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Un gars, une fille... à l’École La Croisée

durée 6 novembre 2008 | 12h28
  • Lundi matin. Ils sont 54 élèves à écouter les consignes de leurs enseignants. Retour sur un test, puis brève présentation de la matière qui sera approfondie au courant de l’avant-midi. Alors que l’enseignante présente le contenu, son collègue circule dans les allées pour répondre aux questions. Les élèves se mettent par la suite au travail, une partie du groupe dans la classe et l’autre dans un espace aménagé à quelques pas du hall d’entrée de l’école primaire La Croisée II. On installe rapidement les tables et les chaises. En moins de deux, les élèves ont débuté l’activité. Chacun est à son affaire.

    Pour Raphaël, William, Julia et Brendon, avoir deux enseignants, un gars et une fille, comme ils aiment le répéter, qui d’autant plus s’entendent à merveille, est un plus. Ils se sentent plus écoutés, davantage compris, mieux encadrés. Le co-enseignement favorise les échanges et surtout le travail en équipe.

    « Moi, je trouve cela génial. J’ai tout le temps hâte à lundi. J’ai l’impression de connaître beaucoup plus de monde. On travaille en équipe tout le temps et, chaque semaine, avec une personne différente. Je me suis fait plein d’amis », de dire d’un trait Raphaël. « On réalise plein de projets. On apprend à être davantage autonome. Cela nous prépare vraiment bien pour le secondaire », d’ajouter Julia. « Il existe vraiment une belle complicité entre nos deux enseignants. Le climat est super », d’enchaîner Brendon. « Les élèves qui ont des problèmes de comportement s’intègrent mieux. Ils pensent davantage à travailler », de conclure William.

    C’est en août dernier que les deux enseignants de l’École La Croisée de Rivière-du-Loup, Guilaine Rossignol et Gino Fournier, ont décidé de regrouper leur classe de cinquième et de sixième années, autrement dit de travailler en équipe, de faire du co-enseignement (« team-teaching »). Ils ont opté pour cette approche afin de mieux répondre aux besoins des élèves. Cette façon de procéder permet une composition plus flexible des groupes d’apprentissage. Entre autres choses, elle favorise l’encadrement. Elle facilite aussi l’intégration des élèves avec des difficultés de comportement.

    Pour bien fonctionner, le co-enseignement doit reposer sur une collaboration étroite, une concertation permanente entre les enseignants.

    « Nous nous connaissons bien. Au cours des dernières années, nous avons travaillé sur différents dossiers dont l’expo-sciences. Nous avons toujours beaucoup de plaisir à collaborer ensemble. Vu que nos horaires étaient semblables à 80 %, nous nous sommes rapidement mis d’accord sur l’idée de travailler en équipe, d’unir nos forces afin d’offrir un meilleur support, notamment aux élèves qui avaient des problèmes de comportement. La direction tout comme la commission scolaire nous ont appuyés dans notre démarche », de préciser Mme Rossignol et M. Fournier d’une seule voix.

    Après quelques mois de travail collaboratif, les deux enseignants brossent un bilan positif.

    « Le « team-teaching » comporte de nombreux avantages. Il évite les pertes de temps en classe. Il est beaucoup plus simple de résoudre un problème sans déranger le groupe. Il est aussi possible d’intervenir plus rapidement pour aider un élève. Cette approche encourage la prise en charge ; elle évite, de plus, l’exclusion. Plus la famille est grande, plus il faut se responsabiliser, plus il faut se serrer les coudes et travailler en équipe. Les élèves se sentent davantage en sécurité. Le fait de vivre quotidiennement avec des enseignants de sexe différent crée une dynamique particulière, favorise un équilibre. »

    Le co-enseignement se traduit, par ailleurs, par une charge de travail moins importante.

    « Nous partageons les tâches. Il est beaucoup plus facile de résoudre un problème à deux. De plus, si l’un d’entre nous se sent indisposé à cause d’un problème de santé tel que la grippe, l’autre peut prendre le relais. Souvent, les élèves ne se rendent compte de rien. »

    Des inconvénients?

    Après quelques minutes de réflexion, les enseignants n’en voient aucun, si ce n’est qu’ils aimeraient avoir plus de temps libre pour échanger, planifier les interventions, etc.

    Pour Mme Rossignol et M. Fournier, les parents jouent un rôle important dans la démarche. Ceux-ci doivent être partie prenante du projet dès le départ.

    « En début d’année, certains parents avaient des appréhensions, ce qui est tout à fait normal. Lors de la rencontre de parents, nous avons pris le temps de bien expliquer ce qu’est le « team-teaching ». Nous avons présenté notre façon de procéder, le type d’encadrement que nous voulions privilégier. Rapidement, nous avons eu des commentaires positifs, notamment dans l’agenda. Des parents nous ont dit que leur enfant avait complètement changé, qu’il était devenu plus responsable, qu’il avait plus de facilité à se structurer. »

    Chose certaine, ces deux enseignants qui affirment vivre leur plus belle année d’enseignement partagent une vision commune de l’éducation.

    commentairesCommentaires

    1

    • HL
      Hubert Labelle
      temps Il y a 16 ans
      Ce qui ne transparaît pas à travers cette fabuleuse réforme, ce sont troubles d'apprentissanges qui,trop souvent, ne sont détectés que tardivement. Mon fils de 12 ans est en 1re secondaire. Il reçoit quotidiennement, en privé, des services intensifs d'orthopédagogie puisqu'il a un niveau de lecture et de composition d'un élève de 4e année! Malgré nos nombreuses interventions au cours du parcours primaire, les pseudo-pédagogues nous répétait: ne vous inquiétez pas, il n'est pas en échec, c'est un excellent co-équipier. L'école secondaire n'offre aucun service puisqu'il n'est pas en échec... Et vous voulez que j'applaudisse ce genre de projet scolaire...désolé mais je suis pas rassuré pour l'avenir de nos enfants!
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