Le lac Baker aux prises avec des éclosions d’algues bleues
Des éclosions d’algues bleues (cyanobactéries) ont fait leur apparition dans les eaux de lac Baker, en août et en septembre. Des substances verdâtres, ressemblant à un potage au brocoli ou une tache de peinture, pouvaient être vues à l’oeil nu à plusieurs endroits. Il s’y dégageait aussi une odeur nauséabonde.
Des tests scientifiques ont confirmé la présence abondante d’algues bleues dans ces zones, qui se trouvent tant du côté du Nouveau-Brunswick que du Québec. Les analyses ont démontré qu’elles présentaient un risque minime pour la santé, mais qu’elles auraient pu le devenir. « Il existe plusieurs types de cyanobactéries. Celui qui a été détecté a un potentiel pour devenir toxique », a précisé la présidente du comité pour l’environnement des lacs Baker, Caron et Unique, Jeanne d’Arc Cyr.
Les échantillons ont été étudiés au laboratoire du ministère de l’Environnement du Québec, puisqu’il est impossible de le faire au Nouveau-Brunswick pour le moment.
Un taux de phosphore anormalement élevé dans les eaux, de même que les températures chaudes et la petite taille du lac sont les principaux facteurs qui ont contribué à l’apparition des algues indésirables.
La situation est revenue à la normale. Cependant un regroupement d’intervenants, soit le comité pour l’environnement des lacs, la municipalité de Lac-Baker et la Société d’aménagement de la rivière Madawaska et du lac Témiscoutata (SARMLT), lance un appel aux riverains. « Il faut se réveiller avant qu’il ne soit trop tard. Une prochaine fois, les cyanobactéries pourraient s’avérer toxiques. Et si nous ne faisons rien, notre lac pourrait devenir complètement vert », a soutenu madame Cyr.
Combattre le phosphore
Les intervenants ont souligné que les activités humaines se trouvent au coeur du problème. Ce sont elles qui sont responsables de la trop forte concentration de phosphore qui se retrouve dans les eaux, un facteur qui contribue à l’accroissement de cyanobactéries dans lac. C’est que, comme l’a mentionné le directeur de la SARMLT, Normand Morin, les phosphates nourrissent les algues bleues.
Les riverains sont donc appelés à agir concrètement afin de réviser leurs habitudes de vie. « L’utilisation de produits nettoyants et de certains engrais, l’évacuation inadéquate des eaux usées et le dégagement des rives contribuent directement à la hausse du taux de phosphore dans le lac », a spécifié monsieur Morin.
La municipalité de Lac Baker entend présenter sous peu un plan d’action à ses citoyens pour sauvegarder la qualité de leur environnement. Pour l’instant, elle leur demande de se conformer à la loi sur l’évacuation des eaux usées, en utilisant des fosses septiques et des champs d’épuration adéquats.
Selon le maire Jean-Marc Nadeau, entre 20% et 30% des quelque 300 habitations riveraines du lac Baker possèdent encore des systèmes d’égout inadéquats. « Il y a des gens qui « flush » directement leurs eaux usées dans le lac, là où se baignent et où s’approvisionnent en eau potable leurs voisins », a-t-il déploré.
La municipalité demande également d’éviter de dégager les rivages. « Au contraire, les gens devraient reboiser les rives en utilisant des arbustes et en évitant de construire des quais le long du lac. Cette pratique permettrait d’éviter l’érosion lors des pluies abondantes », a ajouté le maire.
« Il faut que les gens comprennent qu’il est possible d’habiter près de l’eau sans nécessairement demeurer dans le lac. Et que s’ils ne font rien pour diminuer les phosphates, un jour, le lac sera contaminé et leur propriété ne vaudra plus rien », a lancé Jeanne d’Arc Cyr.
Le lac Baker mesure huit kilomètres de long et sa largeur moyenne est d’un demi kilomètre. On y retrouve environ 300 résidences riveraines, dont une centaine habitées en permanence.
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