécutons la joyeuse tâche qui nous est confiée avec la joie au coeur de rendre cet homme heureux. Il nous raconte ensuite son voyage à Vancouver, ouvre son manteau et nous dit qu'il a perdu son petit album de photos souvenir. J'aurais tant aimé lui en procurer un autre...Est-ce de la négligence de ma part? Pardonnez-moi M. Pelletier. Ensuite, j'ai su qu'une dame s'occupait de M. Pelletier.Et cette dame je la connais et oui c'est un Ange de grande charité. Les Anges ça existe! Ils ont toujours été très présents dans ma vie.
Alors, je vous salut bien M. Armand car c'est bien votre nom. Avec tout mon respect, signé Fille
Un petit rien pour nous , fait beaucoup pour la personne souffrante.
Faut donner au suivant...
Chère Madame vous êtes d'une générosité et d'une humanité sans borne et cela ne court pas les rues en ces jours ou le moi et l'argent prône. Vous avez toute ma gratitude...-:)
la seule personne qui s'assoyait avec lui à la table de cuisine ou dans la balançoire. J'attendais qu'il m'adresse la parole mais une journée ça a été moi qui lui ai adressé la parole et m'a répondu. Je suis bien contente d'entendre ça aujourd'hui qu'il est aussi bien. Cet homme avais besoin d'aide extérieure et l'a enfin trouvé. Je ne peux que dire que de grande félicitations à cette dame.
Il y a encore de très bonnes gens de ce monde, des Anges..
Madame, vous méritez des Félicitations et je suis sûr qu'un jour, vous en aurez la récompense et le merci de votre protégé.. Et pour les autres intervenants qui vous ont assisté au bien-être de ce Monsieur.
Vive les gens du Bas du Fleuve..ils sont plein de cœur..D'ailleurs je suis originaire de ce comté de Rivière-du-Loup. BRAVO!
bravo Madame et mr Pelletier je suis fière de vous deux
He suis vraiement contente pour lui et merci pour la perseverance de cet ange.
Je vous nommerai Ange de la Lafontaine
Bravo ce Mr Pelletier qui à bien voulu accepter l'aide de cette ange.
Bravo bravo de la belle acte que vous avez fait .
Sur cette terre il n'y a pas assez d'âme charitable comme vous et vous en serrer récompenser !!!
Et bonne chance à M. Pelletier